L’ESPRIT STANDARD
Des joueurs emblématiques du club aux plus fidèles serviteurs, voici une compilation d’anecdotes marquantes, parfois drôles voire poignantes de ce qu’est » l’esprit Standard « . Afin de ne jamais oublier…
Le roman du Standard est unique en son genre et a donné naissance à un esprit, à une chaleur, à une ambiance, à un sens de la fronde qu’on ne retrouve dans aucun autre club. La communion entre les joueurs et leur public a souvent été totale, comme lors du premier succès d’un club belge en Coupe des clubs champions (5-1 contre les Ecossais de Heart of Midlothian, le 3 septembre 1958) ou quand les supporters liégeois chantent la Brabançonne le 18 février 1959, au Parc des Princes, à Paris, où le Stade de Reims reçoit le Standard en CE1. C’est une époque folle avec, à Sclessin, des spectateurs jusqu’au bord du terrain. On s’y souvient encore de PopeyePiters, dribbleur de génie, ayant perdu sa boussole lors d’un de ses raids, feintant le marchand de friscos : il avait quitté la pelouse sans s’en rendre compte
Plus tard, sur la scène européenne, Léon Semmeling repoussa plus d’une fois le public avant de calibrer un corner : inimaginable de nos jours. Roger Claessen (1941-1982) a allumé pour de bon la flamme de l’esprit rouge en risquant sa peau pour le Standard. Sa générosité lui rapporta des fractures des côtes, un nez en compote, un bras cassé, une mâchoire brisée, etc. Le 8 mars 1967, contre les Hongrois du Vasas Györ, un défenseur adverse désossa son bras. Tout être normal se serait retrouvé à l’hôpital, mais pas Claessen, qui ordonna au Docteur Germay de lui donner une rasade de whisky avalée d’un seul trait. Attiré par la magie de Sclessin, Roger-la-Honte remonta au jeu pour gagner (2-0) le 28e match européen de l’histoire de son club. Il avait ouvert la marque avant que Cajou ne double la mise.
Sa vaillance rappela un autre match grandiose que ce diable d’homme réalisa le 7 février 1962 contre les Glasgow Rangers balayés 4-1 dans une ambiance infernale. Cette vague de joie et de bruit n’a jamais cessé de tourner au-dessus de l’Enfer de Sclessin. Là, comme les vedettes et les supporters de ce club nous l’ont dit, » il faut aller au charbon pour être digne de l’esprit Standard. » (Joueurs classés par ordre alphabétique).
ANTHONY ENGLEBERT
» Voir battre le coeur du Standard : cela vaut tous les sacrifices »
Standardman de 1976 à 1983. Défenseur. Champion en 1981-82 et 1982-83.
» Je suis arrivé au Standard à 15 ans. On m’avait cité ailleurs mais quand on parle des Rouches à un jeune de Tenneville, mon village, Bastogne ou Martelange (d’où venait Etienne Delangre), le reste n’existe plus. Or, le chemin à parcourir pour parvenir en équipe première était long et, éprouvant. Il n’y avait pas d’Académie à cette époque. Nous logions au-dessus de la cafétéria au Sart-Tilman. Le soir, il n’y avait ni gardien ni concierge. Pour manger le soir après l’entraînement, j’allais dans une grande surface ou je faisais ma popote moi-même : souvent des boîtes de spaghettis.
Rien n’était trop dur car je voulais y arriver, comme Roberto Sciascia, Pascal Delbrouck, Delangre, etc. Raymond Goethals m’a lancé pour remplacer Gérard Plessers, blessé. En quarts de finale de CE 2, contre Porto, j’ai canonné à 40 m : au lieu de prendre la direction de la Meuse, le ballon s’est écrasé dans les filets de Fonseca. Cette ovation, cette émotion, cette folie, ce volcan, je m’en souviens encore. Aux anges, Goethals déclara » qu’avec Englebert, on peut aller à la guerre « . Il m’a aligné contre Tbilissi au tour suivant mais pas en finale contre Barcelone : j’ai ciré le banc et cela m’est resté sur l’estomac. N’empêche, j’ai vu battre le coeur du Standard et d’une grande équipe : cela vaut tous les sacrifices. »
ERIC GERETS
» J’étais fait pour y jouer »
Standardman de 1971 à 1983. Défenseur. Champion en 1981-82, 1982-83. Vainqueur de la Coupe de Belgique en 1981. Soulier d’Or en 1982. Finaliste de la CE2 en 1982 contre le FC Barcelone (2-1). 86 sélections en équipe nationale. Il a évoqué tout cela dans un livre de Frank Buyse (Le Lion).
