Toby Alderweireld et les Diables, c'est fini © BELGA

Toby Alderweireld, itinéraire discret d’un maître défensif

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Le défenseur de l’Antwerp prend sa retraite internationale, avec 127 sélections dans les valises. Il était l’un des rares experts en art défensif de la nouvelle Belgique.

Rien ne résume mieux la carrière internationale de Toby Alderweireld que ses débuts. Au printemps 2009, alors qu’une averse de forfaits frappe les fenêtres du sélectionneur intérimaire Frank Vercauteren, le roi du centre banane doit fouiller dans tous les recoins d’Europe pour emmener une sélection suffisamment nombreuse au Japon, théâtre de la peu attirante Kirin Cup. Frankie trouve Ritchie Kitoko en Espagne, Radja Nainggolan en Italie, emmène des anonymes des pelouses belges comme Joachim Mununga et Kevin Roelandts dans ses valises, et offre aussi une première cap anonyme à Toby Alderweireld. Près de quatorze ans et 127 piges sous la tunique diabolique plus tard, le défenseur range sa carrière internationale au placard. Une armoire sans trophée, mais avec des accomplissements trop souvent restés dans l’ombre du charisme de Vincent Kompany d’abord, d’une équipe tournée vers ses offensifs ensuite.

Sans la flamboyance des courses et des tacles de Vince The Prince, dépourvu du sens du but de son alter ego de toujours Jan Vertonghen, Toby Alderweireld a brillé autrement. Sa longue passe, claquée vers le dos de la défense adverse, est devenue sa marque de fabrique en même temps qu’une arme pour ses couleurs. Au Qatar, où il était l’un des seuls à prester au niveau attendu, c’est en envoyant le ballon siffler dans le ciel désertique qu’il a offert à Michy Batshuayi le seul but belge du tournoi, pendant qu’Hazard cherchait sa forme et De Bruyne sa motivation. Un ballon qui ravive les souvenirs du brillant été 2018, quand il avait permis à Eden Hazard de regarder le gardien tunisien dans les yeux au bout de l’un de ces fameux ballons catapultés après un coup d’œil dans la longue-vue. L’image d’Alderweireld restera sans doute celle-là. Un pied qui pousse le ballon, un œil qui scrute l’horizon, un bruit pur qui signale l’envol d’une courbe tracée au compas.

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Alderweireld et l’école des défenseurs

D’abord sur le côté droit du quatre arrière de Leekens, Advocaat ou Wilmots, brièvement défenseur central lors d’un EURO 2016 qui avait vu éclore Thomas Meunier pour le replacer à un poste où il brillait alors de l’autre côté de la Manche, Toby s’est finalement établi sur le côté droit de la défense à trois, chère à Roberto Martinez. C’est là qu’on a admiré sa relance puis déploré sa perte de vitesse, au propre plus qu’au figuré. Parce que de retour dans l’axe, mieux protégé des ailiers supersoniques, Alderweireld a encore prouvé qu’il était le meilleur défenseur belge en activité lors de l’automne désertique. Rares auront été ceux qui auront affiché une telle lecture des mouvements adverses pour intervenir sans jamais donner l’impression de faire un miracle. Malheureusement pour sa postérité, les meilleurs défenseurs ne sont pas toujours les plus télégéniques.

Formé à l’école de l’Ajax Amsterdam, celle où les défenseurs sont avant tout les premiers attaquants, l’Anversois a complété sa palette en Espagne, lors d’un stage défensif d’une saison sous les ordres pointus de Diego Simeone. « À l’Atlético, j’ai appris à défendre », concède d’ailleurs le Diable en septembre 2016. « C’était une question de détails, il fallait être impitoyable, gagner tous les duels, être intelligent. » Loin d’être un monstre athlétique, Alderweireld défend avec la tête. Au sens figuré, cette fois. Il s’occupe des espaces plus que des duels, ferme les portes des surnombres adverses grâce à son placement, et boucle ses quatre premières années à Tottenham à une moyenne exceptionnelle de neuf fautes commises par saison. Les meilleurs défenseurs disent que le tacle est une forme d’échec, et Toby s’inscrit dans cette lignée.

Quand le temps le rapproche de son but, Alderweireld dispute plus de duels, doit faire parler un peu plus les muscles et l’expérience. Souvent avec succès, toujours avec discrétion. Sans oublier de dégainer, de temps à autre, l’une de ces passes qui n’appartiennent qu’à une infime catégorie de défenseurs dans le monde. Un talent dont on a rarement pris la mesure de la précision. Au propre, comme au figuré.

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