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La paternité tardive mise en cause dans l’autisme et la schizophrénie

Les femmes ne sont plus les seules à être mises en garde contre des naissances à un âge avancé. Troubles autistiques, schizophrénie, malformations congénitales, les hommes âgés peuvent aussi faire courir de sérieux risques à leur descendance.

Selon une étude publiée mercredi dans la revue scientifique britannique Nature, plus les hommes sont âgés au moment de la procréation, plus le génome qu’ils transmettent à leurs enfants comporte de mutations spontanées, dont certaines passent pour être impliquées dans les troubles autistiques et la schizophrénie.

Pour chaque année supplémentaire du père à la naissance, environ deux mutations spontanées de plus sont observées chez l’enfant, selon Kari Stefansson, l’un des auteurs de l’étude réalisée sur le génome complet de 78 enfants atteints de troubles autistiques ou de schizophrénie et de leurs deux parents.

Les mutations spontanées (de novo) apparaissent chez un individu alors qu’aucun de ses parents ne les possède dans son patrimoine génétique et surviennent lors de la formation ou de la vie des gamètes d’un des deux parents, le plus souvent chez le père.

Elles ne sont pas néfastes en soi puisqu’elles constituent l’une des principales sources de diversité génétique, moteur de l’évolution. Mais elles peuvent également générer diverses maladies ou malformations congénitales.

Des études épidémiologiques avaient déjà fait état d’un lien statistique entre l’âge du père à la conception et l’augmentation du nombre de cas d’autisme, tandis que d’autres avaient lié ces maladies à certaines mutations génétiques.

Mais l’étude islandaise établit le chaînon manquant : « elle rapproche tous les faits connus jusqu’à présent et les mesure de façon fiable », relève Stanislas Lyonnet, professeur de génétique à l’Université Paris Descartes et chercheur à l’Institut des maladies génétiques Imagine.

Le génome d’un nouveau-né contient en moyenne 60 mutations spontanées, dont 15 « transmises » par la mère et le reste par le père, en fonction de son âge (25 mutations pour un homme de 20 ans et 65 pour un homme de quarante ans), selon l’étude islandaise.

« Nous avons été surpris de découvrir que l’âge du père était extrêmement important », avec 97,1% des nouvelles mutations spontanées dues à l’âge dans un couple attribuables au père, précise M. Stefansson.

Les troubles autistiques qui se traduisent par une interaction sociale anormale et des comportements répétitifs sont en forte augmentation dans la plupart des pays développés.

Au delà de l’autisme et de la schizophrénie, l’âge du père est également soupçonné de jouer un rôle dans certaines malformations osseuses, cardiaques ou rénales, selon le Pr Lyonnet.

L’âge du père à la procréation a baissé au 20è siècle pour atteindre son niveau le plus bas en Islande – comme dans d’autres pays européens – dans les années 1970 et remonter ensuite, aboutissant à une augmentation sensible du nombre des mutations spontanées retrouvées chez les enfants.

L’âge de la mère n’influe pas sur les mutations spontanées, car à la différence des spermatozoïdes qui sont produits pendant toute la vie adulte, les ovules sont présents dans les ovaires dès la naissance.

Mais il joue un rôle dans les anomalies chromosomiques telles que les trisomies, notamment la trisomie 21, qui interviennent notamment par mauvaise répartition des chromosomes lors de la première division cellulaire.

Levif.be avec Belga

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