Bientôt des lampes-plantes ? Des chercheurs du MIT se sont inspirés des lucioles pour concevoir de nouveaux luminaires. © reporters

Sera-t-il bientôt possible de s’éclairer à la lumière d’une salade?

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

Se balader à la lueur d’un platane, lire sous la lumière du cresson : au MIT, à Boston, on s’inspire des lucioles, pour faire briller des plantes et les transformer en luminaires.

A l’heure où 20 % de la consommation mondiale en énergie est consacrée à l’éclairage, le Massachusetts Institute of Technology voit dans sa verdure rayonnante une alternative viable aux systèmes énergétiques actuels.

Ce dont il est question ici, c’est donc de lampes vivantes et bioluminescentes. Rien que ça. Concrètement, le MIT a traité des plants de cresson de fontaine afin qu’ils soient capables d’absorber une solution de nanoprotéines dans laquelle on trouve de la luciférase, l’enzyme qui fait briller les lucioles, en agissant sur une molécule nommée luciférine.

Ce système d’absorption a permis au cresson traité de luire (doucement) pendant quatre heures. C’est un premier pas. Aujourd’hui, un seul petit plant de cresson de 10 cm de haut peut déjà donner un millième de la lumière requise pour lire confortablement. S’il vous tarde de dévorer votre bouquin préféré à la lueur des salades, il vous faudra donc vous entourer d’un millier de plants de cresson… ou, plus sagement, d’attendre que les chercheurs aient trouvé le moyen de booster les capacités bioluminescentes des végétaux.

Les ingénieurs ne donnent pas de date. Mais ils se disent optimistes et confiants. Leur idée : optimiser tant et si bien le processus que les lampes-plantes puissent être capables d’éclairer un espace de travail, une maison, ou même une rue, en remplaçant les luminaires par des plantes et des arbres lumineux.

D’après ses concepteurs, la technique est totalement inoffensive et peut être utilisée sur n’importe quel type de végétal. Aucune manipulation génétique n’est requise, pas plus que la moindre impulsion électrique :  » C’est comme une lampe qui n’aurait pas besoin d’être branchée à une prise « , explique le chef d’orchestre de ce projet, l’ingénieur et chimiste Michael Strano.  » La lumière est créée par le métabolisme énergétique de la centrale, autrement dit, par la plante elle-même.  »

Il y a beaucoup de poésie dans cette idée-là. Beaucoup de beauté, aussi. De quoi réenchanter un peu le monde. Plutôt que de marcher dans la nuit éclaboussée de néons et de panneaux publicitaires, on se promènera peut-être, un jour, sous le scintillement des chênes et des châtaigniers.

A terme, les chercheurs entendent mettre au point un système de  » spray  » : il suffirait alors d’asperger (ou de  » peindre « ) les végétaux, avec une solution spéciale, pour qu’ils nous donnent de la lumière. Oui, mais, pendant combien de temps ? Mystère. Pour l’heure, on n’en est pas là, même si les chimistes planchent sur une technologie qui permettrait à la plante de produire de la lumière durant toute son existence. Suspense. En attendant, ce que le MIT sait déjà faire, c’est… éteindre la  » lanterne verte  » grâce à un interrupteur chimique.

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