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C’est en ce terme que l’arrière gauche brésilien a été accueilli à Istanbul. En Turc, cela signifie  » bienvenue « .

Lorsque RobertoCarlos (34 ans) a pris congé du Real Madrid pour rejoindre Fenerbahçe, c’est une véritable légende qui a quitté le stade Santiago Bernabeu. Les chiffres en attestent : les statistiques qu’il a alignées durant les 11 années passées dans la capitale espagnole resteront gravées en lettres d’or dans le grand livre du club.

Lorsque le Brésilien prit la décision de s’en aller, il précisa :  » Pourtant, je me sens toujours apprécié comme au premier jour. C’est un livre rempli de matches, de titres et d’émotions qui se referme « .

A partir du moment où la décision fut rendue publique, les marques d’affection se sont multipliées. Ce n’est pas un joueur comme un autre qui a quitté la Maison Blanche. La sympathie manifestée à l’égard de Roberto Carlos trouve son origine dans sa manière de vivre, très simple, très proche des supporters, qui lui a valu l’estime des socios, au même titre que RaulGonzalez.  » Je me sentais bien au Real Madrid, et j’avais envisagé la possibilité de terminer ma carrière dans ce club, mais les conditions que l’on m’a proposées n’étaient pas proportionnelles aux titres que j’ai remportés. Le parcours que j’ai réalisé méritait plus de respect. J’ai donc préféré en rester là, mais je suis parti en gardant beaucoup de bons souvenirs « , expliqua-t-il alors que l’écusson de Fenerbahçe ornait déjà son maillot.

La sympathie dont jouissait Roberto Carlos à Madrid était aussi perceptible chez les journalistes.  » Depuis son départ, on se sent un peu orphelins « , témoigne CarmenColino, du quotidien madrilène As.  » Roberto Carlos répondait oui à tout : à une interview, à un sourire, à un autographe, à la visite d’un hôpital. C’était un footballeur de qualité, mais avant tout, c’était un être humain de qualité. Il souffrait comme tout le monde, et encore plus, lorsque les problèmes ont surgi. Il m’a confié un jour que, lorsqu’il avait signé au Real Madrid, c’était avec l’idée de remporter une Liga et une Ligue des Champions, avant de s’en aller sous d’autres cieux. Il est finalement resté 11 ans, mais il est quand même parti, en laissant un vide immense. A Fenerbahçe, il devra sans doute oublier son rêve de remporter une Ligue des Champions supplémentaire, mais même s’il doit se contenter de la Coupe de l’UEFA, je sais qu’il sera heureux et qu’il continuera à donner le meilleur de lui-même « .

Aucun trophée individuel : cherchez l’erreur

Pour la majorité des entraîneurs qu’il a fréquentés au Real Madrid – et ils furent nombreux à cause de la période d’instabilité qu’a connue le club sous FlorentinoPerez – Roberto Carlos fut un intouchable. Il a tranché par sa régularité et son attachement à ses couleurs. Alors que FabioCannavaro a accumulé les trophées individuels ces derniers temps, on peut considérer comme une injustice le fait que Roberto Carlos n’ait jamais été récompensé par un prix prestigieux. On peut simplement souligner qu’à deux reprises, en 2000-2001 et 2001-2002, il a terminé en tête du ranking établi par l’hebdomadaire Don Balon, en fonction des cotations attribuées à l’issue de chaque match.

Un seul entraîneur a douté de son rendement : MarianoGarciaRemon, qui l’a écarté de l’équipe durant trois ou quatre matches au cours de la saison 2004-2005. Mais JoséAntonioCamacho, arrière gauche de légende à son époque, n’a eu aucun mal à reconnaître que le Brésilien s’est montré plus décisif et plus influent que lui-même. Roberto Carlos accepte le compliment, mais ne s’y attarde pas :  » J’ai conscience d’avoir écrit certaines des plus belles pages de l’histoire du club, mais ce qui compte le plus à mes yeux, c’est d’avoir pris du plaisir en jouant au football. Je suis un privilégié et je suis heureux de tout ce que j’ai vécu à Madrid « .

Coïncidence ou pas : lors du dernier renouvellement de contrat des Roberto Carlos, sous la présidence de Florentino Perez, Camacho avait joué un rôle important. Bien que le séjour de l’ancien international espagnol sur le petit banc du Real Madrid se soit limité à sa plus simple expression, il avait eu le temps d’informer sa présidence de l’urgence d’une prolongation de contrat, étant donné le rôle clef que le Brésilien était appelé à jouer dans ses schémas tactiques. Roberto Carlos signa donc, en 2004, un contrat le liant au Real Madrid jusqu’en juin 2007, avec une clause de résiliation fixée à 90 millions d’euros.

