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Mercure, la planète ridée

Stagiaire Le Vif

Les scientifiques viennent de résoudre un paradoxe de plus de quarante ans lié à Mercure, la plus petite planète de notre système solaire qui se replie sur elle-même.

Les premières images de cette planète au paysage lunaire ont été rapportées le 29 mars 1974 par la sonde de la NASA Maniner-10. Lors de ce survol, 45 % de sa surface avait été photographié laissant apparaître un sol strié de grandes lignes boursouflées, semblables à des cicatrices en relief. Certaines de ces lignes dépassent les trois kilomètres de hauteur et courent parfois sur des centaines de kilomètres.

Contrairement à la terre, la surface de Mercure n’est pas composée de plaques tectoniques en mouvement, mais d’une plaque unique d’un seul tenant. La théorie de la tectonique des plaques, qui explique le relief terrestre et l’apparition des montagnes, ne pouvait donc pas s’appliquer pour cette planète. Pour expliquer ces cicatrices à la surface de Mercure, les scientifiques se sont donc basés sur un autre modèle qui consiste à voir la planète comme une pomme ratatinée. Le phénomène est le suivant : le rayon de la planète s’amenuise au fil de son refroidissement, sa surface subit donc une compression extrême qui aboutit à ces excroissances linéaires, semblable aux rides d’une pomme un peu trop mûre.

Le paradoxe qui a occupé les scientifiques ces 40 dernières années est né des premières photographies qui avaient été prises par le Mariner-10. Selon ces images, les chercheurs estimaient que la petite planète avait, au cours des 4 derniers milliards d’années, perdu entre 1 et 2 kilomètres de rayon. Or, selon les calculs des géologues et des physiciens, la diminution du rayon devait être beaucoup plus importante. La « photogéologie » n’était donc pas d’accord avec la géophysique.

Pour résoudre le problème, la NASA a envoyé en 2011 une seconde sonde pour prendre des images de la totalité de la surface de Mercure. L’analyse de l’entièreté de la structure, parue ce 16 mars dans la revue Nature Geosience, donne finalement raison à la géophysique. Les images de la première sonde, incomplètes et de moins bonnes qualités ne révélaient pas l’état de contraction du rayon de la planète. Ces nouvelles observations résolvent donc ce décalage historique.

L’étude de la contraction de Mercure devrait à l’avenir servir de modèle pour les éventuelles exoplanètes rocheuses à une seule plaque tectonique.

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