5 QUESTIONS QU’ON N’OSAIT PAS POSER À Johan Vermeersch
Le RWDM Brussels est en faillite et vous passez votre premier été sans football depuis belle lurette. Ça vous fait quoi ?
Le foot, j’étais dedans depuis une cinquantaine d’années. Ce qui me fait le plus mal, c’est de voir que ce club a été liquidé par le collège des bourgmestre et échevins de Molenbeek. Il y a eu un changement radical après les élections communales de 2012, quand Philippe Moureaux a perdu son écharpe de bourgmestre. De mon côté, j’ai décidé de ne plus investir à partir de janvier de cette année et j’ai essayé de trouver un repreneur. Les autorités communales ne m’ont pas du tout aidé et le club a été victime de revanches purement politiques orchestrées par la nouvelle majorité. Il fallait prendre le PS, Philippe Moureaux et Johan Vermeersch en otage. C’est une déception énorme après tout ce que j’ai investi dans ce club, en énergie et en argent. Il n’a plus été possible d’avoir un dialogue. C’est en dessous de tout. Le plus désolant, c’est que ce club avait une balance financière positive ! On avait un trou de 600.000 euros mais il y a près d’un million à récupérer en créances, par exemple en indemnités de formation de Kouyaté ou via la créance de John Bico. Mais il fallait 400.000 euros pour obtenir la licence en avril et on ne les avait pas.
Vous laissez l’image d’un homme d’affaires brillant mais aussi d’un cas à part dans le monde du foot, avec des excès de langage, des conflits avec vos joueurs,… Cette image vous énerve ou elle vous amuse ?
Ça ne m’énerve pas, ça ne m’amuse pas non plus. Je me suis toujours exprimé en tenant compte de l’éducation que j’avais reçue. Avec moi, ce n’est jamais gris, c’est blanc ou noir. Et je suis direct. Est-ce que j’ai raison ? Peut-être, peut-être pas. Mais j’ai toujours été moi-même. Je n’ai jamais voulu entrer dans le moule de notre société, qui est la société de l’hypocrisie. Entre 60 et 80 % des gens sont des hypocrites. En premier lieu les politiciens.
Que fait un Johan Vermeersch qui ne s’occupe plus d’un club ? Il regarde le Tour de France ? Il va à la pêche ?
Je m’occupe de mon entreprise de construction et je fais le maximum pour remettre au liquidateur du RWDM le dossier le plus propre possible, pour qu’il puisse payer un maximum de personnes auxquelles le club doit de l’argent.
Les présidents de clubs de D2 qui sont pour la plupart condamnés à y rester une éternité, vous les applaudissez ou vous les plaignez ?
Très bonne question. Chacun doit agir en son âme et conscience. Moi, j’avais un lien émotionnel très fort avec mon club. Est-ce le cas de tous les présidents ? Pas sûr. En tout cas, je dis comme Edith Piaf : je ne regrette rien ! Même pas les montants énormes que j’ai dépensés dans le football. Je l’ai fait avec tout mon coeur. Quand je repense à tout ça, c’est encore plus dur de digérer les événements des derniers mois. Des supporters qui défilent en cortège, en collaboration avec les autorités communales, pour réclamer mon départ, c’est sidérant. Demander que je m’en aille, c’était une chose. Mais ils n’avaient rien derrière, aucune alternative. En résumé, ils ont défilé pour réclamer la mort du RWDM. Est-ce qu’ils sont contents maintenant ? Je suppose, hein…
Cette saison, vous irez voir les matches du White Star en vous déguisant ou vous avez acheté un abonnement à Anderlecht ?
Ni l’un ni l’autre. Tu sais quand même que j’ai construit le stade d’Anderlecht et l’école qui est dans le parc ? Mais ça ne change rien, ce n’est pas pour ça que j’ai envie d’aller voir des matches là-bas. Il ne faut jamais dire jamais, mais c’est vraiment peu probable. Par contre, retourner au Stade Machtens, là je dis : jamais ! Aller voir dans le stade du RWDM un White Star qui n’a rien à voir, qui n’y a pas sa place ? Non mais… La commune a éliminé son propre club puis permis au White Star de jouer dans son stade, c’est ahurissant.
PAR PIERRE DANVOYE
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