Que des regrets

Elle a annoncé sa retraite immédiate dimanche dernier. Une nouvelle surprise qui souligne la mauvaise gestion de sa carrière. Elle a gagné 34 tournois et plus de 14 millions de dollars, mais…

C’était en juin 2001. La Belgique médiatique et tennistique était en ébullition. Diantre, la demi-finale de Roland Garros opposait deux joueuses belges : Justine Henin et Kim Clijsters. Ce qui voulait dire, Lapalissade, qu’une joueuse du Royaume disputerait la finale. Enfin, la Belgique de la terre battue allait être récompensée de tant d’efforts. L’évolution mise en marche par SandraWasserman et AnnDevries, relayées par SabineAppelmans et DominiqueMonami touchait au sommet : une finale d’un tournoi du Grand Chelem. Mieux : une finale du Grand Chelem préféré des Belges, Roland Garros.

En demi, à quelques jours de son 18e anniversaire, Clijsters allait prendre la mesure de Henin. Et gagner ainsi le droit de défier une ancienne teenager du circuit, une certaine Jennifer Capriati. Face à cette dernière, tout commença on ne peut mieux. Kim prit en effet le premier set avant de mener 4-2 dans le deuxième. On pensait que le plus dur était fait. Oui mais voilà, en tennis, tant que la balle de match n’a pas été conclue victorieusement, tout peut se passer. Capriati, revenante mais expérimentée, réussit à renverser le cours de la rencontre pour finalement s’imposer 12-10 dans la dernière manche…

Cette défaite n’alarma personne. Ni les fans de la Limbourgeoise. Ni son entourage. Ni elle-même. Tout le monde pensait que cette expérience malheureuse serait bénéfique et déboucherait très rapidement sur un succès majeur. Chacun estimait en effet que Clijsters triompherait très vite soit à Paris, soit lors d’une autre levée du Grand Chelem.

Et pourtant, il fallut attendre 2003 pour la voir à nouveau disputer une finale d’un Grand Chelem et… 2005 pour – qu’enfin – elle inscrive son nom au palmarès d’une des quatre épreuves principales du calendrier. Kim prit la mesure de Mary Pierce en deux petits sets à l’US Open. Avec ce succès, qui suivait trois défaites en finale, chacun pensait que Kim allait désormais prendre la mesure de son talent et écrire l’histoire du tennis. On se trompait. Depuis, la fille de l’ex-champion de foot Lei Clijsters n’a plus réussi à se hisser au dernier tour d’un tournoi du Grand Chelem…

Dieu sait pourtant que tout indiquait qu’elle serait une grande championne. In fine, maintenant qu’elle a mis fin à sa carrière professionnelle, force est de reconnaître que Clijsters n’a pas obtenu les résultats que l’on escomptait. Certes, elle a toujours été sympa. Certes encore, elle a régulièrement démontré qu’elle accordait davantage d’importance à la qualité de vie qu’à l’élaboration d’un palmarès d’exception. Certes toujours, elle sera certainement très heureuse en tant qu’épouse (elle se mariera le 14 juillet prochain alors que l’équipe belge de Fed Cup tentera de se maintenir dans le groupe mondial) et devrait alors vivre une vie particulièrement heureuse. Oui mais voilà, si on conserve un £il exclusivement sportif, on a le droit de se montrer un rien déçu. Un rien frustré.

Numéro 1 en 2003

D’autant qu’un an après sa finale perdu à Paris, Kim démontra qu’elle possédait le tennis moderne suffisant pour en remontrer à toutes les championnes de sa génération, les s£urs Williams y compris. En 2002, elle s’imposa au Masters féminin, épreuve considérée à juste titre comme étant la cinquième en importance de la saison. Qui plus est, pour accrocher le titre, elle réussit à battre, de rang, Justine, Venus et, en finale Serena. Là encore, on pouvait penser que le déclic était survenu et que le reste de la carrière de notre compatriote serait parsemé de succès importants.

En 2003, elle se montra d’ailleurs d’une constance impressionnante. Elle joua 21 tournois, en gagna 9, se hissa en demi-finales ou finale de 20 de ces épreuves. Qui plus est, pour la première fois depuis 1974 et Chris Evert, une joueuse disputa plus de 100 matches officiels. Une telle régularité ne pouvait que mener Kim à la première place du classement mondial en simple et en double. On était alors en août 2003 et la Belgique, pour la première fois, dominait le monde du tennis féminin.

Blessures en 2004

Fin 2003, elle défendit avec bonheur son titre au Masters mais 2004 allait marquer le début des gros problèmes physiques. Kim disputa certes la finale de l’Australian Open mais, outre cette performance de choix, elle passa davantage de temps en rééducation que dans un tournoi officiel. Ce qui n’avait rien de réellement étonnant.

Contrairement à Henin, Clijsters ne pratiquait pas un tennis tout en finesse. Physiquement très puissante, elle frappait quasiment toutes les balles derrière le plan de frappe, ce qui occasionne des microlésions lors de chaque coup droit ou chaque revers. Qui plus est, Clijsters n’est pas non plus très fluide en termes de déplacement et, comme elle est souvent en retard, elle compense son mauvais placement en réalisant un grand écart. Qui, s’il est impressionnant et a fait beaucoup couler d’encre, a aussi usé les articulations de la Limbourgeoise. Autrement dit, le tennis de la Limbourgeoise était tellement usant qu’elle a vieilli plus vite que ses collègues. Ce qui explique sa retraite anticipée.

Faible fin

2004 terminé, Kim reviendra plus volontaire que jamais sur le circuit en 2005. Au terme de cette saison parsemée de huit succès, elle réussit à vaincre le signe indien. C’est sur le ciment de l’US Open qu’elle parviendra enfin à saisir un trophée majeur. Lauréate des Internationaux des Etats-Unis, elle aurait pu (dû) libérer le stress qui handicape tous ceux et toutes celles qui n’ont pas encore gagné un majeur. Quelques mois plus tard, elle remonta d’ailleurs à la première position mondiale. Mais il s’agissait d’un feu de paille. Car, au même moment, Clijsters annonça que, fin 2007, elle mettrait un terme définitif à sa carrière de joueuse professionnelle.

Depuis, hélas, elle a multiplié les erreurs. Elle commença à voyager sans coach et ne réussit plus jamais à briller dans les épreuves les plus importantes. Elle désigna même des rendez-vous mineurs comme étant les derniers auxquels elle participerait. Au lieu de Roland Garros, elle avait préféré Varsovie et plutôt que de disputer l’US Open, elle avait opté pour le tournoi de Luxembourg, certes première épreuve qu’elle avait remportée mais malgré tout d’un niveau trop faible pour une joueuse de son niveau.

Ces options étaient tellement surprenantes que Kim elle-même a compris dimanche qu’il valait mieux mettre un terme à cette tournée d’adieu qui tournait en eau de boudin. Et, donc, elle a définitivement remisé sa raquette au placard alors qu’elle est tout de même encore quatrième joueuse mondiale…

par bernard ashed – photo: reuters

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