
LE MONACO DU NORD
Le CS Bruges a bien changé depuis qu’il a été repris par Monaco, en mai dernier. Les ambitions sont restées les mêmes mais les chances de montée ont sensiblement augmenté. » On sent que le calme est revenu « , dit le président Frans Schotte. Même si un vent de tempête a emporté l’équipe à Louvain le week-end passé: 7-1.
Le mois dernier, on annonçait que les vestiaires du CS Bruges allaient être repeints en rouge et blanc afin que les joueurs prêtés par Monaco se sentent comme chez eux. En fait, seuls le couloir (blanc) et les portes (rouges) étaient concernés. Au grand soulagement de ceux qui craignaient une colonisation. Frans Schotte, le président, souligne d’ailleurs que les nouveaux actionnaires n’étaient même pas au courant. » C’était un choix de l’architecte. Je peux vous assurer que, jusqu’ici, l’identité du Cercle a été respectée.
Filips Dhondt veille au grain. L’ex-directeur général du Cercle est aujourd’hui employé par Monaco, qu’il représente à la fois au conseil d’administration de l’ASBL ainsi qu’à celui de la SPRL qui gère le matricule 12. » Monaco s’occupe de la partie sportive avec François Vitali mais le reste est géré par Marc Van Maele, notre coordinateur général, et celui-ci est très autonome « , ajoute Schotte.
Beaucoup de choses ont changé au Cercle, qui était devenu un club pauvre. La saison dernière, avant même le rachat, l’AS Monaco l’avait déjà aidé à survivre. Aujourd’hui, il investit pour viser la montée. José Riga déclare même que la structure est désormais plus professionnelle que celle qu’il a connue au Standard. François Vitali a amené un préparateur physique de Lille, Jeannot Akakpo, le terrain d’entraînement a été refait et on a acheté un tracteur pour le tondre mais, surtout, le Cercle a fait peau neuve avec l’acquisition de 21 joueurs (voir cadre). Et ce n’est sans doute pas fini.
D1B-Championship : même combat
De tous les nouveaux, le joueur qui a le plus brillé jusqu’ici est Irvin Cardona (voir encadré). Contre l’Union, il a inscrit un but et provoqué un penalty avant d’être très applaudi au moment de son remplacement. Même l’adversaire était impressionné et Gertjan Martens pronostiquait déjà que ce joueur ne resterait pas longtemps en D1B. » Il est puissant, rapide et peut répéter de nombreuses fois ses efforts au cours d’un match « , dit José Riga. » De plus, il peut marquer du pied droit, du gauche et de la tête. Il doit à présent apprendre à être plus régulier, plus concentré à l’entraînement comme en match. On va voir s’il y parvient mais c’est sûr qu’il a des atouts. »
Pour Riga, la D1B est bien plus exigeante que la CFA, la D4 française où évoluaient les jeunes de Monaco. » La 1B, c’est comme le Championship en Angleterre : on presse sur tout le terrain et dans les 30 derniers mètres, tout va très vite. Ici, il y a un enjeu, le résultat est important. Ils doivent s’habituer à la pression, à des adversaires qu’ils ne connaissent pas mais aussi apprendre à se prendre en charge dans la vie. C’est pour ça que nous avons un team manager. »
Ce team manager, c’est Nicolas Cornu, ex-responsable de la communication de Mouscron, qui, avant cela, avait travaillé pendant 14 ans à l’Union Belge. Cet été, il a dû aider les nouveaux à s’installer et surveiller les jeunes étrangers, d’autant que beaucoup sont célibataires. » Nous avons placé nos trois Sud-Américains dans le même immeuble de façon à pouvoir les suivre de près « , dit-il. » Gonçalves Vagner jouait déjà en Europe, il parle français et peut aider les deux autres. Nous veillons aussi à ce qu’ils puissent prendre régulièrement un repas sain au club. »
Des cours de langues ont également été mis en place. » Comme le groupe est multiculturel, les joueurs apprendront les termes de base dans quatre langues : néerlandais, français, anglais et espagnol, de façon à pouvoir communiquer entre eux. Cela leur servira aussi pour plus tard. Les premiers cours auront lieu dès la fin de la période des transferts, lorsque le groupe sera au complet. »
Pour avoir fréquenté la salle des joueurs pendant toute une matinée la semaine dernière, nous pouvons vous assurer que le groupe est joyeux. Autour du Batak Reactietrainer, un appareil qui sert à mesurer la vitesse de réaction, il y avait vraiment beaucoup d’animation. » De nombreux joueurs ont été formés dans des académies françaises, c’est bon pour l’ambiance du vestiaire « , dit Cornu. » Mais nous avons aussi des joueurs expérimentés et les jeunes ont compris dès les deux premiers matches que ce championnat serait très physique, qu’ils avaient intérêt à se battre pour chaque ballon. »
Regards vers le haut du tableau
Ils doivent donc s’adapter et être attentifs. Lors du match contre l’Union, par exemple, l’attaquant brésilien Crysan a parfois eu tendance à faire un geste technique de trop. Et à Westerlo, c’est suite à une de ses pertes de balle en milieu de terrain que le Cercle a encaissé. Mais l’équipe a déjà montré qu’elle avait du potentiel. En préparation, elle n’a pas perdu un seul match et a battu des équipes comme l’Antwerp, Lokeren ou Willem II. Elle a également réussi son début de championnat et le public apprécie. »
» La différence avec avant, c’est que nous prenons des points et que le stress diminue « , dit le président Schotte. » Désormais, on ne parle plus de descente. Nous n’avons plus non plus de soucis pour arriver à l’équilibre financier. Tout le monde le sent : le calme est revenu au Cercle. Nous vivons les choses tout à fait différemment. A Westerlo, nous avons été menés mais au lieu de paniquer, nous nous sommes dit que nous pouvions gagner ce match. »
José Riga apprécie la façon de travailler de Monaco. » La communication est permanente et se traduit par des faits. Ils nous rendent souvent visite et je parle beaucoup avec le directeur sportif. Notre vision du football est la même et nous avons choisi les joueurs ensemble. »
Il est aussi très satisfait de la mentalité affichée par le groupe et espère que cela va continuer car la concurrence est énorme, surtout en pointe, avec l’arrivée de Dylan De Belder, meilleur buteur de Proximus League la saison dernière avec le Lierse. Tous ces jeunes joueurs sont venus pour avoir du temps de jeu, leurs aspirations sont fortes mais certains se retrouveront inévitablement sur le banc, voire dans la tribune.
» Il est vrai que nous avons de très bons attaquants « , dit Riga. » Chacun doit trouver sa place et nous devons trouver l’équilibre. Nous connaîtrons sans doute des moments difficiles mais la seule façon de s’en sortir, c’est de travailler chaque jour, quelles que soient les circonstances, et de considérer chaque match comme un nouveau défi. Plus nous serons professionnels, plus nous nous rapprocherons de l’objectif. Sur ce plan, je connaîtrai mieux mes joueurs après dix journées qu’aujourd’hui. »
PAR CHRISTIAN VANDENABEELE – PHOTOS BELGAIMAGE – VIRGINIE LEFOUR
Pour José Riga, la D1B est bien plus exigeante que la CFA où évoluaient les jeunes de Monaco.
» Désormais, on ne parle plus de descente au Cercle. Et nous n’avons plus, non plus, de soucis pour arriver à l’équilibre financier. » Frans Schotte, président du Cercle
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