Le pur-sang

Ce 30 juin 2013, c’est  » anniversaire day « . Y a, par exemple, celui de mon grand frère Thierry. Bon annif Tchè. Vous en avez rien à  » kicker  » ? Je comprends. Par contre, vous allez  » kiffer  » l’autre. Y a 15 ans, Coupe du Monde 1998. Un gamin de 18 ans vient jouer dans la cour des grands. Une sorte de Peter Pan. Il n’est pas vert mais blanc et bleu. Il vole pas, il survole. Le gamin en fait voir de toutes les couleurs aux Argentins, nous on en a plein les yeux.

But d’anthologie, l’Angleterre passe en 1/4 de finale. Grâce à la grâce en mouvement. Le BabyBriton va tellement vite que l’on a l’impression que les Argentins ne sont plus que des steaks trop cuits. Plus de jus. Le saignant, c’est le Rosbif . Ce jour-là, MichaelOwen rentre dans l’histoire du foot. Ces jours-ci, il le quitte. Usé, fatigué, repus du ballon, cet enfant de la balle. Un enfant qui, en apparence, n’est jamais devenu grand. Sa dégaine d’éternel adolescent ne faisait que cacher son physique de vieux. Owen a été souvent grandiose, les blessures l’ont empêché d’être sublime.

Sa vitesse, c’était dans les gènes.  » On était cinq enfants à la maison. Tous rapides comme l’éclair mais hélas aussi fragiles que du cristal.  » C’est souvent le prix à payer. L’hérédité du papa. Pro du foot pendant 15 ans. En D2 et D3 parce que trop souvent blessé. Le p’tit Michael ne lui en voudra jamais de lui avoir transmis cette fragilité :  » Pendant toute ma carrière, ma motivation a été de rendre mon père heureux. Quand je savais qu’il était dans une tribune derrière un but, je marquais toujours plus de ce côté-là « . Le plus beau cadeau que son dad lui ait fait fut de ne jamais le critiquer.  » Il ne me reprochait jamais rien mais je voyais sur son visage quand il était déçu de moi « .

Il avait tout compris le papa. Combien de grands et beaux destins ont été gâchés par des parents qui croyaient tout savoir. Papa Owen savait mais il a laissé son gamin découvrir. Parfois, le silence est d’or. Résultat ? Ballon d’Or pour Michael en 2001. Le premier pour un Anglais depuis 33 ans. Il est aussi premier British au niveau de l’efficacité. En 89 sélections, 26 de ses 40 buts ont été marqués en match officiel.

J’ai eu la chance de le voir. En vrai, c’était à Old Trafford. Un après-midi de derby. C’est 3-3, on joue la 6e et dernière minute du temps additionnel. Ryan Giggs le décale et Michael entre dans les annales de Manchester United. Lui qui, jusqu’à ce coup de génie, n’avait jamais été accepté à ManU. Parce qu’ex de Liverpool. En une action, il devient un FergusonBoy. Il met fin à son cauchemar dans le  » Théâtre des rêves « .

Depuis des années, ses rêves ne portent plus de short mais bien la queue-de-pie et le haut-de-forme. Owen est un fou de courses hippiques. Comme SirAlex. Et comme lui, il ose tout. En 2009 , quelques jours après sa signature à ManUnited, il propose au club d’acheter un cheval de son écurie. Ainsi ses coéquipiers pourront parier sur lui. Le club accepte. WayneRooney en achètera même deux à titre personnel. Un pour lui, un pour sa femme. Sacré Wayne. Cela dit pourquoi pas. Ça coûte moins cher qu’une Ferrari et surtout ça peut rapporter gros. L’écurie de Owen devient un must depuis qu’il a gagné le  » célébrissime  » et prestigieux RoyalAscot. Une sorte de Ligue des Champions à 4 pattes.

Faut dire, il a mis le paquet. Manoir et dépendances. On se bat pour y mettre son cheval. Y a même des saunas pour ses poulains. Des piscines de rééducation. Le top du top. Le top, il quitte sur les pelouses pour mieux le retrouver sur les pistes. Son dernier contrat à Stoke sentait déjà l’écurie.  » Pay as you play « . Tu touches si tu joues. Il avait accepté car avec les chevaux c’est comme ça. Michael a quitté le foot malgré une dernière proposition des Newcastle Jets. Club australien qui lui offrait en cas de signature un… pur-sang. Owen a refusé. L’humour British a ses limites.

Owen a été souvent grandiose mais les blessures l’ont empêché d’être sublime.

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