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Le beau geste de Jérémie Renier : « Faire découvrir ce qui me fait du bien à mes proches »

Jérémie Renier, 38 ans, comédien. A l’affiche de Frankie d’Ira Sachs, en compétition au dernier festival de Cannes.

Qu’est-ce qu’un beau geste ?

Avant tout un élan dicté par notre instinct qui – même s’il ne produit rien – reste beau par sa spontanéité.

Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?

C’est souvent à travers des actes que je pose en faveur des autres que je me fais du bien à moi-même. Je ne suis pas Jésus non plus, mais j’aime partager et faire découvrir ce qui me fait du bien à mes proches. Sinon, la chose qui me fait sans doute le plus de bien est de me  » laisser du temps  » au lieu de le  » remplir  » constamment comme je le faisais avant.

Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?

En tant qu’acteur, avec chacun de mes partenaires, j’essaie de toujours rester vigilant car quand on vit intensément son propre personnage, le risque de perdre le contact avec l’autre est grand. Je fais aussi très attention à écouter les membres de ma famille, ne pas me contenter de les entendre, surtout mes enfants.

Et pour la société ?

L’école de mon fils m’avait demandé de venir parler de mon métier. C’était drôle car sa classe n’en avait rien à faire… Je me suis rendu compte à quel point il est difficile pour des profs de faire apprendre des choses à des élèves. Depuis, j’y retourne chaque année.

Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez pas ?

Je n’ai pas envie d’entrer dans le jeu des personnes qui me critiquent ou me dénigrent. En revanche, les propos injustes me rendent fou et, là, je me défends, soit par un humour pince-sans-rire qui flirte avec le propos cinglant, soit en renvoyant à ces individus leur propre connerie au visage, car il est des choses que je refuse de laisser passer.

Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous réconcilie avec la nature humaine ?

Un jour, à Dakar, je retirais des billets dans une banque quand un ado qui n’avait plus de bras ni de jambes me demande de l’argent. Je n’avais pas de monnaie et il me dit avec un grand sourire :  » C’est pas grave.  » Ça m’a bouleversé, comme cette fois où j’étais dans un bidonville pour un tournage et que je découvrais des gosses qui, malgré l’extrême pauvreté et la crasse, s’entraidaient et se soutenaient les uns les autres.

Quel est l’acte dont vous êtes le plus fier ?

J’ai mis deux de mes petites graines pour faire des enfants.

Quel acte a-t-on posé à votre égard et qui a changé votre vie ?

Le regard que mes parents ont toujours posé sur moi et qui a fait l’homme que je suis devenu. Mon prof de français ensuite qui m’a encouragé à faire du cinéma après que j’ai lu une poésie en classe. Et enfin, le regard des frères Dardenne.

Qui vous inspire ?

Jean d’Ormesson. J’aimais beaucoup sa façon de parler de philosophie et de bonheur sans jamais être professoral. Je resterai toujours admiratif de son côté très enfantin et animé alors qu’il aurait pu être pédant et chiant.

Selon vous, le monde irait mieux si…

On acceptait de ne pas tous être égaux, même si l’égalité est un but, on ne part pas tous avec les mêmes chances au départ. Les choses iraient donc mieux si chacun était plus en accord avec lui-même, in fine, on ferait plus attention à l’autre.

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