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Les chiffres de Felice Mazzu sont-ils les plus mauvais de l’histoire d’Anderlecht ?

Après la nouvelle défaite d’Anderlecht dans le Clasico contre le Standard, Felice Mazzu semble toujours plus proche de la sortie. Le bilan de l’ancien entraîneur à succès de Charleroi et de l’Union n’est pas bon du tout, mais est-il réellement le plus mauvais d’un technicien à la tête du Sporting ? Analyse.

Anderlecht a touché le fond ce dimanche soir à Sclessin. Il a même permis au Standard de réaliser une première cette saison. Chaque fois que les Rouches avaient été menés au score, ils avaient perdu. Cette fois, l’ouverture du score rapide signée Yari Verschaeren n’aura rien changé à une issue qui semblait courue d’avance. Une prestation collective à nouveau médiocre, des supporters qui provoquent l’arrêt du match, d’autres incidents dans et en-dehors du stade, des joueurs menacés et une communication tardive et succincte sur la situation. Anderlecht n’a pas été à la hauteur de sa grande et prestigieuse histoire et ce 23 octobre 2022 est certainement le dimanche noir d’un octobre dans le rouge dans le grand livre mauve.

Forcément, dans pareille situation, l’entraîneur est souvent le premier visé et la victime expiatoire. Mais si Felice Mazzu fera plus que probablement les frais de cette situation sportive catastrophique, il faudra que la direction bruxelloise se regarde aussi sérieusement dans le miroir. N’est-ce pas le président Wouter Vandenhaute, bien silencieux depuis trop longtemps, qui a choisi de pousser l’idole locale Vincent Kompany vers la sortie en mai dernier pour nommer celui qui avait été désigné entraîneur de l’année mais dont on savait pertinemment que le style et les idées n’allaient pas forcément coller avec la maison mauve et blanche ?

En 1997 aussi, tout le monde n’était pas vraiment convaincu que René Vandereycken était l’entraîneur idéal pour Anderlecht. Lui aussi venait d’ailleurs d’un voisin bruxellois qui restait sur une belle saison. (Photo by Bongarts/Getty Images) © belga

Des chiffres quasi identiques à ceux de René Vandereycken

Dans sa longue histoire presque centenaire, Anderlecht a connu de nombreux entraîneurs. Si Mazzu présente l’un des plus mauvais bilans, il n’est cependant pas le pire de tous. Toutes compétitions confondues, d’autres techniciens présentent une plus mauvaise balance ou égale à celle de l’ancien guide de l’Union. Ce dimanche, la défaite subie à Sclessin a placé Mazzu dans les traces de René Vandereycken, un autre coach dont on savait à l’avance que le style n’allait pas forcément coller avec les exigences anderlechtoises, malgré un passage plus que réussi comme joueur dans le tricot mauve et blanc. Autre point commun entre les deux hommes, le fait d’être arrivé après avoir réalisé une saison aboutie au sein d’une autre équipe bruxelloise. Vanderyecken avait permis au RWDM de renouer avec le football européen à l’issue de l’exercice 1996-97 et de se qualifier pour la Coupe UEFA.

Felice Mazzu et l’ancien triste sélectionneur de l’équipe nationale ont dirigé Anderlecht pendant plus ou moins le même nombre de rencontres: 22 pour le premier, 20 pour le second. Mazzu compte 10 victoires, 10 revers et 2 partages pour 33 buts marqués et 24 concédés (+9). Vandereycken avait lui aligné 9 succès, 9 défaites et 2 scores de parité pour 32 buts marqués et 28 concédés (+4). Les deux hommes ont donc pris 1,45 point en moyenne. A l’exception d’Hein Vanhaezebrouck qui affiche une moyenne légèrement inférieure (1,44) sur les 62 joutes qu’il a dirigées dans la capitale, aucun des entraîneurs qui les précèdent dans ce peu enviable classement n’a eu droit à plus de 20 matches pour faire ses preuves sur le petit banc du Parc Astrid ou Lotto Park.

Le plus mauvais bilan revient sans discussion à Simon Davies, le Gallois qui avait pris place sur le banc dans la foulée du retour comme joueur de Kompany à Anderlecht. Inexpérimenté à ce niveau, il n’avait pris que 0,60 point en moyenne sur ses cinq rencontres (3 défaites et deux partages en 94 jours). Il est le seul à avoir entraîné Anderlecht et à avoir été renvoyé sans connaître le goût de la victoire.

