Le recherches sur le lycopodium clavatum sont prometteuses. © Reinhard Holzl/getty images

Du pollen pour dépolluer l’eau

Laetitia Theunis Journaliste

Pour ceux qui y sont allergiques, ce sont des ennemis. Mais, outre le fait qu’il sont indispensables à la survie de l’espèce humaine, les pollens pourraient se muer en alliés pour décontaminer les eaux usées.

Pesticides, engrais, résidus de médicaments et autres nettoyants ménagers, les stations d’épuration peinent à venir à bout des multiples familles de polluants. Des chercheurs de l’université de Hull, au Royaume-Uni, explorent dès lors une nouvelle piste : des grains de pollen pourraient jouer le rôle de microscopiques éponges à substances toxiques.

Les grains de pollen du lycopodium clavatum, une plante apparentée à la famille des mousses et des fougères, plus connue sous le nom de pied-de-loup, ont été passés au crible par l’équipe du professeur Andrew Boa. A l’état naturel, chacune de ces entités microscopiques contient du matériel génétique à l’intérieur d’une coque dure, recouverte d’une couche externe de cire et de protéines. Les chercheurs ont observé que certains composés chimiques avaient tendance à se coller sur cette enveloppe.  » Cette viscosité peut être utilisée pour capturer des polluants « , ont-ils conclu.

En apportant des modifications à la surface des grains de pollen, il serait même possible de cibler certains polluants. Par exemple, le phosphate, responsable de l’eutrophisation des rivières, phénomène provoquant une prolifération des végétaux dans l’eau, donc un appauvrissement en oxygène. Pour capturer le phosphate présent dans de nombreux engrais, de l’oxyde de fer est déposé à la surface du pollen. Une réaction s’ensuit, formant un phosphate de fer insoluble, emprisonné sur le grain.  » Le pollen étudié est capable d’éliminer presque tout le phosphate présent dans les échantillons d’eau, mais aussi près de 80 % de plusieurs autres polluants « , assurent les universitaires britanniques.

Le recours à cette innovation nécessitera toutefois une approche au cas par cas.  » Les logements possédant une fosse septique, les hôpitaux et maisons de repos aux eaux usées chargées en produits pharmaceutiques ou encore les stations d’épuration municipales desservant une ville entière ont des exigences de décontamination différentes « , commente le professeur Andrew Boa. Grâce à des coûts de processus maintenus volontairement bas, il espère, d’ici peu, mettre en oeuvre et commercialiser la technologie. En parallèle, ses collaborateurs ont commencé à investiguer la biodisponibilité des polluants capturés par les grains. Ces derniers pourraient devenir de nouvelles mines à exploiter pour en retirer métaux et autres composants clés.

Enfin, les experts assurent que la culture de lycopodium clavatum à des fins de dépollution ne risque en aucun cas de concurrencer les cultures vivrières pour l’accès aux terres arables, la plante se contentant de sols pauvres. Et que celles et ceux qui souffrent des pollens soient rassurés : les chercheurs sont capables de les débarrasser de leurs composés allergènes, par hydrolyse.

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