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J’étais avec les monarchistes de France, et tout est vrai

Le Vif

Il est des rois que l’on admire, des rois que l’on déteste et des rois que l’on verrait bien présider la France. En témoigne la journée en mémoire de Louis XVI qui, un certain 21 janvier 1793, perdait sa tête, place de la Concorde à Paris.

Organisée chaque année par les différents fanclubs royalistes qui se partagent l’hommage, l’événement vise à célébrer en grande pompe le martyre de Louis et de lui demander, accessoirement, d’intercéder auprès de Dieu pour rétablir la monarchie et sauver la France.

10 heures tapantes, la banderole  » A Louis XVI, mort pour Dieu, la France et son peuple  » est déroulée devant plus de 150 personnes d’allures et d’âges divers. Un type, look gaucho-bobo, siffle entre ses dents :  » Salauds, saloperies d’assassins. Meurtriers, c’est une honte.  » Monsieur pense évidemment aux révolutionnaires,  » ces génocidaires  » ! L’organisateur, le parti politique Alliance royale, écorche tour à tour Rousseau, Darwin et tout cet infâme siècle des Lumières, responsable de la déliquescence de la société. Un abbé, soutane noire et ventre replet, met alors en garde le public contre les cavaliers de l’Apocalypse – les républicains, les protestants et les francs-maçons – avant de se faire voler la vedette par le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme, accompagné d’une petite délégation militaire carliste (1). Avec leurs bérets rouges, leurs drapeaux frappés de la croix de Bourgogne, ils impressionnent. Tremblant sur ses béquilles, Sixte ne manque pas d’écorcher la République et de la baptiser, très élégamment, en espagnol,  » hija de puta « .

La gerbe enfin déposée, il est temps de filer à l’autre bout du jardin des Tuileries, pour la messe célébrée à Saint-Germain-l’Auxerrois. Autre ambiance dans cette église archicomble, peuplée de familles chics et d’enfants en culottes courtes agenouillés près de l’autel. Genre La Vie est un long fleuve tranquille et messe en latin. A l’issue de l’office, certains se prosternent devant le comte de Paris (Henri d’Orléans, descendant et héritier officiel de Louis XVI), lui offrent des cadeaux ou le prennent en photo. Emballée dans un total look de vison noir, une dame s’exclame :  » Il est beau. Un roi comme ça, ça a quand même plus d’allure que ce qu’on a.  » Devant l’église, la suite des festivités s’organise. Pendant que les fans scandent  » Vive le roi ! « , des jeunes de l’Action française (2) en profitent pour inviter les participants à leur traditionnelle marche aux flambeaux, dont le départ a lieu à 16 h 30.

Au départ du cortège, 200 jeunes de moins de 35 ans. Et bien qu’issus de milieux très différents, tous se rejoignent sur un point :  » La République et la démocratie, ça ne marche pas. D’ailleurs, on ne vote pas.  » Ou alors, quand même, pour  » Marine ou Mélenchon « .  » De toute façon, nous, c’est du roi dont nous avons besoin, qu’il restaure les valeurs de notre pays et nous protège « , précise un gars de 27 ans en allumant sa torche. Encadrés par les porteurs de drapeaux, les préposés aux flambeaux amorcent alors le défilé. Et entonnent :  » Gloire, honneur au roi Louis XVI « . Ailleurs, la France n’a d’yeux que pour la course à sa présidence.

(1) Courant conservateur et antilibéral espagnol.

(2) A la fois une école de pensée et un mouvement politique nationaliste et monarchiste d’extrême droite.

Par Marina Laurent.

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