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Nafissatou Thiam : le pentathlon ne figurait pas à l’agenda des contrôleurs

La Communauté flamande estime ce mercredi ne pas être en faute dans la non homologation du record du monde juniors du pentathlon de Nafissatou Thiam. Le record n’a pas été avalisé en raison de l’absence de contrôle antidopage.

NADO Vlaanderen, qui gère la politique antidopage en Flandre, a précisé que les championnats de Belgique de pentathlon, début février à Gand, où l’athlète a établi son record, ne figuraient pas à l’agenda de l’organisation. « A cette épreuve, aucun contrôle antidopage n’a donc été effectué par NADO Vlaanderen, et il n’y avait à aucun moment un médecin contrôle présent. Aucun contrôle n’a été effectué car NADO Vlaanderen n’a été à aucun moment informée de la nécessité d’y procéder. »

Mardi, la Ligue Belge Francophone d’Athlétisme (LBFA) indiquait que le record du monde de Nafissatou Thiam n’avait pas été homologué par la fédération internationale d’athlétisme (IAAF) parce que l’athlète n’avait subi le contrôle antidopage obligatoire en cas de record du monde que le lendemain.

Christian Maigret, directeur sportif de la LBFA, avait précisé que d’habitude un contrôleur de la Communauté flamande était toujours présent, mais pas à ce moment-là. Il a ajouté qu’on avait encore essayé de joindre un contrôleur, en vain.

Cette version est contestée par NADO Vlaanderen. « Dimanche 3 février au soir, à aucun moment, le médecin coordinateur, Dr. Hans Cooman, ou quelqu’un d’autre de NADO Vlaanderen, n’a été contacté par les organisateurs de l’épreuve ou l’entourage de l’athlète en vue de solliciter un contrôle antidopage. »

« On ne voit ça qu’en Belgique ! »

Le record du monde juniors du pentathlon de Nafissatou Thiam, établi le 3 février dernier aux championnats de Belgique indoor, à Gand, n’a pas été homologué par l’IAAF. L’athlète n’a en effet subi le contrôle antidopage obligatoire que le lendemain, soit hors des délais impartis par la fédération internationale.

« C’est une situation aberrante », a commenté Roger Lespagnard, l’entraîneur de Nafissatou Thiam dont le record du monde juniors du pentathlon n’a pas été homologué en raison d’un contrôle antidopage effectué le lendemain, c’est-à-dire en dehors des délais impartis par la fédération internationale (IAAF) en cas de record du monde. « Lors d’un championnat, nous devons signer un document reprenant toutes nos coordonnées pour que l’organisation puisse nous joindre à tout moment. Il serait souhaitable que cela se passe dans l’autre sens également, et que nous ayons une liste de médecins prêts à foncer et aptes à faire les contrôles. Nous devons savoir comment contacter la cellule antidopage, même un dimanche soir. »

« J’espère que cela servira de leçon pour la suite, car sinon ce record n’aura vraiment servi à rien. Il faut qu’on se mette tous ensemble pour trouver une solution, sinon demain, un nouveau record sera battu sans qu’il y ait un médecin présent et l’histoire recommencera », a ajouté l’entraîneur de Nafissatou Thiam qui, elle, ne s’est pas exprimée mardi.

Un record de Belgique plus fort que le record du monde…

Lors d’une compétition qui se dispute en Région wallonne, c’est un médecin agréé par la Communauté française qui doit effectuer le test antidopage, tandis que seul un médecin agréé par la Communauté flamande pourra effectuer un contrôle lors d’une compétition se déroulant en Flandres. « Cela dépasse le cadre des fédérations, il n’y a qu’en Belgique qu’on peut voir cela. Il faut que les deux communautés se mettent d’accord. Pour les compétitions internationales, comme l’Euro ou le Mondial, il y a une coupole fédérale qui permet aux athlètes des deux fédérations, francophone et flamande, d’y participer. Il faudrait la même chose pour la lutte antidopage. Et pour toutes les compétitions, il faut absolument un médecin un stand-by prêt à être rappelé. »

La situation est d’autant plus paradoxale que Nafissatou Thiam a été contrôlée négative, elle ne perd ni son titre de championne de Belgique ni son record de Belgique. « Si l’IAAF gomme son record, on aurait donc un record de Belgique qui serait plus fort que le record du monde. C’est aberrant. »

« Personne n’était joignable »

Selon le décret en vigueur en la matière de lutte antidopage en Belgique, c’est un médecin agréé par la Communauté flamande qui aurait dû effectuer le contrôle antidopage. « D’habitude ils sont toujours présents à Gand. Mais à ce moment-là, il n’y avait personne. Nous avons essayé de contacter quelqu’un, le chef du meeting a fait le nécessaire, mais personne n’était joignable », a raconté Christian Maigret, directeur sportif de la LBFA.

« Le contrôle a eu lieu le lendemain, au domicile de Nafissatou, par un médecin agréé de la Communauté française », a ajouté Dominique Gavage, vice-présidente de la LBFA et spécialiste du dopage. « Nous avons reçu un courrier de l’IAAF expliquant que le record n’était pas homologué car le test antidopage aurait dû avoir lieu sur place, après la compétition. Ils nous ont expliqué qu’un pareil cas s’était déjà produit l’an passé aux Etats-Unis et en Norvège, pour un record au javelot, et qu’ils ne pouvaient pas changer leur ligne de conduite. »

Le contrôle effectué le lendemain au domicile de l’athlète a été négatif, de même que celui qu’elle a subi lors des championnats d’Europe de Goteborg quinze jours plus tard. « Nafi est clean. C’est un aspect technique qui la prive de ce record », a ajouté Dominique Gavage. « Nous ne voulons pas polémiquer, mais simplement trouver une solution car un tel cas risque de se reproduire. Il est important d’avoir un médecin agréé pour chaque meeting, ou, à tout le moins, savoir quel médecin pouvoir contacter en cas d’urgence. »

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