En juin 2007, le Brésilien a donc décidé de ne pas prolonger. La raison n’est pas unique : en fait, c’est un ensemble de circonstances qui ont indiqué à Roberto Carlos le chemin à suivre, celui qui devait le mener vers la Turquie. Tout le monde ressent, à un moment donné, le poids des ans, et à 34 ans déjà sonnés, la continuité de l’arrière gauche fut mise en doute.  » Peut-être, mais j’ai l’impression que ni RamonCalderon, le président, ni PredragMijatovic le directeur sportif, ne connaissent encore bien le club « , rétorqua le joueur. En outre, deux jeunes arrières gauches, Marcelo et MiguelTorres, frappent actuellement à la porte de l’équipe Première, et on ne pouvait pas leur barrer la route éternellement. On avait aussi, au club, l’impression que l’image de Roberto Carlos commençait à être altérée par le poids des ans. Le joueur en était conscient :  » Au Real Madrid, la pression est permanente, que ce soit en match ou à l’entraînement, et à la longue, elle peut finir par user « . Mais tout de même.

Les chiffres ne mentent pas

Au décompte final, le positif prend nettement le pas sur le négatif. Roberto Carlos a, certes, commis l’une ou l’autre erreur fatale. Il y eut, par exemple, celle commise la saison passée au Bayern Munich, lorsqu’une perte de balle juste après le coup d’envoi provoqua un but précoce des Bavarois qui, au bout du compte, éliminèrent le Real de la Ligue des Champions. Il y eut aussi quelques montées intempestives qui laissèrent des boulevards dans le dos du Brésilien. Il y eut, enfin, quelques interventions un peu trop rugueuses qui valurent un carton rouge à son auteur. Mais, de l’autre côté de la balance, on peut placer les déboulés impressionnants qui firent se lever les spectateurs du stade Bernabeu, les dizaines d’assists délivrés et les nombreux buts inscrits par l’intéressé. L’arrière gauche brésilien représentait un tel danger offensif qu’un entraîneur, BerndSchuster – tiens, tiens, précisément celui qui est actuellement assis sur le petit banc du Real Madrid – décida d’instaurer un marquage individuel sur sa personne, lors des deux rencontres qui opposèrent à l’époque Levante aux Merengues.

Lorsqu’il écouta la recommandation de FabioCapello ( » Président, recrutez Roberto Carlos, de l’Inter Milan « ), LorenzoSanz n’imaginait pas que ce joueur allait lui valoir de telles satisfactions. C’était, certes, il y a 11 ans, et le côté mercantile du football a fortement évolué depuis lors, mais les 3,75 millions d’euros payés à l’époque paraissent aujourd’hui dérisoire en comparaison des 22 millions déboursés plus tard pour JonathanWoodgate ou des 25 millions dépensés pour WalterSamuel.

Les chiffres ne mentent pas, et ceux avancés par Roberto Carlos atteignent des records. Ce défenseur a inscrit 67 buts au cours de sa carrière et est devenu, depuis un bon bout de temps déjà, le joueur étranger qui a joué le plus de matches pour le compte du Real Madrid : avec 370 rencontres de Liga à son actif, il a largement détrôné AlfredoDiStefano, resté figé à 282.

Il faudra s’habituer à voir Roberto Carlos sous un autre maillot. Les aficionados du Real Madrid sont tristes, mais le Brésilien ressent lui aussi une certaine nostalgie.  » J’aurais aimé recevoir en Espagne les mêmes opportunités que celles que l’on m’a offertes en Turquie. Jusqu’il y a peu, j’avais encore du mal à m’imaginer que je pourrais défendre les couleurs d’un autre club, mais le président de Fenerbahçe m’a fait sentir que je pouvais encore être un joueur important « .

Roberto Carlos conclut tout de même sur une note positive :  » Je voulais partir de la même manière que j’étais arrivé : avec un titre. J’y suis parvenu. Aujourd’hui, je ne suis plus Madrilène, mais je porte toujours le Real dans mon c£ur « .

25 millions de supporters

La présentation de Roberto Carlos à Fenerbahçe a déclenché des scènes de folie. Pour la première fois dans l’histoire du club, elle s’est déroulée sur le terrain et pas en salle de presse. Le Brésilien est d’ores et déjà considéré comme le footballeur le plus médiatique du football turc. Ses prestations seront suivies avec attention par 25 millions de supporters : c’est le nombre estimé de sympathisants que compte Fenebahçe à travers le pays.

Roberto Carlos avait déjà fait l’objet de propositions intéressantes du club turc au cours des saisons précédentes, mais les conditions n’étaient pas réunies pour l’inciter à le faire changer de club. Au Real Madrid, selon les termes de son dernier contrat signé en 2004, Roberto Carlos gagnait 4,2 millions nets par an. Il percevra davantage à Fenerbahçe puisque, s’il touche les primes liées à la réalisation des objectifs, il s’enrichira de 6 millions à la fin de chaque saison.

Son contrat porte sur deux saisons, avec option de prolongation, soit comme joueur, soit comme entraîneur. A Fenerbahçe, il est dirigé par un compatriote : le coach n’est autre que Zico, et l’objectif est de remplir les vitrines de nombreux trophées. Le président AzizYildirim, un homme d’affaires actif dans le secteur de la construction, ne demande rien d’autre.

par juan carlos casas (esm) – photos: reuters

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