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Immobile: « On est prêts pour l’EURO »

Un bon entretien avec Ciro Immobile, meilleur buteur européen et attaquant de la Squadra.

Tu es le troisième Italien à gagner le Soulier d’Or européen après Luca Toni et Francesco Totti. Il fallait bien un joueur de la Lazio dans le palmarès après ceux de la Roma?

CIRO IMMOBILE: Ils ont été tous les deux champions du monde et c’étaient des joueurs fantastiques. Je suis fier de les rejoindre au palmarès.

C’est ta réponse aux critiques qui ne t’ont pas épargné ces dernières années?

IMMOBILE: On peut parler de revanche. Dans le foot, tout le monde connaît ses grands moments. Pour moi, c’était la saison dernière.

« J’ai ramé à la Juve »

A 17 ans, tu as quitté le sud et la région de Naples pour faire ta formation à la Juventus. Ça n’a pas été trop dur?

IMMOBILE: C’était un changement radical entre deux mondes complètement différents. Je rêvais de m’imposer en Serie A, et pour ça, il faut faire des gros sacrifices. J’ai bossé dur. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes talents ont le même rêve mais c’est encore plus difficile à cause du contexte. Je leur conseille de ne rien lâcher. Chacun reçoit un jour l’opportunité de réaliser son rêve.

C’est vrai que ta mère est allée un jour dare-dare à Turin pour te parler parce que tu ne te sentais pas bien?

IMMOBILE: Oui, c’était le jour de mon anniversaire. Elle m’a dit: Qu’est-ce que tu fais ici? Reviens à la maison. Je ne l’ai pas écoutée. Si je l’avais fait, je ne serais pas aujourd’hui où j’en suis.

Audience privée chez le Pape

Tu as grandi dans une famille croyante. Tu l’es toujours?

IMMOBILE: Absolument. Il y a un mois, j’ai été reçu par le Pape en audience privée avec le président de la Lazio. Beaucoup d’émotion.

Tu es à la Lazio depuis 2016 mais avant ça, tu as connu huit clubs en huit ans. Pourquoi tu ne bouges plus?

IMMOBILE: Parce qu’on se plaît bien à Rome. Et puis on construit un beau projet sportif avec notre entraîneur, Simone Inzaghi.

Tu marches dans les traces d’un autre buteur légendaire du club, Miroslav Klose.

IMMOBILE: Au début, ça n’a pas été simple parce que Klose était une idole ici. Même chose à Dortmund où je suis arrivé derrière Robert Lewandowski.

Ça n’a pas trop bien marché pour toi à Dortmund.

IMMOBILE: Mais ça n’a pas non plus été si mauvais qu’on l’a dit. J’ai beaucoup appris en Allemagne et en Espagne. Connaître des expériences dans d’autres cultures, c’est enrichissant, sur le plan du foot et humain.

Avec Klopp, Tuchel, Zeman

Tu as côtoyé des profils de coaches intéressants. Qu’est-ce que tu as appris de Jürgen Klopp, par exemple?

IMMOBILE: Le fighting spirit. Quand il te parlait, tu comprenais que tu devais te battre sur chaque ballon.

Et de Thomas Tuchel?

IMMOBILE: Il se préoccupait des plus petits détails, il me faisait penser aux entraîneurs italiens.

Et de Zdenek Zeman?

IMMOBILE: Attaquer, attaquer, attaquer, c’était son credo. Il m’a permis de gagner mon premier trophée individuel, le prix du meilleur buteur de Serie B avec Pescara alors qu’il y avait aussi Lorenzo Insigne et Marco Verratti dans l’équipe.

Qu’est-ce que tu penses de la génération actuelle en équipe nationale?

IMMOBILE: Ne pas aller à la Coupe du Monde 2018, ça a été une des périodes les plus compliquées de ma carrière. Mais entre-temps, ça marche de manière fantastique avec Roberto Mancini. Les résultats le prouvent. On est prêts pour l’EURO.

Des clubs dans le dur

Sur la scène européenne, les équipes italiennes ne jouent plus un rôle en vue. Il n’y a plus un seul représentant en quarts de finale de la Ligue des Champions et il ne reste que l’AS Rome en Europa League. Une Roma qui ne tient pas non plus la forme de sa vie et n’a pas réussi à battre un adversaire du top cette saison en championnat.

Dans un Sport Foot Magazine tout récent, Arrigo Sacchi, ex-coach légendaire de la Squadra, a mis le doigt là où ça fait mal. Il signale que pendant la période où la Juventus a tout gagné au pays avec de la grinta, une défense solide et quelques éclairs devant, aucun club italien n’a remporté de trophée continental.

Aujourd’hui, les Italiens qui attendent des succès à l’échelle internationale sont contraints de supporter l’équipe nationale de Roberto Mancini. Il impose un jeu moderne. De l’enthousiasme, un foot tourné vers l’avant, avec l’apport de jeunes talents, une équipe qui ose jouer haut et exercer un pressing tout devant. Ce que peu d’équipes du championnat consentent à faire.

Quand l’Italie a conquis son dernier titre mondial, en 2006, la Serie A était en plein chaos suite au scandale impliquant la Juventus. Les internationaux avaient été capables de transformer ces difficultés en énergie positive. Aujourd’hui, on a l’impression que l’EURO vient un peu tôt pour une moitié d’internationaux qui feront leurs débuts dans un grand tournoi. Mais ça devrait être la meilleure préparation possible en vue du Mondial 2022.

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