Cette expérience a rendu des bases d'orientation à des rats aveugles et pourrait permettre de voir plus loin. © iStockPhoto

Des rats aveugles s’orientent grâce à une boussole connectée

Stagiaire Le Vif

Des scientifiques japonais ont implanté sur des rats aveugles une boussole connectée. Les résultats ont révélé qu’ils avaient retrouvé leur sens de l’orientation et arrivaient à distinguer le nord du sud.

Certains animaux grâce à leur perception du champ magnétique terrestre ont un sens de l’orientation inné comme les chauves-souris. Ce n’est pas le cas des rats et c’est tout l’objet de la recherche. Après avoir volontairement rendu un groupe de rongeurs aveugles, les chercheurs de l’université de Tokyo ont implanté une boussole connectée dans leurs cerveaux. Grâce au champ géomagnétique, le rat, même aveugle, peut distinguer où se trouvent le nord et le sud. Selon l’orientation de la tête de l’animal, la boussole émet un signal dans la partie droite, pour le Nord, ou gauche du cortex visuel pour le Sud.

Pour vérifier le fonctionnement du système, les rats ont été placés dans un labyrinthe avec deux chemins, dont un menait à de la nourriture. Après quelques passages de découverte, le rat « normal » retrouve son chemin dans 8 cas sur 10 alors que le rat aveugle n’y parvient qu’une fois sur deux. Lorsque l’on dote le rat aveugle de la boussole, son ratio remonte à 80 % soit l’équivalent d’un rat normal. Pour valider définitivement les résultats, les chercheurs ont orienté le labyrinthe une première fois vers le nord puis une seconde fois vers le sud.

Des cellules pour permettre l’orientation

Le système a donc permis aux rats aveugles de trouver une capacité sensorielle inédite: s’orienter grâce à la distinction entre le nord et le sud en passant par le champ magnétique terrestre. Cette compétence était jusqu’alors réservée à certains oiseaux ou animaux marins. Ce sont les cellules-grillage, dont disposent les rats dans leur cerveau, qui ont permis à toute la chaîne de fonctionner. Elles permettent de s’appuyer sur des images d’un environnement et de les mémoriser pour mieux se déplacer dans la zone en question.

En 2013, des chercheurs américains ont supposé l’existence de ces mêmes cellules chez l’Homme. C’est un jeu vidéo qui a permis de confirmer cette hypothèse: les participants devaient s’orienter vers des objets visibles puis retourner au même endroit lorsqu’ils étaient invisibles.

Une application sur l’humain ?

L’homme étant doté d’une structure neuronale très proche de celle du rat, l’application de cette technique à des personnes aveugles parait très probable. Cela permettrait d’améliorer leur vie quotidienne dans un futur assez proche.

Mais ce n’est pas tout. Les chercheurs ont ainsi pu tester le cerveau et sa plasticité neuronale. Il s’agit en fait de sa capacité à retrouver l’usage de certains de ses sens après un accident par exemple. C’est grâce à elle que peut s’expliquer la faculté d’apprendre à faire du vélo ou d’avoir des souvenirs. Grâce à des implants comme c’est le cas pour les rats, cette plasticité pourrait même développer de nouvelles capacités pour compenser un handicap ou une maladie neurodégénérative comme Parkinson.

Par Camille Ledun

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