ZVONKO VARGA

On joue la septième minute du temps additionnel du derby entre l’Etoile Rouge et le Partizan Belgrade lorsque le Brésilien Everton décoche une volée désespérée des 20 mètres. Surpris, le gardien de l’Etoile Rouge laisse glisser le ballon entre ses mains telle une savonnette : le Partizan égalise. Dans la tribune, ZvonkoVarga laisse éclater sa joie et nous revoyons sur son visage un sourire identique à celui qu’il affichait lorsqu’il secouait les filets pour le compte du FC Liège.

C’est arrivé à 105 reprises en 175 matches de 1986 à 1997, dont six fois au cours du même match contre le Beerschot, le 14 mai 1989.  » Je me souviens parfaitement de cette rencontre « , dit-il.  » J’avais marqué quatre fois et je me suis dit que c’était assez. Alors, à deux reprises, j’ai voulu donner un assist à NebaMalbasa mais le ballon m’est revenu dans les pieds et j’en ai encore ajouté deux. Je pense que d’autres joueurs ont inscrit six buts au cours d’un même match mais ici, c’était six sur six.  »

Cette année-là, il termina deuxième buteur du championnat, à un but d’EdiKrncevic.  » J’étais devant lui à six semaines de la fin mais je me suis blessé. La semaine avant, j’étais prêt à reprendre mais RobertWaseige avait une règle à laquelle il ne dérogeait jamais : un blessé devait repasser par la réserve. J’ai donc joué une mi-temps en réserves et j’ai été… très mauvais. Mais la semaine suivante, l’entraîneur m’a fait confiance.  »

Plus tard, il allait jouer avec Krncevic mais jamais il n’allait s’entendre aussi bien qu’avec son complice, Neba Malbasa, à qui il téléphone encore toutes les semaines.  » Neba avait tout ce que je n’avais pas, et inversement. Il était puissant, j’étais plus fin. Mais nous avions aussi la chance d’avoir des ailiers exceptionnels comme LucErnes et DannyBoffin pour nous donner des ballons.  »

Les rues de Belgrade grouillent de monde. Même si la situation économique est difficile, la ville respire la joie de la paix retrouvée. Quand on lui fait remarquer que c’est un peu Liège en (beaucoup) plus grand (2 millions d’habitants), Zvonko acquiesce.  » Ma famille et moi avons passé 13 années formidables à Liège. Je n’y suis plus retourné depuis cinq ans et ça me manque. Au début, pourtant, ça n’a pas été facile.

J’ai toujours eu besoin d’un temps d’adaptation. Je me souviens qu’à la mi-temps du deuxième match, Waseige m’avait enguirlandé. En deuxième mi-temps, j’avais réagi et je m’attendais à ce qu’il me félicite mais, quand j’étais allé vers lui, il avait tourné la tête. J’ai ruminé ma colère pendant 24 heures mais j’ai fini par me dire que c’est lui qui avait raison.  »

Rentré à Belgrade peu après la fin de la triste guerre des Balkans, Zvonko Varga a été entraîneur principal de clubs comme OFK et Teleoptika, il a aussi été l’adjoint de DimitriDavidovic en Arabie saoudite mais il a surtout été lié au Partizan Belgrade, son club de coeur (il habite à 500 mètres du stade). Il a été adjoint de LotharMatthäus et entraîneur des Espoirs. Actuellement, il n’y occupe plus aucune fonction mais cela pourrait changer très rapidement.

 » Le football serbe va mal. Des politiciens et des demi-criminels ont pris le pouvoir. Le Partizan avait une dette de 13 millions. Il a vendu des joueurs pour 15 millions mais le passif est à présent de 18 millions. Comment expliquer cela ? J’ai voulu me détacher de tout cela, je suis dans l’opposition mais j’attends impatiemment l’assemblée générale. Si le groupe que je soutiens passe, je reviendrai. J’aimerais entraîner les attaquants, comme SimonTahamata le faisait au Standard.  »

Sa fille Andrea (28) travaille dans la mode à Londres, son fils Sasha (23) joue en D3 espagnole mais il se rétablit d’une déchirure du ligament croisé. A 56 ans, Varga reste passionné par le ballon. La preuve : il y a un an et demi, il a ouvert une école de football, la Skola Fudbala Varga qui accueille 130 enfants de 4 à 14 ans sur des terrains synthétiques couverts.

PAR PATRICE SINTZEN

 » Il y a cinq ans que je ne suis plus revenu à Liège et ça me manque.  » ZVONKO VARGA

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