» Mon statut de supersub m’importe peu, ce qui compte c’est le Brésil «
Les Diables, le PSV, Anderlecht, Dick Advocaat, Marc Wilmots, John van den Brom en passant par ses propres attentes pour 2013, Dries Mertens s’explique.
Vivre entre le devant de la scène et l’ombre, c’est à ça que se résume la carrière de Dries Mertens depuis quelques années. Du statut inconnu à l’AGOVV Apeldoorn ou à Utrecht à celui de détonateur chez les Diables Rouges ou au PSV, le feu follet belge vit entre les spotlights et l’oubli. » D’un point de vue personnel, je n’arrive pas à qualifier ma saison. Si je devais émettre un jugement sur celle-ci, je dirais qu’elle n’est ni bonne ni mauvaise »
Vu votre dernier championnat, on pourrait s’attendre à mieux…
J’en suis tout de même à 9 assists et 7 buts juste après la trêve, c’est tout de même loin d’être mauvais ! Trop souvent, on a tendance à comparer avec mon année passée mais je ne suis pas moins bon qu’avant. Mon arrivée au PSV était tout bonnement incroyable, il n’y a pas d’autre terme pour la définir. Mais, je ne claquerai pas une vingtaine de buts par saison, c’est impossible.
Les statistiques ont beaucoup d’importance dans la carrière d’un joueur ?
Elles ne m’importent que d’un point de vue personnel. Si on compare mes deux saisons, il n’y a pas photo au niveau statistique. Mon but est avant tout de travailler pour l’équipe, apporter une plus-value au groupe. J’ai bien conscience que j’ai été bon lors de certaines rencontres et mauvais dans d’autres. Je fais pourtant toujours partie des joueurs les plus impliqués à la finition. Et je ne compte pas m’arrêter là. D’ici mai, je veux atteindre le total de 15 buts et 15 assists.
L’an passé, le PSV s’est effondré en fin de championnat. Comment comptez-vous empêcher qu’un tel scénario ne se répète ?
Tout d’abord, l’Ajax ne reproduira certainement pas son incroyable série de victoires de 2012. Deuxièmement, il n’y a pas d’astuce pour rester au top. Il ne faudra pas lâcher prise et le rôle d’un gars de la carrure de Mark Van Bommel sera d’autant plus crucial au moment fatidique. Mark est une figure de proue de notre effectif. C’est un excellent joueur et un meneur d’hommes comme on n’en fait plus.
» Le PSV a le meilleur 11 de base de l’Eredivisie »
Il pourrait être l’élément qui amènerait le PSV vers un titre après lequel le club court depuis 2008…
Nous devons poursuivre sur notre lancée et maintenir un rythme de croisière, ce qui nous permettrait d’enchaîner les prestations de bon niveau. Cinq clubs (l’Ajax, Twente, Feyenoord, Vitesse et le PSV, ndlr.) se tiennent de près et tous peuvent décrocher le gros lot. L’avantage du PSV est qu’il développe un football offensif à tout moment. Selon moi, nous possédons le meilleur 11 de base d’Eredivisie.
Pourtant, la défense laisse souvent à désirer !
Ce n’est pas notre point fort même si nos défenseurs sont d’excellents joueurs. Le fait est que nous jouons également de malchance, c’est frustrant.
Vous revenez d’un stage en Thaïlande. Cette expérience en Asie vous a-t-elle plu ?
C’était chaud, vraiment chaud ! Le pays m’a impressionné, dans le bon sens du terme. Les gens y sont très positifs puis la visites de la prison de Klong-Prem m’a marqué. C’était ma première fois en Thaïlande et je ne le regrette pas. Le seul défaut est le centre-ville de Bangkok, c’est surpeuplé et parfois limite d’un point de vue hygiène.
On vous reconnaissait en rue ?
