Loïc Lapoussin et Karel Geraerts sont deux des clés de la saison de l'Union © BELGA

Comment l’Union a évolué en un an

Il y a douze mois, l’Union faisait une croix définitive sur le titre après une double confrontation face à Bruges. Aujourd’hui elle parait plus armée que jamais. Analyse de l’évolution Saint-Gilloise.


Un noyau plus fourni


“Certains joueurs mériteraient plus de temps de jeu.” C’est l’une des phrases régulièrement citées par Karel Geraerts, le coach de l’Union, au moment du débrief de fin de partie dans la modeste salle de presse du Stade Joseph Marien, située au pied de la Tribune Ouest. Alors que Felice Mazzù ne comptait réellement que sur 14-15 joueurs la saison passée pour faire battre le coeur de son système, Karel Geraerts possède cette année un noyau bien plus fourni dans tous les compartiments du jeu, l’obligeant à faire des choix. Si certains peuvent être déçus, leur niveau de jeu n’en pâtit pas dans une équipe où près de 25 têtes paraissent à 100 % concentrées.

L’un des meilleurs points de comparaison repose sur la difficulté qu’a eue Mazzù à trouver un remplaçant aux deux attaquants qu’étaient Deniz Undav et Dante Vanzeir notamment lors de la longue suspension du second cité. Ni Alex Millan ni Felipe Avenatti n’ont su avoir le rendement du duo magique, contrairement à cette saison où seul Victor Boniface fait office d’indiscutable sur le front de l’attaque. A côté du colosse nigérian, Gustaf Nilsson, Simon Adingra et Yorbe Vertessen ont déjà tous ramené des points même si le jeune Ivoirien part avec une longueur d’avance sur les dernières semaines.

Même si Geraerts n’aime pas le terme “d’équipe-type”, le coach flandrien a vu se dégager un onze titulaire naturel bien solide, qui peut être modifié à tous moments sans que cela n’ait trop d’incidence sur le niveau de performance des Bruxellois. Derrière, Ismaël Kandouss est bien suppléé au besoin par Ross Sykes et Koki Machida s’est avéré toujours aussi fiable lorsque Siebe Van Der Heyden a besoin de souffler. Au milieu, le niveau atteint par Teddy Teuma le rend indispensable. Cameron Puertas et Oussama El Azzouzi auraient pu également revendiquer davantage de temps de jeu si Senne Lynen ou Lazare Amani n’étaient pas devenus aussi importants pour l’équipe.

Victor Boniface est le seul incontournable du secteur offensif de l’Union (BELGA PHOTO – DAVID PINTENS)

Une Union plus équilibrée

La progression de Kaoru Mitoma cette saison à Brighton est impressionnante. Le Japonais fait aujourd’hui partie des meilleurs ailiers de Premier League, placé dans un 4-2-3-1 taillé sur mesure pour ses dribbles et ses inspirations dans le dernier tiers adverse. A l’Union, Mitoma était plutôt positionné comme piston gauche dans le système de Mazzù où sa vitesse et ses percées balle au pied en partant de plus loin ont également pu être dévastatrices. Par contre, le repli défensif ne faisait pas toujours partie des réflexes naturels du Japonais, notamment dans la dernière ligne droite du championnat. Loïc Lapoussin est plus sobre à ce niveau-là et ses déplacements intérieurs en possession de balle amènent une supériorité intéressante au milieu.

Un autre facteur important réside dans le départ de Casper Nielsen vers Bruges, remplacé numériquement par Senne Lynen dans le rôle de numéro 6. Le Danois aimait souvent sentir la douce odeur des filets adverses, pouvant parfois déséquilibrer l’équipe là où l’Anversois possède moins de pensées offensives que son prédécesseur et amène davantage d’équilibre sur les transitions défensives. La saison passée, les individualités de Vanzeir et Undav ont inscrit à eux seuls 40 des 83 buts des Bruxellois, soit près de la moitié. Cette année, le danger peut provenir de partout, et même du banc, où les entrants de Geraerts ont déjà fait parler la poudre à neuf reprises en championnat (contre seulement 6 la saison dernière).

