Le plansificateur
Le médian (22 ans) retrouve François Sterchele avec lequel il a joué à Oud-Heverlee Louvain.
Hormis une surcharge du tendon d’Achille, tout sourit à Jeroen Simaeys. Il a réussi sa quatrième année en psychologie, il a trouvé un logement à Bruges et se sent déjà chez lui au Club. Reste à conquérir ses galons de titulaire.
Comment se déroule votre préparation ?
Jeroen Simaeys : Normalement, à part une réaction aux médicaments pris pour cette inflammation. Les sessions sont longues mais après deux saisons à St-Trond, j’y suis habitué.
Certains n’avaient pas le sentiment d’être en stage à Coxyde…
Ce n’était pas une excursion à la mer ! Ensuite, je ne vois pas pourquoi il faudrait aller au sud, surtout en été : la chaleur aurait plus d’inconvénients que d’avantages question entraînement. C’est différent en hiver.
Entretenez-vous votre condition pendant les vacances ?
J’étais en examen… J’ai parfois couru ou fait du vélo mais pas intensément. Mes vacances sont consacrées aux études, d’autant que depuis deux ans, je n’ai plus assisté à un seul cours. Jusqu’à présent, j’ai réussi en première session. Les cours ne me manquent pas. A chacun sa méthode. Certains ont une mémoire auditive, d’autres s’appuient sur des notes. J’achète les livres requis et je bloque seul. Mon transfert à Bruges ne change rien. Il ne me reste plus qu’une année avant d’obtenir mon diplôme.
Quel effet cela fait-il d’entrer dans le vestiaire du Club ?
Spécial, pour le petit Trudonnaire qui rencontre des footballeurs de calibre. Mais on s’y habitue vite. Mon passage de Louvain (D3) à St-Trond, était aussi bizarre, au début. Un peu comme une rentrée des classes ou le premier jour à l’école.
Avez-vous choisi votre place dans le vestiaire ?
Non, on reçoit un numéro. Je suis entre Brecht Capon et Gertjan Demets. Deux jeunes, mais c’est un hasard : j’ai pris la place de Timothy Dreesen.
Votre transfert a coûté 200.000 euros. Ce n’est pas cher ?
St-Trond et moi avions convenu de cette somme. Ainsi, si tout se passait bien, je pouvais partir sans trop de problèmes.
De Simons, Staelens ou Van der Elst, quelle est votre idole ?
Je n’en ai jamais eu. J’admire certains joueurs mais ils n’évoluent pas dans mon registre. Je préfère les virtuoses du ballon, les attaquants, ceux qui nous font rêver en Ligue des Champions. J’aime aussi décortiquer la manière dont Liverpool défend, la tactique mais il n’y a rien de plus beau qu’un avant qui passe deux ou trois hommes. Je n’ai jamais été supporter d’un club en particulier.
Jacky Mathijssen veut que vous réfléchissiez à votre rôle. Votre avis ?
Je suis meilleur dans l’axe et surtout au médian défensif. J’ai joué une dizaine de matches au c£ur de la défense à St-Trond et ça allait aussi. J’ai tenu Ogunsoto, Frutos… On m’a aussi aligné au poste de médian offensif, sans problème. A l’entraîneur d’effectuer son choix.
» Je donne l’impression d’être lent »
Votre abattage et vos infiltrations ne sont-ils pas trop bridés dans un rôle plus défensif ?
Je peux monter. Tout dépend du système. Si je ne dispose pas d’espaces, monter ne sert à rien. La polyvalence peut être un atout ou un handicap. Je pense qu’elle a constitué un handicap pour Simons, à un moment donné. Il y a tout simplement des tournants importants dans une carrière.
Aimez-vous défendre ?
Il faut moins courir, à moins d’être confronté à un avant vif qui plonge dans les coins. Par contre, il faut être plus concentré sur sa position et les mouvements de l’avant. L’entrejeu offre plus d’ouvertures et permet de prendre des initiatives, des risques. Cependant, il y a moins de différences entre ces diverses positions dans l’axe qu’entre l’axe et le flanc. Là, je dépéris.
Qu’avez-vous pensé de Bruges la saison passée, en l’affrontant ?
