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Pourquoi ils ont obtenu le prix Nobel de médecine

Shinya Yamanaka et John Gurdon ont reçu le prix Nobel 2012 de médecine. Décryptage de leurs découvertes avec Marc Péchanksi, chercheur à l’Inserm et coordinateur de l’Institut des biothérapies des maladies rares (IBMR).

Pourquoi un prix Nobel à ces deux chercheurs?

John Gurdon a été le premier à élaborer le concept de reprogrammation cellulaire, il y a tout juste 40 ans. Quelque temps après la découverte du rôle de l’ADN dans le génome, il a eu en effet l’intuition que ce « marbre » était façonnable et non pas gravé de façon définitive, en faisant la démonstration que l’ADN était contrôlé par des protéines situées dans le cytoplasme des cellules.

Et pour Shinya Yamanaka?

Ce chercheur japonais a créé des cellules induites à la pluripotence, des sortes « d’OGM cellulaires ». Concrètement, ces dernières ont à la fois la capacité à proliférer de façon illimitée et celle de donner naissance à n’importe quel type de cellules. Il a donc ouvert un champ de découvertes immense.

C’est donc la naissance de la thérapie cellulaire et de la médecine régénératrice?

Oui, à ceci près qu’on savait déjà le faire, mais uniquement grâce à des cellules souches embryonnaires. Avec les travaux de M. Yamanaka, le champ d’application s’est considérablement étendu, et on a pu construire de grandes « banques » de lignées cellulaires qui possèdent un patrimoine génétique spécifique: à partir d’une seule cellule de peau d’un seul donneur, on peut créer des cellules d’os, de pancréas, des neurones. Et les réimplanter sur un malade sans risque de rejet. Ça, c’est sur le papier. Dans la pratique, c’est un peu plus compliqué bien évidemment….

Connaissez-vous Shinya Yamanaka? Nous nous sommes déjà rencontrés à plusieurs reprises, je lui ai d’ailleurs envoyé un mail de félicitations quand j’ai appris la bonne nouvelle. M. Yamanaka a fait un travail exceptionnel sur le plan conceptuel, en identifiant le « cocktail magique » qui donne la reprogrammation. Autre particularité, ce chercheur assez jeune – il a à peine 50 ans – a commencé sa carrière à Osaka, loin de Kyoto ou de Tokyo, les deux plus grandes Universités japonaises. Mais, avec sa petite équipe, il a bossé sur une idée particulière, qu’il a exploitée de façon systématique. Et il a trouvé!

Et John Gurdon? Je l’ai également rencontré. Un homme très vif, plein d’humour. Très « british » de tempérament.

Par Vincent Olivier, L’Express.fr

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