Dans un Cameroun déchiré, les performeurs dansent la rage de vivre et l’espoir des possibles. © Max Mbakop

Le Festival de Liège met le monde sur scène

Le Vif

Le Festival de Liège, «festival qui interroge le présent» depuis plus de vingt ans, déploie en ce début d’année sa programmation libre, audacieuse et internationale. Jean-Louis Colinet, son directeur, en livre les temps forts et lignes directrices.

Il est 10 heures, au Chili, quand il répond à notre appel. Jean Louis Colinet y est pour un festival de théâtre, forcément. Le Santiago, à Mil. Il y saisit l’âme des scènes d’Amérique latine, ce théâtre qui «n’est pas un théâtre de démonstration d’un savoir-faire, mais un théâtre simple, brut, humain, fort». Un théâtre – et un festival – qui invitait Joël Pommerat, Fabrice Murgia et Jaco Van Dormael, habitués et amis des scènes belges. Signe d’une porosité à l’international, voulue aussi par Jean-Louis Colinet pour son festival de Liège.

Pour preuve, cette année encore, l’événement liégeois fait le grand écart, invitant Brésil, Chine, Irlande, Grèce… et Belgique sur le plateau du Manège Fonck, au cœur de la Cité Ardente. «Si on peut penser qu’un chorégraphe camerounais et une danseuse chinoise sont très différents, ils questionnent pourtant le monde de la même façon», nous assure, vindicatif, le directeur. Et de poursuivre sur l’essence de sa programmation: «L’important, pour moi, est de présenter des spectacles qui n’exigent pas de connaissances précises, mais qui, au final, font débat. De proposer le théâtre à un public le plus large possible, et qui soit accessible, aussi et avant tout, financièrement (NDLR: les places avoisinent les dix euros)

Cette année encore, le festival fait le grand écart, invitant Brésil, Chine, Irlande, Grèce… et Belgique sur le plateau du Manège Fonck.

Tournez, le monde

On pourra croiser une artiste brésilienne qui lie sexualité et maternité (Stabat Mater, de Janaina Leite, spectacle interdit aux moins de 18 ans), une danseuse chinoise qui interroge les luttes féministes (I Am 60, Wen Hui), un chorégraphe camerounais qui fait vivre et danser ses morts (Shadow Survivors, Zora Snake, en ouverture du festival). Joël Pommerat, longtemps absent des scènes belges, reviendra avec Amours (2), spectacle issu d’un travail qu’il a mené avec des détenus de la prison centrale d’Arles et qui lui a réappris la nécessité de la création, du jeu, du mot, du théâtre. Fabrice Murgia présentera, à Liège, cette ville qui l’a vu naître au théâtre, son Dies blancs. L’incroyable Flesh (Compagnie Still Life) continuera à hurler sans mots les maux des liens entre humains. Quant à la jeune Belge Céline Beigbeder, elle présentera, avec Tervuren, un travail de mémoire, corrosif et questionnant, sur l’héritage de la colonisation. Une pièce accompagnée, selon le vœu de l’artiste, par des rencontres avec le CADTM, le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes.

Tous ces spectacles, et d’autres, seront proposés dans «ce que les non-Liégeois ne peuvent pas comprendre tout de suite», souligne Jean-Louis Colinet. Soit un esprit libre, festif, engagé, qui se prolonge bien après le dernier applaudissement. Le festival propose d’ailleurs une journée d’étude, trois présentations de projets en cours, et de nombreux concerts et afterparties. Allons-y!

Festival de Liège, à Liège, du 27 janvier au 18 février.

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