On en parle?

Le Vif

Écouter le joueur de pipeau

Oui, comme l’affirme Annabelle Pena, «la peur pervertit les perceptions humaines et asservit les esprits» (Le Vif du 9 juin). L’intranquillité permanente et sourde envahit les ressentiments et le comportement des parents. Les enfants, depuis toujours, épongent les émotions de leurs parents sans qu’aucune commande leur ait été faite en ce sens. Distraire les parents des émois pénibles qui les habitent est caractéristique. Bon nombre de jeunes produisent ainsi des comportements qui distraient les parents des inquiétudes, angoisses qu’ils transpirent. […] Les milieux professionnels spécialisés du soin ont constaté que de nombreux adolescents, à la suite des confinements, ont «fugué» en eux-mêmes. Refuge dans l’esprit qui a pu faire penser qu’ils déraillent et les voilà dans les salles d’attente des consultations. Trop d’entre eux ont flirté avec le délire et d’autres avec le suicide. Comme Annabelle Pena, je pense qu’il nous faut faire parler, écouter ces peurs. Comme elle, je n’observe pas que le monde d’hier meurt pour faire place à un monde nouveau, à une société, à des états plus protecteurs. Les consultations pédopsy pourraient bien déborder encore quelques années. Nous n’avons pas écouté le joueur de pipeau, il conduit nos enfants en troupeau en haut des falaises. Les acteurs de santé mentale doivent lire ces symptômes dans le contexte politique particulier des crises. Ils doivent s’ouvrir à la «politique».

Luc Fouarge, par e-mail

Vote à 16 ans

Le politologue Robin Lebrun émet des réserves si l’école ne suit pas dans la formation à la politique des jeunes citoyens (Le Vif du 9 juin). Mais elle suivait… et elle ne suit plus. Elle ne suit plus depuis que l’austérité a succédé à l’euphorie du rénové, ce temps béni où, avec les élèves de sciences sociales (six heures/semaine à l’époque), il était possible de confronter les informations de la presse écrite et parlée, d’en extraire la sensibilité éditoriale, de réaliser des jeux de rôle avec les élèves appelés à appartenir à tel parti et à tel média, de les inviter à des revues de presse hebdomadaires… En un mot, d’aiguiser leur sens critique. Elle ne suit plus… et la démocratie part en quenouille. Le droit de vote à 16 ans? Un cataplasme inutile quand l’école n’est plus appelée en renfort.

Jean-Luc Lefèvre, Jambes

Abattage rituel

Doit-on vous féliciter, Mesdames et Messieurs les députés bruxellois, pour le remarquable navet politique que vous nous avez offert lors du vote contre l’interdiction de l’abattage rituel? On peut difficilement faire plus lamentable que ce grand jeu de chaises musicales pour tordre la démocratie dans le seul but de racolage particratique. Les socialistes, dont le fondement originel a été la lutte contre l’emprise religieuse, deviennent les affidés de fait des Frères musulmans en abandonnant lâchement les athées et laïcs de ce même monde musulman. Les écolos, soucieux, paraît-il, du bien-être animal, se battent pour que l’on continue à égorger des animaux vivants sans vergogne et sans autres raisons qu’ électorales et pour faire perdurer un prescrit religieux archaïque à mille lieues de nos valeurs. Et vous voudriez que l’on s’intéresse encore à vous et à vos magouilles nauséabondes qui font ravaler toute conviction citoyenne à ceux qui, parmi vous, auraient l’audace d’y rester fidèles? Que nous reste-t-il sinon de devoir s’abstenir de voter pour vous et votre clique d’obligés en attendant qu’un jour, inévitable hélas, un extrémiste populiste quelque peu présentable et dont vous faites consciencieusement le lit ne vous renvoie, comme chez nos voisins, dans les oubliettes de l’histoire? Ce jour-là, nous saurons garder nos larmes pour nous.

Philippe Leclerc, par e-mail

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