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Touché aux flancs

L’hiver carolo devait être calme, mais il aura finalement vu trois nouvelles têtes débarquer dans un Pays Noir déserté par ses gauchers.

L’été s’était presque terminé trop tôt pour les Carolos. Animé par le départ avorté pour Anderlecht de Clinton Mata, le mercato zébré avait été rondement mené dans ses premières semaines, avant de bloquer sur deux dossiers précis. Le premier concernait Clément Tainmont, qui avait clairement clamé ses envies de départ en fin de saison dernière, mais n’avait pas trouvé de point de chute avant le 31 août. Quant au second, il concernait le remplaçant de Mata au poste d’arrière droit. Celui qui devait être la doublure de Stergos Marinos n’est jamais arrivé en août, la faute notamment au départ tardif du latéral angolais, qui a contraint Charleroi à laisser passer quelques opportunités.

Le football de Romain Grange rappelle celui de Sotiris Ninis, mais sa mentalité, style Damien Marcq, est à des années-lumière de celle du Grec.

Après quelques mois passés à prier pour que le Grec évite toute blessure, le staff carolo a donc accueilli Anthony D’Alberto. Formé à Anderlecht, et parti pour Braga où il avait notamment fait la connaissance de Nurio Fortuna, le latéral belge est revenu au pays, conscient qu’il ne recevrait sa chance cette saison qu’en cas de coup dur pour un Marinos indéboulonnable. En fin de saison dernière, quand il avait rencontré Mehdi Bayat pour évoquer la suite de sa carrière zébrée, Stergos avait effectivement reçu la garantie qu’il serait le latéral droit numéro un cette année, suite au départ programmé de Mata.

UNE SOLUTION POUR TAINMONT

Tainmont, lui, est parti à Malines. Le dossier semblait voué à se conclure l’été dernier, mais le KaVé ne voulait pas ouvrir les cordons de la bourse pour le gaucher français, tandis que Charleroi ne comptait pas se résoudre à laisser filer son numéro 7 sans contrepartie financière, fût-elle minime. Malgré un intérêt évoqué de certains clubs du nord de la France, Clément était donc resté au Mambour, profitant même des soucis de périostite rencontrés par Amara Baby pour se faire une place occasionnelle dans le onze.

La fin 2017 a été décisive dans la suite de la carrière du Français. Important dans la victoire des Zèbres à Anderlecht, puis buteur contre Genk et Zulte Waregem dans les dernières journées de l’année, le Français a montré à l’ensemble des suiveurs du football belge qu’il était loin d’être cramé. En pleine crise de panique suite à une mauvaise série qui le faisait dangereusement plonger au classement, le Malinwa est donc revenu aux nouvelles, puisque Andy Kawaya n’avait pas vraiment convaincu de sa capacité à arpenter le flanc gauche du KaVé. Avec, cette fois, une offre avoisinant les 400.000 euros, et un contrat de deux saisons et demi. Le genre de deal qui, à 31 ans, ne se refuse que difficilement.

Le remplaçant de CT7 n’a pas tardé à rejoindre le groupe carolo, puisque Romain Grange était déjà présent pour rencontrer ses nouveaux coéquipiers à San Pedro del Pinatar. Venu de Ligue 2 (comme Tainmont à l’époque), où il était considéré comme l’un des hommes en vue du premier tour, le Français a rapidement déposé son C.V. du bout du pied droit, arme de précision massive capable de déposer un ballon n’importe où dans les trente mètres environnants. Très dangereux sur phase arrêtée, mais pas toujours très mobile, il souffre physiquement pour s’adapter à un système Mazzù pas franchement taillé pour ses qualités. Son football rappelle celui de Sotiris Ninis, mais la mentalité – plutôt style Damien Marcq – est à des années-lumière de celle du Grec, qui ne s’était jamais adapté aux réalités quotidiennes du Pays Noir, ne se débarrassant jamais de cette attitude de star qui cadre si peu avec la philosophie de groupe prônée par Mazzù.

DODI EN LAST-MINUTE

Cela devait déjà être tout pour le mercato hivernal des Zèbres. Lors du stage sur la Costa Blanca, Mehdi Bayat se félicitait d’un marché ciblé, améliorant le groupe par petites touches à chaque nouvelle fenêtre de transferts, et bouclé dans les plus brefs délais, histoire de limiter autant que possible les bouleversements de janvier. Le départ d’ Enes Saglik, un temps évoqué par le staff pour offrir une place plus en vue dans le noyau pro au jeune Nathan Rodès, a été rangé aux oubliettes suite à l’excellent stage du Belgo-Turc, tandis que David Pollet n’a jamais reçu d’offre aussi alléchante que celle de finir au Mambour cette saison que Charleroi veut rendre historique.

Dodi Lukebakio a chamboulé les plans zébrés. Après un début de saison en boulet de canon, l’élégant gaucher prêté par Anderlecht s’est rapidement éloigné de la ligne de conduite sportive fixée par Felice Mazzù. Pas toujours impliqué défensivement, le Diablotin s’était déjà offert une sortie médiatique qui avait fait grincer des dents sur le boulevard Zoé Drion suite à sa présence en tribunes contre Saint-Trond. La magie des débuts avait disparu, et un fossé s’est peu à peu créé entre Dodi et une partie du groupe, qui lui reprochait de plus en plus ses excès d’individualisme.

Doublé dans la hiérarchie par Mamadou Fall, Lukebakio a finalement été  » exfiltré  » vers l’Angleterre par son agent Didier Frenay, avec la complicité de Mogi Bayat, lequel a joué les agents de liaison avec Watford. Presque inséparables durant le mois de janvier, où on les a aperçus côte-à-côte dans des restaurants espagnols ou dans les tribunes du Kehrweg, Frenay et Mogi ont trouvé avec Charleroi et Anderlecht une solution qui pouvait satisfaire toutes les parties. Oubliée, l’option d’achat à deux millions d’euros prévue dans le prêt. Lukebakio a été vendu pour 5 millions à Watford, et Charleroi comme Anderlecht ont récupéré 2,2 millions dans l’affaire, le reste étant réparti entre les négociateurs du dossier.

La blessure de Grange et les pépins physiques à répétition de Baby ont rendu indispensable l’acquisition d’un ailier supplémentaire. Le coup de main amical est venu de David Lasaracina, suiveur assidu d’un championnat chypriote où il a plusieurs joueurs de son portefeuille. L’agent, déjà à l’initiative du recrutement de Nurio et de D’Alberto, a glissé à Mehdi Bayat le nom de Willy Semedo, ailier français débarqué dans les divisions inférieures à Chypre voici quelques années, et sensation du début de saison sous les couleurs d’un promu. Le deal, bouclé rapidement (des contacts entre les deux clubs avaient déjà été pris début janvier) aux alentours des 120.000 euros, a mis un terme au marché d’hiver des Carolos.

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