Une variété offensive qui sonne comme l’arme la plus menaçante aux abords de la surface adverse. Pour ce faire, l’ancien adjoint de Mazzù peut compter sur plusieurs cartouches, bien aiguisées par une concurrence agissant comme un barillet de pistolet. Ainsi, certaines individualités parviennent à tirer leurs marrons du feu, à l’image de Teuma, déjà auteur d’un cocktail explosif flambé par 14 buts et 17 assists toutes compétitions confondues, assurant déjà de griller cette saison comme la plus fumante de sa carrière.

La patte Geraerts

Avec une addition finale de 83 buts, soit une belle moyenne de plus de deux buts par matches, le système Mazzù pose des bases solides, en finissant meilleure attaque et meilleure défense de l’élite. Un plan de jeu qui bouffait chaque espace laissé libre par les adversaires lors des transitions offensives où les courses diagonales de Vanzeir and co ont lié tout un Parc Duden à la course au titre.

Mais lorsqu’on leur demande, les joueurs unionistes sont unanimes : la patte de Geraerts sur l’équipe, c’est la possession. Une flèche qui avait parfois du mal à s’accrocher à l’arc du coach carolo, notamment en fin de phase régulière où les Saint-Gillois ont laissé filer de précieux points lorsque les adversaires, plus faibles sur papier, laissaient le ballon aux Jaune et Bleu et refermaient les espaces. Les 46,7 % de possession moyenne en championnat la saison dernière démontrent cette tendance à s’éloigner du ballon, tandis que les 51,4 % de possession cette année ont permis de glaner des points même face aux équipes les plus regroupées.

Dans les chiffres, l’Union de Geraerts réussit plus de passes, frappe autant au but que la saison dernière et tente plus de dribbles par matches. Par contre, elle encaisse davantage tout en concédant moins de tirs. En prenant la succession de Mazzù, Geraerts a complété la palette unioniste en y ajoutant sa patte technique et tactique sur des fondations déjà très fiables et a réussi l’un des principes les plus compliqués à atteindre dans le développement d’un club après une bonne saison : la confirmation.

Le capitaine Teddy Teuma veut marquer l’histoire avec ses couleurs (BELGA PHOTO – JOHN THYS)

Cette Union veut marquer l’histoire

Le conte de fées en Pro League dure depuis presque deux ans maintenant. Après l’énorme saison 2021 – 2022 où l’histoire est restée coincée dans les gants de Simon Mignolet, nombreux sont ceux qui prédisaient une rentrée dans les rangs pour l’Union, là où la saison de confirmation s’achève souvent comme celle du retour à la réalité. Pourtant, depuis son intronisation en tant que T1 Karel Geraerts a réussi à faire perdurer la success-story construite d’abord comme bras droit de Felice Mazzù. En plus de la bagarre pour le titre, les Saint-Gillois sont auteurs de parcours en Coupe de Belgique et surtout en Coupe d’Europe très concluants, où l’équipe unioniste a marqué les esprits en enchainant les bons résultats bien que les joueurs devaient lacer leurs crampons tous les 3 jours.

Une série de matches qui n’a pas eu trop d’incidence sur la suite du championnat où les Saint-Gillois n’ont jamais paru exténués du fait de jouer sur trois tableaux grâce à la profondeur d’un noyau bien construit et les rotations effectuées par Geraerts au bon moment. “On fait ce métier pour ça”, nous disait Teuma il y a 3 mois, jamais rassasié de matches.

Une volonté de prendre chaque match à 100 % et de vaincre chaque équipe qui traduit un besoin fondamental de poser, pour chaque joueur, la trace de leur passage au club, durant cette belle période. Avec le capitaine Teuma en premier : “Terminer deuxième c’est bien, mais maintenant il faut qu’on gagne un trophée, sinon on va nous oublier.” Une détermination fréquemment assimilée aux termes d’équipe revancharde qui désire plus que tout remporter un trophée majeur pour l’Union. Un vœu qui pourrait ainsi laisser une marque indélébile de cette équipe unioniste contemporaine, dans un club où le succès rime souvent avec des années antiques.

Par Robin Maroutaëff

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