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Si vous avez un burn-out, c’est peut-être un peu de votre faute

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Mal du siècle, le burn-out continue à se répandre comme une trainée de poudre. Et si les employeurs sont souvent pointés du doigt, accusés d’augmenter la pression sur leur personnel, les victimes du phénomène porteraient au moins la moitié de la responsabilité.

C’est ce qu’affirment plusieurs spécialistes interrogés par le quotidien De Standaard. Le problème ? Notre propension à faire plusieurs choses en même temps, non seulement au travail, mais aussi durant nos loisirs. « Autrefois, mon grand-père allumait la radio, s’asseyait dans son fauteuil et écoutait la radio pendant des heures en fumant sa pipe. Aujourd’hui, on n’arriverait plus à faire ça », raconte Ignace Glorieux, professeur en sociologie à la VUB, au Standaard. On aurait en effet l’impression de perdre notre temps.

Si autrefois, on pratiquait le multitasking surtout dans son environnement professionnel, aujourd’hui on l’applique aussi durant notre temps libre, comme s’il fallait être productif dans ses loisirs aussi. Le hic ? On ne le maîtrise pas du tout. « Notre néocortex ne peut prêter attention qu’à un seul sujet à la fois. Donc, si vous devez faire quelque chose qui exige de la réflexion, le multitâche vous rend catastrophiquement inefficace. Votre productivité intellectuelle en souffre énormément », explique le professeur Theo Compernolle, neuropsychiatre spécialisé dans la lutte contre le stress, au journal De Standaard.

« S’il y a quelque chose qui est une perte de temps immense, c’est bien le multitâches. Aujourd’hui, nous trouvons ennuyeux de ne faire qu’une seule chose à la fois, mais c’est une réaction de personne dépendante. C’est une dépendance à être occupé et connecté en permanence. C’est la meilleure méthode pour se consumer », dit-il.

Il n’est pas difficile d’identifier la cause principale de cette dépendance : le smartphone et l’ordinateur. Partout et tout le temps, on a son smartphone sur soi : dans les transports, les embouteillages, en attendant un rendez-vous, il devient en prolongement de la main. La lecture d’un message ou une petite séance sur Instagram nous donne en effet une poussée de dopamine qui nous stimule à chaque fois et nous rend entièrement dépendants de notre smartphone, y compris au boulot.

Inefficacité

Et c’est là que guette le burn-out. En étant connecté en permanence, nous sommes si inefficaces que nous prolongeons notre journée de travail. La moindre irruption exige de l’énergie et de la mémoire. Du coup, on met plus de temps à faire son travail, on est plus stressé et on commet davantage d’erreurs. « Il n’y a pas de surcharges d’informations. On la provoque nous-mêmes », conclut le professeur.

S’il est difficile de quantifier l’impact précis des smartphones dans l’épidémie de burn-outs, les chercheurs constatent une hausse énorme parmi les jeunes travailleurs âgés de 25 à 35 ans. Ces derniers ont dépassé toutes les autres catégories. Difficile donc de se voiler la face : « Le fait d’être connecté en permanence est une cause très importante de burn-out que l’on a soi-même en main. Même s’il y a quelques managers ignorants qui attendent cela de la part de leur personnel, le sentiment de devoir être connecté en permanence vient toujours de l’intérieur – de nous. »

La solution ? Bannir ces moyens technologiques du travail et de l’école ? Pour le professeur, ce n’est pas la technologie qu’il faut bannir, mais la manière de l’utiliser. « Nous devons apprendre à optimaliser la synergie potentielle entre nos technologies et notre cerveau. Mais ce qui est certain c’est que les gens qui arrivent à se libérer de cette manie de faire plusieurs choses à la fois réussiront. Et pas seulement sur le plan professionnel, mais aussi sur le plan des relations, les enfants, la santé, etc. », conclut le professeur.

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