» J’ai connu René Hauss, Vlatko Markovic, qui m’a déplacé de l’attaque à l’arrière droit, Robert Waseige, Raymond Goethals mais c’est avec Ernst Happel que j’ai le plus progressé au Standard. Un grand entraîneur, un tacticien hors pair, pas aussi distant qu’on l’a dit. Happel m’a appris à préparer calmement un match. J’étais quand même assez nerveux. Avant la finale de Barcelone, j’ai passé ma vie à la toilette. (…) J’ai eu des divergences de vue avec Waseige qui me retira mon brassard de capitaine. Or, j’avais été accepté par tous dans mon rôle de leader. Cela m’a fait mal mais, plus tard, j’ai compris que j’avais été têtu, trop dur avec mes équipiers. (…)
J’ai découvert le jeu de Roger Petit quand un manager demanda à me rencontrer… à l’extérieur du stade. Il avait une offre de Coventry pour moi. Refus de Petit qui augmenta mon salaire. Leeds, Cologne et d’autres reçurent la même réponse de Petit : » Gerets reste au Standard « . Au retour du Mondial, j’ai eu envie de tout casser. Je me suis rendu compte que c’était une erreur. Je me suis ressaisi en livrant le meilleur match de ma carrière contre Raba Eto Gyor » En fin de saison 1982-83, Roger Petit accepta l’offre de l’AC Milan pour Gerets, Et ce sont deux hommes en pleurs qui prirent congé l’un de l’autre. Depuis lors, devenu coach à succès, Gerets ne cesse de dire : » J’aimerais revenir un jour au Standard pour rendre tout ce que j’ai vécu et reçu dans un stade qui m’a toujours soutenu. J’étais fait pour jouer dans cet état d’esprit. »
MICHAËL GOOSSENS
» Les usines, les fumées, le bruit, la Meuse, c’est toute ma jeunesse »
Standardman de 1990 à 1996 et de 2000 à 2003. Attaquant. Vainqueur de la Coupe de Belgique en 1993. 14 sélections en équipe nationale.
» Je suis originaire de Tilleur. Les usines, les fumées, le bruit, la Meuse, je connais car c’est toute ma jeunesse. J’ai été formé en grande partie à Seraing et j’adorais le club du Pairay mais mon coeur battait un peu plus pour le Standard. Celui de mon papa, qui a joué à Tilleur et à Liège aussi, et, en longeant les fabriques, nous nous rendions à Sclessin. Je me souviens du match contre la Juventus, du but de Freddy Luyckx contre Anderlecht sur un terrain gelé. J’adorais suivre tout cela avec le kop. J’étais un fils d’ouvrier et j’ai pu me réaliser dans » le » club des ouvriers. Il faut être issu d’une famille où on gagne son pain à la sueur de son front pour comprendre ce que cela veut dire. Je dois tout aux Rouches : des émotions européennes comme mes deux buts contre Auxerre, mes transferts à l’étranger, le bonheur de jouer avec Marc Wilmots et de grands joueurs, la chance d’avoir été lancé par Georg Kessler et Arie Haan. Avec PhilippeLéonard et Régis Genaux, à qui je pense souvent, on a vécu une belle aventure. J’ai été réopéré récemment à l’épaule : c’est un » souvenir » de cette époque. »
RÉGINAL GOREUX
» Jouer à la baballe, ça ne colle pas à l’esprit du Standard »
Standardman de 1996 à janvier 2013. Défenseur. Champion de Belgique 2008 et 2009. Vainqueur de la Coupe de Belgique en 2011. International haïtien.
» Deux matches viennent directement à l’esprit pour évoquer l’esprit Standard : un quart de finale retour à Sclessin face au Cercle en janvier 2008 que l’on remporte 4-0 alors qu’on avait perdu 4-1 à l’aller. Et bien sûr cette incroyable soirée du 21 avril 2008 où l’on est sacré champion face à Anderlecht (2-0) et. dans des moments pareils, le public et l’équipe ne font qu’un et on se sent alors imbattable. On sait qu’on va marcher sur l’équipe adverse, la prendre à la gorge. Dès les équipes d’âges du Standard, on te fait comprendre que le Standard ce n’est pas n’importe quoi et qu’il faut être fier du blason. Quand Anderlecht était au programme, on était gonflé à bloc alors qu’une rencontre de jeunes n’a pourtant aucune portée médiatique. Et puis, le Standard a toujours été attendu partout, j’ai grandi avec le fait qu’on allait être reçu le couteau entre les dents. Et tant mieux finalement car un Standardman pour s’exprimer a besoin qu’il y ait une certaine tension autour et pendant le match. Et ça depuis que je suis tout petit. Jouer à la baballe ou se la jouer trop facile, ça ne colle pas à l’esprit de ce club.
