Un véhicule électrique de la poste française. © Belga

La voiture électrique, une mauvaise affaire ?

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Le véhicule électrique a du mal à convaincre : il serait trop polluant, trop cher, trop gourmand. Ce qui n’empêche pas les gouvernements régionaux de maintenir leur soutien à cette technologie.

Malgré le fiasco de la dernière législature – la Région wallonne a soutenu financièrement les communes dans l’achat de véhicules électriques, aujourd’hui en rade -, et le manque cruel d’infrastructures (à peine 20 bornes de recharge), l’entité fédérée n’y a pas renoncé. Sa dernière déclaration de politique régionale exprime son souhait de favoriser cette technologie, en particulier pour les transports en commun et l’administration. Pareil dans la feuille de route de la Région de Bruxelles-Capitale.

Pourtant la voiture électrique souffrirait de trop de handicaps pour se substituer à terme au moteur thermique.

Les coûts : le retour sur investissement est long. Jean-Charles Jacquemin, professeur à l’Université de Namur, membre notamment du groupe de recherche interdisciplinaire en développement durable, a comparé les coûts d’un véhicule électrique et de son homologue thermique. Compte tenu du prix d’achat actuel d’un modèle électrique (deux fois plus cher qu’un thermique), des prix de l’électricité (1,50 euro les 150 kilomètres) et du carburant (qui n’augmentent plus depuis deux ans), le bilan est favorable à l’électrique à partir de 20 000 kilomètres par an. Pour rentabiliser l’achat, les fonctionnaires de la Région wallonne et de la Région bruxelloise ont donc intérêt à rouler beaucoup…

L’impact écologique : il est nettement supérieur à celui de la fabrication d’un véhicule thermique ! En cause : l’extraction des métaux qui composent la batterie. Par ailleurs, en Belgique, en se basant sur la provenance de notre mix énergétique, pour faire rouler une telle voiture, on pourrait recourir à 50 % au « nucléaire », 33 % au « gaz », 7 % au charbon et au pétrole et… 10 % à l’énergie renouvelable, puisque l’on ignore la source énergétique utilisée pour recharger son véhicule. Pis : si vous rechargez votre véhicule avec de l’électricité qui provient d’une centrale au gaz ou à charbon, il perd tout son intérêt. L’équation écologique se renverse même au profit du véhicule diesel ou essence. Enfin, la seconde vie des batteries au lithium soulève également des questions. Bien que celles-ci puissent être recyclées, ce n’est pas le cas en raison du coût et de la complexité de l’opération.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

  • Faut-il réserver le véhicule électrique aux transports en commun ?
  • Pourquoi la voiture électrique, aux moments où l’électricité risque à manquer, pourrait s’improviser source d’énergie pour la maison.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire