Solein : une poudre nourrissante qui pourrait peut-être contribuer à la lutte contre la faim dans le monde. © SOLAR FOOD/DR

Solein, de la nourriture tombée du ciel

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

Du CO2, de l’eau et de l’énergie solaire pour obtenir une poudre protéinée nourrissante, évoquant la farine de blé. Ce procédé révolutionnaire, inspiré d’une technologie imaginée par la Nasa il y a une cinquantaine d’années déjà, vient d’être mis au point par la société finlandaise Solar Foods.

Mais il fait déjà saliver les labos de production de viandes alternatives. Mieux que la manne miraculeuse que mangèrent les Hébreux lors de l’Exode, voilà une poudre nourrissante qui tombe presque littéralement du ciel. Dès 2021, cette similifarine, nommée Solein, pourrait déjà faire son apparition dans les rayons des magasins de Finlande, vraisemblablement d’abord sous forme de boissons ou de crèmes protéinées.

Dans les années 1960 et 1970, l’agence spatiale américaine avait imaginé un cycle vertueux à base de carbone, dans l’optique de sustenter les astronautes lors de futurs longs voyages interstellaires. Ainsi, munis de quelques sachets de graines, ils feraient pousser indéfiniment des légumes comestibles dans des écosystèmes artificiels, avec le concours de bactéries hydrogénotrophes – des microbes gloutons, très avides du C02 issu de leur respiration. Ces recherches prometteuses n’ont cependant pas été menés à terme par les scientifiques de la Nasa. Mais plusieurs labos privés ont repris ces travaux inachevés et planché sur ce fameux  » cycle vertueux  » à base de carbone. Comme les hydrogénotrophes sont capables de transformer du CO2 en acides aminés qui, à leur tour, peuvent engendrer des protéines végétales, pourquoi ne pas peaufiner ce procédé pour un usage terrestre ? A certains égards, la planète présente des similitudes avec un vaisseau spatial : les ressources y sont limitées et trouver des moyens de recycler le CO2, l’un des gaz à effet de serre, est une priorité.

Les travaux finlandais, démarrés en 2018, pourraient presque évoquer ceux du Dr. Frankenstein, imaginé par Mary Shelley en 1818. Ici aussi, l’électricité serait utilisée pour donner vie à un projet fou : déconnecter la production alimentaire de la chaîne agricole. Mais là s’arrête la ressemblance. Le Solein est composé pour moitié de protéines, le reliquat d’hydrates de carbone et de gras. Il serait donc idéal pour produire de la viande alternative. Celle qui est proposée aujourd’hui dépend en effet principalement de la production de soja. A ce titre, et au vu de sa popularité croissante, elle représente déjà un enjeu environnemental sensible.

S’il était rendu public, ce procédé pourrait être décliné d’innombrables façons, permettant autant un usage domestique qu’humanitaire, chacun pouvant dès lors produire ses propres protéines alimentaires. Utile en cas de catastrophe industrielle ou sanitaire, comme lors une pandémie… A grande échelle, on pourrait également envisager d’y recourir pour lutter contre la famine, dans certaines régions désertiques du globe, en y installant des usines à protéines solaires.

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