GUY HELLERS
» Même Tapie a été épaté par cette ambiance »
Standardman de 1982 à 2000. Milieu de terrain luxembourgeois. Vainqueur de la Coupe de Belgique en 1993.
» Je garde un souvenir énorme du Standard et de ses supporters. Sclessin, ça te prend aux tripes : je n’avais jamais connu cela. J’étais impressionné car nos supporters ont toujours cru au renouveau, au miracle et à leurs rêves même quand nous passions à deux doigts de l’exploit en championnat ou en Coupe d’Europe. Même Bernard Tapie, en visite chez nous, avant Standard-Swaroski Tirol a été épaté par cette ambiance. Contre Auxerre, c’est le public qui nous a donné une autre dimension.
J’ai connu trois directions (Roger Petit, le duo Jean Wauters-André Duchêne,Lucien D’Onofrio) mais un seul public, toujours le même, toujours exigeant mais toujours fidèle. Je regrette de ne lui avoir offert qu’une Coupe de Belgique en 1993, contre Charleroi. Arie Haan avait bâti une équipe de classe avec de grands joueurs (Gilbert Bodart, André Cruz,Frans VanRooy, Marc Wilmots) et des… bulles. Grand stratège, Arie savait créer une ambiance. Le champagne était de la partie lors des anniversaires : j’en connais qui ont célébré le leur cinq ou six fois par an. Les trois joueurs qui m’ont le plus impressionné sont Eric Gerets, Arie Haan et Simon Tahamata. J’aimerais entraîner un jour le Standard, c’est évident. »
MOMO LASHAF
» Je suis toujours amoureux du Standard »
Standardman de 1992 à 1995. Attaquant. International marocain. En 1991, il est victime d’une fracture de la jambe à Charleroi.
» C’est après cette catastrophe que j’ai encore mieux compris ce qu’est l’état d’esprit Standard. C’était le neuvième match de la saison : j’étais suivi par le Bayern Munich et Stuttgart. Tout est parti en fumée. Les supporters n’ont jamais cessé de m’encourager. Mes équipiers aussi : Thierry Pister me conduisait à l’hôpital, chez le kiné, à l’entraînement, m’invitait à manger chez lui, à Boncelles. Il m’a prêté sa Mercedes le temps de me rendre dans ma famille, à Mons. J’ai gardé sa belle limousine une semaine. Il a dû s’inquiéter…
J’étais dans le trou mais j’avais le soutien de tous, c’était unique. J’ai joué à Anderlecht, à Wavre, à l’Antwerp et à Gueugnon : le Standard, c’est autre chose. A Mons, où je suis animateur sportif, j’ai épinglé des posters des Rouches dans un local. On m’y parle encore du Standard de mon époque. Je suis toujours amoureux du Standard. J’adorerais revoir des anciens et, surtout, donner le coup d’envoi d’un match à Sclessin pour partager une telle ferveur avec ce public. »
JEAN NICOLAY
» Ceux qui ne montraient pas les dents pouvaient plier bagage »
Standardman de 1953 à 1969. Gardien de but. Champion en 1957-58, 1960-61, 1962-63, 1968-69. Vainqueur de la Coupe de Belgique en 1966 et en 1967, Soulier d’Or en 1963, 39 sélections en équipe nationale.
» Le Standard, c’est de l’énergie : le stade en offre mais les joueurs doivent en être dignes. Pour bien faire, il faudrait toujours 11 Jelle Van Damme sur le terrain. Au coeur des années 50 et 60, le Standard avait 11 gars de cette trempe. Et ceux qui ne montraient pas les dents pouvaient plier bagage. Je suis entré au Standard comme on entre en religion : mes frères, Adolphe et Toussaint y jouaient. J’aurais donné ma vie pour jouer en équipe première. J’ai pris la place de mon frangin, Toussaint, lors du deuxième match européen des Rouches le 9 septembre 1958 à Heart of Midlothian. Nous ne nous sommes plus parlés durant des années. J’ai bossé comme un fou. Un jour, j’en ai eu marre de m’écorcher la cuisse droite à sang en plongeant sur l’horrible terrain d’entraînement de Sclessin. Notre coach, le terrible Geza Kalocsay, n’exprima pas le moindre signe de compassion le lendemain : – Bon, eh bien, Jean, plongez à gauche aujourd’hui.