Oui et ça m’a d’ailleurs étonné, je pensais que seuls les clubs de Premier League étaient connus en Asie. Mais non ! Les gens savent ce qu’est le PSV Eindhoven. Même si j’étais blessé durant le stage, les Thaïlandais me connaissaient. Vous savez, le football est une vraie religion là-bas et les gamins en sont passionnés. Certains sont même très talentueux. À l’heure actuelle, les infrastructures sont en plein développement. Le stade de Bangkok s’érige petit à petit. Peut-être envisagerai-je une carrière là-bas si je sens que le football européen s’essouffle. (rires)
» A Eindhoven, l’attente est grande »
En parlant d’investissement, votre club a beaucoup dépensé ces dernières saisons sans résultat. Cela n’a rien de très rassurant !
Voir des joueurs d’une telle qualité dans nos rangs prouve la valeur du football batave. On a trop souvent tendance à oublier le niveau affiché par les équipes néerlandaises. Du côté du PSV, il est vrai que le club a beaucoup acheté, il y a donc une certaine attente, une impatience de voir cet investissement transformé en résultats.
Ne vaut-il pas mieux privilégier la formation de jeunes talents ?
Notre formation n’a rien à envier à celle des autres. Il y a des joueurs très doués dans les équipes d’âge.
À l’instar d’un autre compatriote Zacharia Bakkali…
Il est venu en stage avec nous. Du haut de ses 16 ans, il promet de grandes choses. Sa vista est excellente, toute comme ses dribbles, sa frappe et son sens du but.
Il pourrait devenir l’un de vos concurrents chez les Diables ?
Zacharia est plus un vrai médian, je me considère comme un ailier gauche. Certes, je rentre beaucoup dans l’axe du jeu mais je préfère partir de l’aile avant de converger vers le numéro 10.
Ce poste de meneur de jeu ne vous a jamais intéressé ?
Je ne suis pas fait pour ça. Un vrai numéro 10 joue désormais près de l’attaquant de pointe et, personnellement, je préfère évoluer entre les lignes et jouer de concert avec le latéral gauche. Ça fonctionne d’ailleurs bien avec Jan Vertonghen chez les Diables Rouges.
Pourtant, ce poste de back gauche ne fait pas vraiment son bonheur…
Tout le monde le sait : Jan préfère évoluer dans l’axe. Il est toutefois excellent en tant que back gauche. Sa polyvalence est un adjuvant autant qu’un opposant car il a souvent sa place dans une équipe mais on le bouge régulièrement de place sur le terrain. S’il n’avait pas été bon sur le flanc, il n’aurait pas évolué à ce poste avec les Diables et avec Tottenham.
» C’est la Macédoine qui compte, pas la Roumanie »
Votre souci chez les Diables n’est pas la polyvalence mais plutôt la concurrence. On vous a d’ailleurs collé une étiquette de supersub !
J’ai parfois été considéré comme un joker en équipe nationale. En fait, mon statut ne m’importe que peu, le seul objectif c’est le Brésil en 2014. Rien d’autre n’a d’importance et tous le savent. Le pays dans son ensemble attend de nous que nous décrochions le précieux sésame. Nous avons nos chances et nous devons la saisir.
Le match face à la Roumanie n’a toutefois pas rassuré les analystes…
C’était une rencontre à part dont il ne faut pas tenir compte. Tout le groupe sortait d’une saison longue et éprouvante. Puis, nous n’étions pas aussi motivés vu qu’il n’y avait pas d’enjeu. Nous n’étions pas vraiment concernés par la rencontre.
Il faudra pourtant se mettre en confiance face à la Slovaquie avant la double confrontation face à la Macédoine !
D’un point de vue personnel, la prochaine joute amicale sera une occasion de prouver mes qualités. C’est important pour des gars comme moi qui n’ont pas leur place assurée dans le onze. Puis nous devrons nous préparer à deux duels qui s’annoncent serrés.
La montée en puissance de Romelu Lukaku vous aidera peut-être dans la campagne de 2013 ?
Certainement. Il a un profil différent de celui de Christian Benteke et se pose en solide concurrent pour le poste de numéro 9. La concurrence est impérative pour qu’un groupe aille de l’avant. Ça me fait également plaisir de voir plusieurs de mes potes évoluer à un tel niveau en Premier League.
» Liverpool ? Je ne sais pas d’où vient la rumeur »
Le football anglais est un must ?
