
Bayern Munich: ce que va changer l’arrivée de Guardiola
Un an après son départ du FC Barcelone, Pep Guardiola revient, sur le banc du Bayern Munich. Un choc entre deux visions du football: la rigueur allemande et le romantisme catalan. Ce mariage est-il viable ?
Certains y voient une union de raison entre le meilleur entraîneur du monde et l’actuelle meilleure équipe d’Europe, d’autres y voient une incompatible association entre deux mondes antinomiques: le mécanique football bavarois et l’onirisme catalan. Quoiqu’il en soit, Pep Guardiola et le Bayern Munich ont uni leurs destins pour les 3 prochaines années, ce lundi. Qu’est-ce qui va changer ?
Pour Pep Guardiola
– Fini les entraînements à huis clos. Adepte des séances tactiques et physiques fermées, le technicien catalan va devoir composer avec la tradition munichoise de supporters assistant aux entraînements des joueurs.
– S’inscrire dans la durée. Pep Guardiola a toujours aimé se protéger et a toujours paraphé des contrats courts, à Barcelone. Au Bayern, son contrat porte sur 3 saisons, à honorer.
– Des dirigeants plus critiques ? Contrairement à Barcelone où le président est élu, par les socios pour 7 ans, le Bayern est géré par ses anciennes gloires (Rummenigge, Uli Hoeness). Le rapport de travail sera forcément différent.
– Un championnat inédit. Passé par Brescia, Barcelone, le Qatar ou le Mexique, l’homme aux 3 Ligues des Champions (1992 comme joueur, 2009 et 2011 comme coach) n’a jamais tâté le football allemand.
– Un plan de jeu à revoir. « Il va venir avec ses trucs. On n’est pas Barcelone, on est le Bayern, il devra faire avec », prévenait Ribéry début juin sur RMC. Le message est clair, Guardiola va devoir composer avec une équipe championne d’Europe et d’Allemagne « en parfait fonctionnement » (dixit le sortant Jupp Heynckes) qui n’entend pas bouleverser son équilibre. Xavi n’est pas là, Iniesta et Messi non plus.
– Une autre mentalité. Si à Barcelone, les socios se rendent au Camp Nou comme on va à l’opéra, à Munich, supporters et dirigeants ne jurent que par les trois points. Jürgen Klinsmann et ses préceptes de jeu n’y ont pas survécu.
– Klopp plutôt que Mourinho. Après avoir goûté au manège médiatique portugais, il va se frotter à l’idéologie Klopp, sorte d’alter-ego à la sauce germanique, comprendre moins classe et plus volubile.
– Le fils de Johan Cruyff. Guardiola incarne le « cryuffisme », cette idée du football total, basé sur le mouvement perpétuel, la conservation du ballon et la passe. A Munich, il débarque dans le fief de Franz Beckenbauer, antithèse du « Hollandais Volant ». Conflit en vue ?
Pour le Bayern Munich – Un staff barcelonais. Guardiola sera le premier espagnol à s’asseoir sur le banc munichois. Pour l’accompagner, il a débauché…ses anciens assistants du Barça. Chargés d’étudier les adversaires en Catalogne, Domènec Torrent et Carles Planchart l’ont déjà rejoint dans le Sud de l’Allemagne.
– Une culture différente. Si Munich a accepté de confier son projet à Pep Guardiola, c’est qu’il a accepté de voir son équipe se transformer. Si la formation emmenée par Franck Ribéry ne devrait pas être dépaysée quant à la rigueur tactique demandée, elle va devoir s’adapter aux standards du catalan: pressing haut, jeu à une touche, construction méticuleuse et utilisation à outrance de la largeur.
– Vers une révolution ? Si le jeu peut changer, les hommes également. Le lent Mario Gomez cherche à partir quand Arjen Robben paraît menacer dans un système où l’individualisme n’a pas sa place. L’atomique Mario Götze a les qualités pour devenir le nouvel Iniesta de Guardiola.
– Les jeunes au coeur. Le Catalan est un formateur. S’il a amené à maturation des joueurs comme Busquets ou Pedro, il a donné sa chance à de nombreux autres: de Bojan à Bartra en passant par Thiago Alcantara. A Munich, son fonctionnement sera le même…la Masia en moins.
Christopher Buet (L’Express)
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