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Vaccin, gel, pilule… Les avantages et les risques des nouveaux moyens de contraception masculine 

Stagiaire Le Vif

Slip chauffant, vaccin contraceptif, pilule contraceptive… Si le gel hormonal devrait arriver prochainement, les autres moyens de contraception masculine sont toujours en phase expérimentale. Quels sont les avantages et les inconvénients de ces nouvelles méthodes ?

Depuis quelques années, la contraception masculine fait parler d’elle. Daniel Murillo, médecin spécialiste en fertilité et andrologie, constate depuis trois ou quatre ans une augmentation nette de l’intérêt des jeunes générations, âgées entre 20 et 30 ans. Une façon pour les hommes de contrôler leur fertilité, ou encore de pouvoir partager la charge contraceptive avec leur compagne. Si les techniques officiellement reconnues restent le préservatif, la vasectomie ou encore le coït interrompu, d’autres devraient voir le jour prochainement.

La contraception masculine dite « déférentielle« 

Plusieurs méthodes sont encore en cours de test. L’objectif ? Trouver des procédés qui soient réversibles. Parmi ceux-ci, il y a les vasectomies chimiques telles que le risug (reversible inhibition of sperm under guidance) ou encore le vasalgel. Ces deux techniques consistent à injecter un polymère dans le canal déférent pour former un gel qui va agir comme une barrière chimique. Cette injection intra déférentielle a l’intérêt supposé d’être réversible : le gel peut se dissoudre avec un solvant, le dimethylsulfoxide. 

Amandine Degraeve, médecin spécialiste en urologie et en andrologie aux cliniques universitaires Saint-Luc, explique cependant qu’il y a un problème : « Lorsque l’on fait un spermogramme de l’éjaculat du patient pour voir s’il est de nouveau fertile, on retrouve majoritairement des spermatozoïdes immobiles ou qui présentent des anomalies au niveau de la queue ou encore de la tête. Ça prouve que le passage est donc possible mais, souvent, les spermatozoïdes sont très affectés par le polymère rencontré sur leur chemin et finissent donc par être non-fécondants. »

La contraception thermique

Toujours en cours d’étude, certains moyens, comme la contraception thermique, peuvent pourtant déjà être accessibles sur le marché belge. Ce type de contraception masculine peut se présenter sous la forme d’un slip ou encore d’un anneau chauffant à porter pendant une durée relativement faible. Le docteur Degraeve détaille : « Ces méthodes vont remonter les testicules au niveau des canaux inguinaux. Le climat de production des spermatozoïdes se fait à température légèrement augmentée. On observe, après quelques semaines voire quelques mois, un taux de spermatozoïdes en forte diminution. Autrement dit, une concentration en spermatozoïdes dans le sperme qui diminue et qui octroie, dès lors, une contraception. »

Ce moyen de contraception masculine n’a cependant pas encore assez fait ses preuves que pour être scientifiquement validé. Une attention plus particulière devrait également être adoptée par les patients ayant eu, au préalable, des interventions au niveau des testicules. En effet, les patients atteints de cryptorchidie (naissance avec des testicules plus hauts implantés) et qui auraient subi l’orchidopexie (traitement chirurgical d’une cryptorchidie) ont des testicules plus fragiles.

La contraception masculine peut aussi être hormonale 

Parmi les contraceptions masculines, deux types de contraceptions hormonales sont en cours d’élaboration. La première se présente sous la forme d’un gel et s’administre par voies intramusculaires. Elle s’applique souvent sur la face externe du bras. L’efficacité n’est pas immédiate, car il faut attendre six semaines pour que la contraception soit effective. Le docteur Degaeve soulève un risque potentiel : la transmission. « Il faut vraiment faire attention à l’environnement et qu’il ne soit pas transmis aux alentours, que ce soit au sein du couple ou auprès d’enfants qui pourraient être en contact avec un taux de testostérones trop important. » Selon Daniel Murillo, médecin spécialiste en fertilité et andrologie, ce gel hormonal contraceptif apparaîtra d’ici 5 à 7 ans. 