Roger Petit était aussi dur que lui. Radin, il achetait de grosses boules de lacets qu’il coupait lui-même à la bonne longueur. Petit dénichait des ballons en cuir naturel qu’un de ses sbires peignait en blanc : c’était moins cher. A l’entraînement, nous avions des ballons recouverts de plusieurs couches de peinture. En pétard avec l’Union Belge, aux ordres d’Anderlecht selon lui, il a interdit à ses joueurs de répondre aux convocations de l’équipe nationale. Il y avait une exception : moi. J’étais incontournable et je n’aurais pas répondu à ses ordres. Pour fêter mon Soulier d’Or, on a sablé le champagne au stade avec mes équipiers. La bouteille venait du bar du club. A la fin du mois, en découvrant ma fiche de paie, j’ai constaté que Petit avait décompté le prix du mousseux. Petit repoussa des offres de transferts du Barça et de Nice entre autres. En fin de carrière, je me suis retrouvé au… Daring. Peu importe, ce qui compte, c’est le Standard. J’ai des soucis de santé mais quand je me rends à Sclessin, j’oublie tout, j’ai la chair de poule. »
LÉON SEMMELING
» Nous savions mettre la gomme et nous amuser »
Standardman de 1959 à 1974. Attaquant (extérieur droit). Champion en 1960-61, 1962-63, 1968-69, 1969-70, 1970-71. Vainqueur de la Coupe de Belgique en 1966 et 1967. 35 sélections en équipe nationale. Ex-T2 et T1 du Standard.
» J’habite à Liège et j’y parle tous les jours du Standard avec mes amis ou mes proches. Les Rouches occupent une place importante dans ma vie depuis toujours. Le Standard a toujours eu besoin d’un patron très ferme car c’est un club électrique qui ne cache pas ses états d’âme, passe vite de la colère à la joie. Quand je suis arrivé pour la première fois dans le vestiaire avec Lucien Spronck et Roger Claessen, j’osais à peine regarder Denis Houf, un merveilleux stratège. Nous avons vécu de grands moments, comme contre les Glasgow Rangers, entre autres, grâce à une équipe soudée pour des années car on ne changeait pas sans cesse de club. Nous étions des amis alors que les joueurs actuels sont plus des passants, des collègues. Nous savions mettre la gomme sur le terrain et nous amuser. Le Standard a souvent disputé des matches amicaux à l’étranger car cela rapportait de l’argent au club. A Tel Aviv, Claessen en a profité pour séduire une belle dame dans un bar : Christine Keller, une call girl proche des services secrets soviétiques et qui fut la maîtresse d’un ministre britannique en 1961 : JohnProfumo. Celui-ci fut d’ailleurs emporté par ce scandale.
Le Standard des années 60 et 70, de Michel Pavic et de René Hauss, aurait pu disputer une finale européenne mais a dû se frotter au Bayern Munich et au grand Leeds United. La meilleure équipe, c’est celle de 1982 car elle avait tout : métier, classe, intelligence. Si la finale de la CE 2 s’était disputée ailleurs qu’au Camp Nou, le Standard aurait gagné, pas le Barça. Eric Gerets et Arie Haan étaient formidables mais on oublie parfois un attaquant de classe mondiale : Simon Tahamata. Un jour, au retour d’un voyage dans le golfe Persique, il trouva de grosses lunettes et se couvrit d’un drap blanc avant de s’asseoir à côté d’un Raymond Goethals vraiment très énervé : – Dites au capitaine que l’avion ne peut pas décoller : je ne vois pas le petit. C’est le moment que Simon a choisi pour se dévoiler dans un éclat de rire général que je n’oublierai jamais : c’est aussi cela l’esprit Standard. »
MICHEL RENQUIN
» Il y a une chose que les supporters du Standard détestent, c’est l’injustice »
Standardman de 1974 à 1981 et de 1985 à 1988. Défenseur. Vainqueur de la Coupe de Belgique en 1981. 55 sélections en équipe nationale.
» L’Ardenne, c’est le grand jardin du Standard. Ce public et nous, les Ardennais, c’est la même mentalité. Mon père faisait sans cesse les choix justes. Anderlecht, Liège, le Standard et d’autres clubs sont venus à Wibrin, où je jouais en P1. J’avais une préférence pour le Standard et mon papa ajouta : – C’est à Sclessin que tu dois aller car c’est là qu’on te fera le plus vite confiance. Quelques mois plus tard, je jouais en D1 : j’avais franchi en un bond l’écart entre la P1 et l’élite. J’avais la rage de réussir et je me suis parfois fritté avec des équipiers, comme Eric Gerets mais rien de grave. J’ai adoré travailler avec Robert Waseige, plus liégeois que lui cela n’existe pas, et Ernst Happel. Le public de Sclessin apprécie ceux qui se dépassent.