Car quand on repense aux grands flops dans l’histoire, le nom de l’Allemand Herbert Neumann est celui qui revient directement en tête. Technicien à succès du côté de Vitesse, il avait signé au Parc Astrid lors de l’été 1995 pour reprendre le flambeau d’un Johan Boskamp arrivant en fin de cycle et apporter un football plus moderne à l’ombre de Saint-Guidon. La greffe n’a pas prise et Neumann est resté encore moins longtemps en place que Liz Truss comme première ministre du Royaume-Uni (42 jours contre 44 jours). En quatre rencontres, il a connu trois défaites dont deux en championnat. Il avait cependant remporté la Supercoupe de Belgique contre le FC Bruges pour sa première sur le banc. Il affiche donc un bilan de 0,75 point par duel.

Karim Belhocine présente un bilan d’1 point par match sur les 6 qu’il a dirigés après le renvoi de Vanhaezebrouck (2 victoires, 3 défaites et 3 partages). Il n’était resté que 75 jours en place. Ce fut à peine mieux pour son successeur Fred Rutten avec 1,13 point pris par match (99 jours en place). Le Néerlandais avait remporté 5 succès, connu la défaite à 6 reprises et avait partagé deux fois l’enjeu. Sa balance de buts était négative avec 15 buts marqués en 13 duels et 20 encaissés.

L’Allemand Herbert Neumann reste toujours l’un des plus grands flops sur le banc d’Anderlecht avec 0,75 point pris par match lors de son court mandat de 42 jours.

Mazzu fait à peine mieux que Rutten en championnat

Pour pousser la comparaison avec le bilan de Rutten qui a été obtenu uniquement en championnat belge l’on doit retirer les rencontres européennes de Felice Mazzu. Ces dernières allégeaient son bilan global puisque dans la compétition nationale, le Carolo de naissance n’a pris que 1,14 point par match. A ce titre, un René van der Eycken fait mieux puisqu’il a été licencié d’Anderlecht en présentant un bilan de 17 points sur 39 en championnat (1,31 point par match) alors que Mazzu n’en a obtenu que 16 sur 42. Même constat pour Vanhaezebrouck dont la moyenne monte à 1,78 unité par rencontre si l’on retire les joutes européennes et de coupe nationale.

Evoquons aussi brièvement Norberto Höfling dont le mandat n’a pas dépassé 183 journées. Le technicien roumain venu du FC Bruges avait pris le relais d’Arnold Deraeymaeker à la fin du mois d’octobre 1968 (alors qu’il avait un bilan de 10 points sur 21 recalculé selon les cotations actuelles). Il n’était resté en place que 183 jours avant que Pierre Sinibaldi, l’ancien technicien à succès des mauves n’assure l’interim jusqu’à la fin de la saison. Mais le niveau d’exigence à l’ombre de Saint-Guidon à l’époque était bien plus élevé qu’il ne l’est aujourd’hui. Höfling avait dirigé 19 rencontres dans la compétition belge avec un bilan de 8 victoires, 5 revers et 6 partages, soit 30 points sur 57 (même si à l’époque la victoire n’était qu’à deux points évidemment). Le Roumain avait aussi vu son bilan plombé par les décevants résultats européens, mais sur la scène nationale, il était de 1,57 unité engrangé par rencontre.

Donc le bilan de Felice Mazzu est bien l’un des plus mauvais d’un entraîneur principal si l’on ne tient pas vraiment en compte les intérimaires qui ne peuvent pas vraiment travailler avec une optique à long terme. L’ancien coach à succès de l’Union est même parvenu à approcher des standards catastrophiques de Rutten et ne parlons même pas de son récent bilan d’une seule victoire et de six défaites sur ses dernières sorties. Il devrait être le 4e coach le plus rapidement sacrifié dans la longue histoire du Sporting puisqu’avec 115 jours de présence sur le banc, il n’atteindra probablement pas les 154 de van der Eycken qui le suit dans cette liste à laquelle on n’a jamais envie d’appartenir. Il sera comme on l’a dit en tout cas trop facile d’accabler Felice Mazzu de tous les maux et d’autres responsables devront assumer leurs erreurs.

En tout cas l’ère Mazzu à Anderlecht aura plus ressemblé à un « Truss the process » que le « trust the process » vanté par un Vincent Kompany qui doit probablement ricaner autant qu’il a un pincement au coeur en voyant le champ de ruines qu’est devenu le club qui l’a vu grandir.

Les passages les plus courts des entraîneurs à Anderlecht *

1. Herbert Neumann: 4 matches ! (1995)

2. Martin McLaren: 8 (1946) 

3.Fred Rutten: 12 (2019) 

4. John Kennedy: 14 (1946) 

5. René Vandereycken: 20 (1997) 

6. Felice Mazzu: 22 ? (2022)

6. Norberto Höfling: 22 (1968-1969) 

8. Luka Peruzovic: 26 (1992-1993) 

9. Georges Leekens: 32 (1987-1988) 

8. Claude Leclercq: 32 (1933-1934)

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