Noa Lang est dépité : Bruges n'est pas parvenu à marquer à Westerlo © BELGA

Deila, Paintsil et un Bruges sans 9 : les leçons du week-end de Pro League

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Retour tactique en trois temps sur l’avant-dernier week-end de la phase classique de la Jupiler Pro League.

En bas de tableau, Ostende est la grande victime d’un week-end animé. Les Côtiers rejoignent la garnison des équipes déjà fixées sur leur sort au terme de la phase classique de la Pro League, avec une relégation officielle après une lourde défaite face à OHL. Les Louvanistes, eux, font partie d’un wagon de quatre équipes encore en lutte pour un dernier billet dans le top 8, en compagnie du Cercle, de Charleroi et d’Anderlecht.

De lutte, il est encore question pour le troisième siège de relégable, Eupen ayant été balayé par un Zulte Waregem relancé, mais aussi pour la dernière place dans le top 4, toujours convoitée par Gand, Bruges et le Standard à nonante minutes du verdict. Vainqueurs de Charleroi, les Rouches sont l’un de nos focus du week-end, en compagnie d’un Genk revigoré et d’un Bruges qui piétine face au but.

Le double changement de Deila

Un coach qui mène au score a souvent tendance à ne pas changer ce qui fonctionne. Ronny Deila sentait sans doute que le marquoir devenait trompeur, face à un Charleroi menaçant pendant la première heure de jeu sur la pelouse de Sclessin. Certes, Noah Ohio avait profité d’un mauvais alignement défensif de Joris Kayembe et du manque de vitesse de Damien Marcq pour croquer la profondeur et faire trembler les filets, mais le Standard ne semblait pas pour autant dérouler le plan prévu par son coach.

Monté au jeu à la place d’Ohio, Renaud Emond a tiré trois fois au but en trente minutes – BELGA PHOTO BRUNO FAHY

Pour menacer une défense zébrée fébrile dans l’espace et inverser le rapport de forces, l’entraîneur norvégien a donc piégé Felice Mazzù avec son changement préféré : le deuxième attaquant pour faire reculer l’adversaire. Stipe Perica et Renaud Emond ont débarqué de concert sur le terrain, sans le même démarrage qu’Ohio mais avec un danger exponentiel : quatre tirs, tous cadrés, en une demi-heure, contre seulement deux lors de l’heure précédente. À chaque fois, c’est un jeu vertical vers les attaquants qui a fait mouche. Une sortie salutaire de Koffi devant Perica, un tir écrasé d’Emond en face-à-face dans la foulée, un corner gagné par le même Emond à la base du 2-0, puis encore un tir du Phénix sur Koffi avant son but dans les arrêts de jeu.

En face, Charleroi n’a plus eu que le magnifique but de Ken Nkuba à se mettre sous la dent, malgré la montée au jeu de Stulic pour tenter de passer en puissance. Le Serbe s’est écrasé sur une défense rouche bien plus solide que son homologue carolo pour résister aux charges adverses.

Paintsil et la zone faible des Mauves

Imperméable depuis six matches, Bart Verbruggen s’est retourné à cinq reprises vers les filets de la Cegeka Arena. Souvent, au terme d’une action où les pieds de Joseph Paintsil sont intervenus, confirmant le statut d’arme majeure occupé par le Ghanéen dans les plans de Wouter Vrancken. Le compteur de l’ailier affiche désormais 14 buts et 13 passes décisives cette saison, grâce à ses deux buts et sa passe décisive face à un Anderlecht aux abois défensivement. De quoi en faire l’un des joueurs les plus décisifs de Pro League.

Joseph Paintsil a fait danser la défense d’Anderlecht – BELGA PHOTO JOHAN EYCKENS

Habituellement, Joseph Paintsil touche une moyenne de 4,9 ballons dans la surface adverse par match. Contre Anderlecht, il en a joué douze. Le résultat d’un jeu bien rôdé durant toute la saison, et amplifié par les profils du côté gauche de la défense du Sporting.

Si Jan Vertonghen brille par son expérience depuis son retour au pays, son manque de mobilité reste une limite connue de tous. Un handicap potentiel, aussi, quand il doit couvrir en largeur l’espace laissé par le jeune Moussa N’Diaye, précieux avec le ballon mais parfois éteint en perte de balle. La brèche est évidente, et Joseph Paintsil n’a cessé d’y plonger dès que la possession de son milieu de terrain mettait à mal le pressing bruxellois, appuyant sans cesse là où ça faisait très mal. Anderlecht a souffert et rompu sur sa gauche, finissant même par laisser Preciado déborder dans le couloir puis offrir un but à Bilal El Khannouss par crainte d’ouvrir l’espace entre Vertonghen et N’Diaye. Une faille qui coûte de précieux points dans la course au top 8.;

Bruges, meilleure boîte d’allumettes sans incendie de Pro League

Avec l’installation de Rik De Mil sur le banc de touche, le Club a retrouvé un équilibre. Une moyenne de 2,38 expected goals créés par rencontre, contre seulement 0,87 concédé, qui doit permettre de remporter la plupart des matches de façon confortable. Cela aurait probablement dû être le cas au Kuipje, quitté avec 3,39 xG mais sans le moindre but inscrit. Si Bruges assure à nouveau derrière, c’est dans la surface adverse que la machine s’enraye.

Pourtant, la boîte d’allumettes de Rik De Mil est bien remplie. Inusable, prêt à mettre le feu une dizaine de fois par mi-temps, Noa Lang est l’un des meilleurs joueurs du championnat ces dernières semaines, mais ni les banderilles incessantes du feu follet batave, ni le pied gauche incandescent de Skov Olsen n’ont réussi à enflammer le marquoir campinois.

S’il agaçait ses coéquipiers par son absence dans le jeu de combinaisons et son inexistence dans le travail défensif, ce Bruges-là aurait besoin d’un Bas Dost. D’un joueur qui transforme en but les innombrables ballons qui traversent les surfaces de Pro League. Roman Yaremchuk devait être celui-là, mais son passage en Venise du Nord prend de plus en plus des airs de fiasco. Précieux dans l’association et le jeu en triangles, Ferran Jutgla est un magnifique joueur, mais pas un buteur. Le résultat, c’est un Club qui n’encaisse plus, s’est créé 11,92 expected goals en cinq matches, mais n’a marqué que sept fois. Trop peu, sans doute, pour sauver la saison avec une place dans le top 4.

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