En octobre 1979, au retour d’un match au RWDM, j’ai appris le décès de mon père. Or, il y avait un match retour de CE 3 quatre jours plus tard à Naples (2-1 à l’aller). Ma mère a été formelle : – Papa aurait souhaité que tu prennes part à ce match. J’ai joué à Naples (1-1) et le Standard s’est qualifié pour le tour suivant. La famille a attendu mon retour pour les funérailles. J’étais dévasté mais heureux de lui avoir rendu hommage de cette façon-là. Jouer au Standard, cela vous donne même cette force-là. D’autres Standardmen que moi auraient fait la même chose que moi : c’est à l’image de ce club qui sait serrer les dents. A Cologne, en 1981, excédé par l’arbitre, qui favorisait les Allemands (0-0 à l’aller, 3-2 au retour), j’ai ponctué mon exclusion par un salut hitlérien. Là, je me suis remémoré les récits de mon père qui a passé cinq ans dans les camps nazis. Et j’ai réagi : personne ne m’en a voulu car s’il y a une chose que les supporters du Standard détestent, c’est l’injustice. »
VEDRAN RUNJE
» C’est une grande famille »
Standardman de 1998 à 2001 et de 2004 à 2006. Gardien de but. International croate.
» Quand je pense au Standard, je suis ému et fier. C’est là qu’on m’a donné ma chance et que tout a commencé pour moi. En 1998, tout était à refaire. Lucien D’Onofrio et Tomislav Ivic ont commencé à zéro, nous aussi : le public le savait. Ce club, c’est une grande famille… J’ai connu Marseille et Besiktas. A l’OM, rien n’est jamais tout à fait bon, même à 3-0 ; c’est gigantesque comme caisse de résonance. A Besiktas, les joueurs ont toujours peur.
L’esprit Standard s’exprime aussi par des colères. Mais les supporters du Standard préfèrent faire bloc derrière leurs joueurs. C’est grâce à eux que j’ai été élu gardien de l’année en 1999, 2001 et 2006 ; je suis fier quand on me compare aux grands gardiens de ce club : Jean Nicolay, Christian Piot, Michel Preud’homme et GilbertBodart. Quand je suis revenu en 2004, j’ai relevé l’importance des progrès dans les infrastructures et sur le terrain. Très défensif en 1998, le Standard posait mieux son jeu dans la ligne médiane. Le travail a payé et je suis content d’avoir aidé mes » frères rouges « . Ce que j’ai vécu avec eux, je ne l’oublierai jamais jusqu’à la fin de ma vie. »
MARC WILMOTS
» On ne trompe pas le public du Standard »
Standardman de 1991 à 1996. Attaquant. Vainqueur de la Coupe de Belgique en 1993. 70 sélections en équipe nationale.
» On ne trompe pas le public du Standard. Il n’exige pas qu’on soit le meilleur technicien sur la pelouse. Son attente se situe ailleurs, dans l’attitude, le travail, les litres de sueur qui inondent le maillot. L’esprit du Standard est simple à résumer : tout donner. Et, dans ce cas-là, personne n’a rien à craindre en cas de défaite.
A Dongelberg et dans toute la Hesbaye, le Standard occupe le haut du pavé. J’aurais pu y aller plus tôt mais après Saint-Trond, j’ai préféré faire un crochet par Malines : en 1991, j’étais prêt. On a vibré avec Arie Haan et Robert Waseige. Même si nous sommes passés à côté du titre, c’était fort, très fort : j’ai aussi ressenti cela à Schalke où il faut bosser. Quand j’ai claqué la porte de l’équipe nationale en 1994, les supporters du Standard m’ont compris, ont fait bloc derrière moi. J’étais mal : ils m’ont aidé, soutenu, rendu l’envie de travailler, sorti de là : c’est cela aussi l’esprit Standard. »
PAR PIERRE BILIC – PHOTOS: IMAGEGLOBE
» Quand je me rends au Standard, j’ai toujours la chair de poule. » (Jean Nicolay)
» J’ai roulé ma bosse partout. A Anderlecht, à l’Antwerp, à Gueugnon. Mais le Standard, c’est autre chose. » (Momo Lashaf)
» Sclessin, ça te prend aux tripes. » (Guy Hellers)
» L’esprit du Standard est simple à résumer : c’est tout donner. » (Marc Wilmots)
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