On pourrait le penser mais lorsque je retrouve mes coéquipiers qui évoluent outre-Manche, ils ont tous regardé le match du PSV. Le football néerlandais a la cote, surtout auprès de joueurs qui ont connu l’Eredivisie. Jan Vertonghen suit l’Ajax de près, Moussa Dembélé regarde toujours les matchs de l’AZ.
La Premier League serait une étape supplémentaire dans votre carrière ?
Oui c’est clair, ce serait superbe mais je suis lié au PSV jusqu’en 2015. Je m’y sens bien et je ne compte pas déménager.
On a pourtant évoqué l’intérêt de Liverpool…
Mon agent ne m’en a pas fait état, je ne sais pas d’où provient la rumeur.
Revenons-en aux Diables Rouges. En quoi les méthodes de Marc Wilmots diffèrent-elles de celles de Georges Leekens ?
Le sélectionneur actuel est honnête et direct. C’est toujours très simple avec lui, il ne fait jamais de chichi pour t’annoncer ta titularisation ou non. De plus, il parvient à maintenir tout le groupe concerné par la rencontre. C’est un motivateur hors pair, il communique beaucoup avec son effectif.
Ses compétences tactiques ont pourtant été pointées du doigt…
Je ne vois pas en quoi ses choix seraient critiquables. Depuis le début de la campagne, Marc Wilmots a montré qu’il connaissait le football et qu’il possédait un bon sens tactique. Certains de ses choix étaient osés mais nous ont positivement étonnés.
Votre coach au PSV, Dick Advocaat, est d’un tout autre acabit, il va même jusqu’à utiliser les médias pour motiver ses joueurs !
Il le fait avec tout le monde, ce sont ses méthodes. Je ne les critiquerai pas, ce n’est ni mon style ni mon rôle de le faire. Advocaat n’est pas du style gueulard. Il préfère discuter avec les joueurs. J’ai d’ailleurs eu un entretien avec lui au mois d’août. Il en a profité pour exposer les points faibles que j’avais laissé transparaître lors de la rencontre Belgique – Pays-Bas.
Vous avez connu John van den Brom lors de vos années à AGOVV Apeldoorn. Vous gardez un bon souvenir de l’actuel entraîneur d’Anderlecht ?
Concernant John van den Brom, c’est avant tout quelqu’un de bien. Je n’aurai jamais pu deviner où allait le mener sa carrière de coach mais je savais qu’il irait loin. On ne gravit pas les échelons aussi rapidement sans être bourré de talent ! Il réussit toujours à imposer sa vision du jeu.
Vous reconnaissez sa patte en voyant évoluer le Sporting ?
J’étais revenu voir un match au Parc Astrid il y a quelques années de cela et j’avais été choqué. Anderlecht passait son temps à balancer de longs ballons devant. Depuis l’arrivée de John, la construction se fait depuis l’arrière et les Mauves dominent leur adversaire.
» Nuytink porte la griffe Van den Brom »
C’est aussi grâce à l’arrivée de Bram Nuytinck…
Son transfert est signé JVDB. Il a débarqué en tant que défenseur inconnu provenant d’un club moyen et depuis qu’il est là le Sporting joue mieux. Demandez à Nuytinck ce qu’il pense de son entraîneur, il sera dithyrambique à son égard.
Vous n’êtes peut-être pas totalement objectif à propos de votre ancien mentor ?
C’est clair qu’il m’a aidé aux balbutiements de ma carrière. Il en a fait de même avec Nacer Chadli et avec plusieurs autres jeunes. Il nous a permis de nous révéler.
Que faisait-il de plus qu’un coach lambda ?
Nacer et moi faisions souvent des séances supplémentaires après les entraînements. N’importe quel entraîneur serait rentré au vestiaire mais pas lui, il restait sur le terrain et continuait à nous donner des consignes. Il m’a énormément appris et tous ses exercices se faisaient avec ballon. Il avait d’ailleurs une lubie pour un module qui consistait à enchaîner les passes sans que les joueurs désignés et postés au milieu n’interceptent le ballon. Il l’utilise encore à l’heure actuelle avec les joueurs anderlechtois.
PAR ROMAIN VAN DER PLUYM – PHOTOS: KOEN BAUTERS
» Certains choix de Wilmots étaient osés mais nous ont positivement étonnés. »
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