Le groupe ne parvenait pas à exprimer ses qualités. Nous avons été battus à deux reprises, dans les ultimes minutes. Le Club n’était pas animé de la même confiance et de l’audace de la saison précédente.
On vous reproche d’éviter de jouer du gauche. D’accord ?
Non, mais la critique ne me gêne pas. Elle m’incite à réfléchir.
Et votre jeu de position ?
C’est un fait mais cela dépend de ma mission. St-Trond me demandait de récupérer le ballon, de monter et de marquer, si possible. J’ai inscrit neuf buts en deux saisons. Sur la phase suivante, je n’étais pas directement devant la défense. Je dois perfectionner cet aspect.
Votre démarrage pourrait être meilleur…
Je donne l’impression d’être lent parce que je suis grand mais lors des tests passés à St-Trond, j’étais le plus rapide. Ici aussi, je ne suis pas parmi les plus mauvais.
Pourquoi n’êtes-vous pas international Espoir ?
J’ai reçu quelques convocations, notamment pour un match en Lituanie mais j’ai dû décliner plusieurs invitations à cause des examens. L’UB n’a sans doute pas apprécié ces forfaits. L’équipe s’est formée sans moi, elle s’est qualifiée et je suis resté sur la touche.
» J’ai 22 ans et je suis titulaire depuis quatre saisons »
Une nouvelle génération dorée semble émerger. Est-il trop tôt pour se réjouir ?
La Belgique a souvent eu de bonnes équipes d’âge. Reste à digérer le passage en équipe fanion. Il n’y a qu’un champion du monde et ce n’est pas l’équipe des -20 ans. Ces tournois constituent plutôt une préparation. J’espère que ceux qui se sont illustrés aux Pays-Bas vont devenir des vedettes de l’équipe A. Certains ont fait l’objet de transfert coûteux. A eux de se montrer lors d’un vrai EURO.
Ils sont formés par des grands clubs. Vous êtes une exception puisque c’est le OH Louvain qui vous a formé.
Je suis aussi passé par Malines. J’ai débuté très jeune en équipe A en D3. J’ai affronté des joueurs plus âgés et joué en fonction du résultat. Un an avant mon transfert à St-Trond, nous avons été promus en D2. Il fallait gagner chaque semaine. Je pense que le vécu des jeunes d’Anderlecht ou de Bruges est différent. Je n’ai que 22 ans mais je suis titulaire en équipe fanion depuis quatre ans.
Cela compense-t-il un nombre inférieur d’entraînements ?
Je ne sais pas si je m’entraînais moins. Malines faisait partie de l’élite des séries nationales. Le club m’a très bien formé. J’ai appris à me battre à Louvain. Quand Malines a connu des problèmes financiers, j’étais prêt pour OHL, produit d’une fusion. Je n’aurais pas voulu un autre parcours. Gamin, je ne voulais pas m’entraîner trop dur ? Certaines équipes drillent les jeunes. Si j’avais subi ça, je serais peut-être fichu maintenant.
A l’instar de François Sterchele, vous êtes un plaidoyer pour un passage dans les divisions inférieures ?
François est plus âgé et a joué plus longtemps en D3. Nous ne sommes pas les seuls. Sven Vermant a joué en P4 jusqu’à l’âge de seize ans. Il faut simplement éviter le sur-place. Il ne faut pas non plus opter trop vite pour l’argent. Jamais il n’a été prioritaire dans mes trois transferts. Il est bien plus important d’avoir un plan de carrière. Je vais sans doute jouer douze ou treize ans. J’ai le temps.
Rêvez-vous de la Coupe d’Europe ?
Oui, même si les premiers contacts ont eu lieu avant la finale de la Coupe. J’aurais rejoint Bruges même s’il ne s’était pas qualifié pour la Coupe UEFA. Ce rêve aurait simplement été reporté d’une année.
François Sterchele a beaucoup fait parler de lui. Il n’est pas facile ?
Si, il est chouette, gai, sociable. Il plaisante sans arrêt. Nous nous sommes téléphoné à plusieurs reprises quand j’étais à St-Trond et qu’il jouait à Charleroi puis au Germinal Beerschot. On nous a réunis pour des interviews. Nous n’arrêtions pas de rire. Et puis, il marque. C’est ce qui compte. C’est bien d’être un gars sympa mais si vous ne marquez pas…
par Peter T’Kint
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