La seconde contraception hormonale est une administration de testostérone qui se fait par voie orale. Selon Amandine Degaeve, la difficulté de cette pilule contraceptive est que la testostérone est vite dégradée au niveau de la métabolisation. Plusieurs molécules sont donc encore en cours d’études pour tester leurs efficacités, mais également leurs effets indésirables à long terme

L’immunocontraception

Le dernier moyen de contraception encore en cours de préparation est le vaccin contraceptif. Comme l’explique Amadine Degaeve, l’objectif serait de produire des anticorps anti-spermatozoïdes : « Les anticorps vont cibler des protéines au niveau des spermatozoïdes et donc, induiraient une infertilité. Un spermatozoïde serait par exemple moins mobile. » 

La réversibilité est donc au cœur des discussions dans le monde médical. « Quid de la réversibilité ? Quelle va être la récupération de fertilité pour l’homme ? », s’interroge le docteur Degaeve. Si les contraceptions masculines posent pas mal de questions pratiques, le docteur Murillo soulève une question économique : « Les industries pharmaceutiques peuvent avoir des réticences à investir dans la contraception masculine dans la mesure où elle est estimée comme étant un marché de niche, peu rentable, avec des investissements colossaux. Ça ne les intéresse évidemment pas puisqu’ils viennent de développer diverses générations de contraceptifs hormonaux féminins qui doivent donner un peu de rentabilité après leurs investissements. »

Enfin, si ces différentes méthodes peuvent potentiellement amener une peur liée à un risque d’infertilité, il est important de rappeler que la cryoconservation du sperme existe. Une façon de mettre son sperme en banque pour avoir une certaine sécurité avant une vasectomie ou une utilisation de tout autre moyen de contraception.

Les contraceptions masculines officiellement reconnues : 

Le préservatif : 

Il est le seul contraceptif à protéger les deux partenaires des infections sexuellement transmissibles. Parmi celles-ci, les principales à citer sont : la chlamydia et le gonocoque. Théoriquement, son efficacité est de l’ordre de 98%, contre 85% en pratique

La vasectomie : 

Son efficacité est de 99,9%. Elle requière une intervention en hôpital de jour et sous anesthésie locale la plupart du temps. Cette opération consiste à sectionner le canal déférent, un canal qui conduit les spermatozoïdes depuis le testicule jusqu’au niveau de l’urètre. Amandine Degraeve, médecin spécialiste en urologie et en andrologie aux cliniques universitaires Saint-Luc, précise que l’efficacité n’est cependant pas immédiate : « Il faut attendre une durée de trois mois avant que ce soit vraiment effectif et faire un contrôle ».  

Il y a un aspect négatif majeur à la vasectomie : l’irréversibilité. Cependant, plusieurs études sont en cours pour tenter de rétablir la stérilisation antérieure du patient. Cette opération s’appelle la vasovasostomie. Le taux de succès est cependant fort variable. Amandine Degraeve rapporte les deux éléments qui influencent ce taux : « On a parfois le canal déférent qui, malgré une réanastomose des deux segments préalablement sectionnés, ne permet pas un passage des spermatozoïdes au sein de la suture. Autrement dit, là où on essaye de rétablir la perméabilité, le canal ne la retrouve pas et il y a donc toujours un obstacle. Ensuite, quand on réalise une intervention au niveau du testicule ou de son environnement, on rompt la barrière hémato-testiculaire (une barrière naturelle qui fait qu’on ne s’immunise normalement pas contre nos spermatozoïdes). À la suite de cela, l’organisme peut développer des anticorps anti-spermatozoïdes. Un phénomène qui peut être délétère pour la fertilité future

Le coït interrompu : 

La dernière contraception masculine officiellement reconnue en Belgique est le coït interrompu. Durant le rapport sexuel, l’homme retire son pénis du vagin de la femme avant l’éjaculation. Une méthode dont l’efficacité s’élève à 73%.  

Laura Droesbeke

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