Salah Abdeslam
Salah Abdeslam © Belga

Salah Abdeslam: « Bien sûr j’ai de l’humanité »

Salah Abdeslam s’est exprimé devant la cour d’assises de Bruxelles, qui juge les attentats du 22 mars 2016, après le témoignage d’un expert psychiatre français. « Bien sûr j’ai de l’humanité, j’ai fait le bon choix à ce moment-là [en abandonnant la ceinture explosive] », a-t-il déclaré.

Salah Abdeslam a assuré à la cour qu’il avait abandonné sa ceinture explosive le 13 novembre 2015 à Paris, mais aussi qu’il l’avait désamorcée. Pour les procureurs fédéraux, cela n’a pas été établi par la cour d’assises de Paris, mais Salah Abdeslam a insisté, déclarant qu’il avait enlevé l’interrupteur et la pile de la bombe avant de la laisser sur place, pour éviter de blesser des personnes.

   « Bien sûr j’ai de l’humanité, j’ai fait le bon choix à ce moment-là. J’ai été jugé de toute façon. Je voulais dire qu’il y a de l’évolution voilà. J’ai fait preuve de respect à l’égard des victimes, j’ai participé aux débats, j’ai collaboré… Ça montre qu’il y a de l’évolution, seul un aveugle dirait le contraire », a déclaré l’accusé.

   « J’essaie de construire un avenir malgré le calvaire que j’ai subi en France [soit une incarcération en régime strict], et malgré toutes ces choses que j’ai sur les épaules et avec lesquelles je dois vivre. J’ai perdu un frère, j’ai ma famille qui est détruite, j’ai un avenir incertain, mais j’essaie de me battre, de rester vivant », a-t-il encore dit.

   Un peu plus tôt, le docteur Daniel Zaguri, l’un des experts psychiatres qui a rencontré Salah Abdeslam en novembre 2021 à Paris, a expliqué qu’il ressortait de cet entretien que l’accusé « oscillait entre protestation d’humanité et revendication d’un engagement déterminé, entre des postures plus authentiques et des postures de surenchère ». Selon le médecin, l’intéressé se disait « pas insensible à la souffrance des victimes », mais en même temps il « récusait toute idée de violence gratuite », expliquant les victimes des attentats comme les représentants d’un État à combattre.

   Allant plus loin, le psychiatre a avancé que « le sujet continue de tenir le même discours [radical], mais avec moins de véhémence. Il n’y croit plus tout à fait lui-même, mais il ne peut pas prendre le risque du doute ». Il a ajouté que Salah Abdeslam « est un homme-système comme tous les sujets radicalisés, mais en même temps on sent que ça se lézarde, on entrevoit une légère faillite du système« .

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