Pain gris

C’est la plus faible délégation belge depuis 1994. Et le risque est grand pour que cela aille de mal en pis d’année en année.

1987

Pour la première fois de l’ère open, deux joueuses belges prenaient place dans le tableau final : Sandra Wasserman et Ann Devries, les mères fondatrices de la dynastie des champions en devenir.

1997

La Belgique se rendait enfin compte que le tennis était l’un de ses sports majeurs. 11 ans après la folle aventure mexicaine des Diables Rouges, ce serait via la petite balle jaune que les fanas belges de sport allaient vivre certaines de leurs plus belles passions. Filip Dewulf revêtait les habits de meilleur ambassadeur d’une incroyable délégation tricolore. Demi-finaliste du tableau masculin, il générait non seulement un engouement médiatique sans précédent depuis les années Washer-Brichant mais jouait également le rôle de loupe grossissante pour les autres exploits belges de la quinzaine parisienne : la victoire de Justine Henin dans le tournoi Juniores et la demi-finale Juniors d’ Olivier Rochus. Sans oublier le troisième tour atteint par un improbable Dick Norman dans le tableau majeur et les huit autres Belges présents dans les tableaux.

2001

La terre parisienne attirait tous les journalistes belges. Diantre, les deux jeunes espoirs de la nation disputaient une demi-finale l’une contre l’autre. Pour la première fois de l’histoire du tennis, un Belge (une Belge…) allait prendre part à une finale d’un tournoi du Grand Chelem. Kim Clijsters battit Henin deux jours avant de s’incliner d’extrême justesse face à Jenifer Capriati. Si cette demi-finale belgo-belge éclipsa tout le reste, il ne faut pas oublier que trois de nos joueurs étaient également présents à la Porte d’Auteuil : Xavier Malisse et les deux frères Rochus, le cadet étant là pour la première fois.

2006

Année du troisième sacre parisien de Juju et de la dernière apparition au French de Clijsters. La Belgique comptait pas moins de sept représentants dans les deux tableaux principaux.

2007

Dimanche dernier, Roland-Garros accueillait la plus petite délégation belge depuis 1994 ! Ils n’étaient que quatre dans les tableaux finals : Olivier et Christophe Rochus, Kristof Vliegen et, bien sûr, Henin . Grâce à elle, on ne se rendra pas trop compte de la pauvreté de cette délégation.

C’est qu’ils seraient bien fous les observateurs qui crieraient à la disette alors qu’une Belge est la principale favorite de l’épreuve. Pourtant, cela fait des années que l’on clame en ces colonnes que le tennis belge est en danger. Qu’il risque de suivre le triste exemple du tennis de table qui n’est pas parvenu à tirer parti de ses locomotives pour alimenter son réservoir. Qu’il s’approche inexorablement des années les plus grises de son histoire. Car il est plus difficile de passer au pain gris après avoir goûté le blanc plutôt que de le faire en venant du noir. A savoir qu’il y a vingt ans, on s’extasiait devant un deuxième tour dans un Grand Chelem pour la bonne et simple raison que les performances précédentes étaient insignifiantes. Demain, dans quatre ou cinq ans, plus personne n’évoquera un deuxième ou un troisième tour…

La Belgique est moyennement faible

La force d’une nation ne se vérifie pas en fonction de ses seuls leaders mais bien en estimant le talent de leurs collègues moins bien classés. Et, en ce sens, la présence dans les tableaux finals des tournois du Grand Chelem – autrement dit la présence dans le Top 120 mondial – est significative de la valeur réelle d’un pays. La Belgique est donc moyennement faible pour l’instant. D’autant que si l’on gratte un peu, on constate qu’il n’y avait aucune joueuse dans le tableau des qualifications et que les deux seuls joueurs belges qui ont tenté de se qualifier n’étaient autres que Dick Norman et Christophe Rochus . Soit deux anciens alors que les qualifs sont généralement peuplées de jeunes loups aux dents longues…

Il y a pire : la représentation belge dans les tableaux juniors parisiens ne devrait pas être très importante non plus. Non que la Belgique ne compte pas quelques talents réels mais aucun ne semble être aujourd’hui en mesure de se hisser ne fût-ce qu’en huitièmes ou en quarts de finale de ces tournois réservés aux moins de 19 ans.

Le constat est sévère, certes, mais on ne pourra pas nous reprocher d’avoir attendu pour le faire connaître. Comme déjà écrit, Henin et Clijsters ainsi que les frères Rochus et Malisse, écrivent depuis quelques saisons les dernières pages d’un roman fantastique dont les premières lignes ont été signées par Wasserman, Devries, Bart Wuyts ou Xavier Daufresne.

Les auteurs du deuxième tome de ce roman sont peut-être déjà nés mais ils n’ont pas encore trempé leur plume dans l’encrier.

par bernard ashed – photo: reporters/ mossiat

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire