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foie gras © Getty

La Wallonie ne semble pas prête d’interdire le gavage des oies

La pétition pour l’interdiction du gavage des oies et des canards en Wallonie – qui a obtenu 6.650 signatures, ce qui en fait la pétition la plus signée depuis la modernisation de ce droit au sud du pays – était au centre des débats, mardi après-midi, en commission Environnement du parlement régional. Michel Vandenbosch, le président de GAIA, y a été auditionné en l’absence de la ministre Tellier, retenue par une activité royale.

Dans leur texte, les pétitionnaires – GAIA mais aussi l’Union wallonne pour la Protection des Animaux (UWPA) et la Fédération des Refuges francophones agréés pour Chevaux et Animaux de ferme (Frefacaf) – appellent concrètement à l’interdiction du gavage moyennant une période transitoire et à la mise en place de mesures de soutien dans le but de faciliter la reconversion des producteurs vers d’autres activités professionnelles.

   Au terme de l’audition de ce mardi, la commission aura deux mois pour établir un rapport reprenant ses travaux et la réponse apportée aux auteurs de la pétition. Une chose est claire: elle n’ira pas dans le sens d’une interdiction.

   « C’est une production qui n’est pas nécessaire et qui n’est pas souhaitable. Mais une interdiction pure et simple, c’est trop simpliste et contraire à l’objectif de réduire les souffrances animales« , a estimé la députée Ecolo Anne Kelleter. « La Belgique reste une grosse consommatrice de foie gras et si 7 Wallons sur 10 veulent interdire le gavage selon un sondage, 7 Wallons sur 10 en mangent. Il ne faut pas être prof de math pour voir que ça ne colle pas », a-t-elle ajouté.

   « Il faut regarder la réalité: la consommation de foie gras, même si elle diminue, est toujours d’actualité. Si on interdit la production ici, on déplacera le problème vers des pays où les normes seront moins strictes. Au-delà du symbole fort, ça déplacera le problème de la souffrance animale vers des pays où cette souffrance est pire« , a pointé la députée écologiste.

   « Les demandes formulées dans la pétition conduiraient à ce que l’on s’attaque frontalement aux sept producteurs artisanaux de Wallonie », a de son côté réagi Philippe Dodrimont (MR). « Votre combat devrait être réajusté et tenir compte des pratiques qui sont réellement en cours ici. Si le gavage était interdit en Wallonie, on ne consommerait pas moins de foie gras et on ne résoudrait rien. Si l’on veut améliorer le bien-être des animaux, il faut encourager l’artisanat dans le secteur plutôt que de l’interdire. »

   Enfin, pour les Engagés, Julien Matagne a dit « espérer poursuivre le dialogue par une visite de travail auprès d’un producteur de foie gras wallon« . Celle-ci devrait avoir lieu prochainement.

   Selon des chiffres de GAIA, quelque 210,3 tonnes de foie gras ont été consommées en Belgique en 2022, en baisse de 23,7% par rapport à l’année précédente. À l’heure actuelle, seuls cinq États membres de l’Union européenne en produisent encore: la France, l’Espagne, la Bulgarie, la Hongrie et la Belgique (Wallonie).

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