Pas de sous, pas de dépenses
La semaine dernière, Anderlecht a présenté avec faste le médian espagnol Federico Vico (18 ans), inconnu du grand public. L’international junior transféré de Cordoue, pensionnaire de D2, serait un grand talent. On dirait qu’il faut apaiser les supporters à cor et à cri. Anderlecht subit la crise de plein fouet également et doit attendre que des fonds se libèrent avant de se renforcer vraiment. Sans sous, pas de dépenses. Tous les clubs sont dans la même situation. Waasland-Beveren constitue l’exception, pour l’heure, avec douze nouveaux footballeurs. Le fait que ceux-ci soient majoritairement étrangers démontre que la philosophie n’a pas changé, malgré maintes belles paroles creuses sur la nécessité de faire éclore les jeunes du cru.
Les entraîneurs suscitent plus de remous. Waregem se remet difficilement des chaotiques dernières semaines et doit remettre tout le monde sur la même longueur d’ondes. Quand le nom de Francky Dury a été cité à Lille, le club a annoncé dans un communiqué que le club français souhaitait simplement discuter avec Dury de la formule qui avait apporté tant de succès à Zulte Waregem. Au même moment, l’entraîneur affirmait être bel et bien intéressé par un transfert à Lille. La communication du club avait déjà été défectueuse dans l’affaire concernant un déménagement éventuel au Beerschot.
Même si toutes les parties font de leur mieux pour assurer que tout est rentré dans l’ordre, l’intention de Patrick Decuyper de déménager à Anvers va peser sur le club la saison prochaine. Pour réparer les dégâts, il faudra que le club confirme les résultats obtenus cet exercice mais cela semble quasiment impossible. Francky Dury conserve quelques cicatrices aussi.
Le Standard doit également regagner la confiance générale et surtout mener enfin une politique de continuité. Bien que dix joueurs aient déjà disparu du groupe, le noyau A compte encore 40 footballeurs. Parfois, les clubs de football ressemblent à des sociétés d’import-export.
Le départ de Mircea Rednic et son remplacement par Guy Luzon continue à alimenter la polémique. La semaine dernière, Herman Van Holsbeeck a glissé qu’il aurait déconseillé à Roland Duchâtelet d’annoncer l’arrivée du nouvel entraîneur le lendemain de la victoire 7-0 contre Gand. C’est étrange car c’est Anderlecht qui a opéré un des changements d’entraîneurs les plus bizarres de l’histoire de notre football en 1976, en renvoyant Hans Croon après sa victoire en Coupe de Belgique et en Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupes. Une délégation de joueurs avait frappé à la porte du bureau de Constant Vanden Stock pour demander le maintien en poste de l’entraîneur. Furieux, le président avait répondu qu’ils n’avaient pas à revendiquer quoi que ce soit mais qu’ils pouvaient éventuellement aller nettoyer ses camions. Vanden Stock avait ses raisons : Raymond Goethals avait signé depuis six mois. De même que le Standard et Luzon se sont mis d’accord il y a un moment déjà.
Les hommes d’affaires sont constamment confrontés à la difficulté de déterminer une ligne sportive. Bart Verhaeghe tente une fois de plus d’arracher le titre avec le Club Bruges. L’arrivée de Timmy Simons doit conférer du calme, de la stabilité et de l’ordre à un vestiaire qui a fait preuve de trop de turbulence ces dernières années.
Il y a un an, Simons intéressait Anderlecht mais le FC Nuremberg avait refusé de le libérer. La situation a changé. La semaine dernière, le magazine allemand DerKickera écrit que Simons ne convenait pas au nouveau style de jeu, basé sur une relance rapide de l’arrière, que le FC Nuremberg voulait développer, car ses limites apparaissaient au grand jour dès que le rythme s’élevait.
La vitesse n’a jamais été le maître-atout de Timmy Simons et ce n’est pas à 36 ans qu’il changera. Mais Simons fait circuler le ballon plus rapidement et il joue en un temps. Surtout, sans jamais se mettre en évidence, le médian, du haut de ses 93 sélections nationales, possède une autorité naturelle sur ses coéquipiers. Il personnifie la simplicité si fortement ancrée dans l’âme du Club Bruges. Le Club, qui a usé dix entraîneurs en huit ans, doit redevenir dans les plus brefs délais une équipe à laquelle les supporters peuvent s’identifier.
PAR JACQUES SYS
Timmy Simons possède une autorité naturelle et personnifie la simplicité.
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