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Pourquoi Philip Morris veut que vous arrêtiez de fumer

Le Vif

850 milliards de cigarettes sont sorties des usines de Philip Morris (qui produit Malboro) l’année dernière. Cela lui a rapporté pas moins de 74 milliards de dollars de bénéfices net. Et pourtant, cette même compagnie vous encourage à arrêter de fumer, écrit The Independent. Pas par philanthropisme: ici, comme ailleurs, le cynisme n’est jamais loin.

6 millions de vies par an, voilà ce que coûte le tabac. Sentant le vent tourner malgré un lobbyisme intense, l’industrie du tabac (qui pèse tout de même 770 milliards de dollars) n’a donc d’autre choix que d’envisager, dans un avenir plus ou moins proche, un monde non-fumeurs. Pour espérer survivre, ils ne doivent pas seulement sponsoriser des campagnes antitabac. Ils sont contraints d’innover. D’être des précurseurs dans le domaine bien particulier des fournisseurs en nicotine plus sains. De trouver la nouvelle cigarette qui serait non, ou moins, nocive.

Remplacer la traditionnelle cigarette par quelque chose d’équivalent et surtout d’aussi rentable n’est pas évident. Comme le précise De Morgen, le centre de recherche en Suisse de Philip Morris, alias le Cube, est depuis des années à la recherche de cette très prometteuse poule aux oeufs d’or.

Le produit le plus « encourageant », toujours selon la compagnie, est le iQOS (prononcer aille-kosi). Un appareil de la taille d’un cigarillo qui chauffe, mais ne brûle pas le tabac. Ce n’est ni fumer, ni vapoter. C’est du « heating », (qu’on pourrait traduire par « chauffer »). Cet appareil produit un souffle chaud de nicotine qui, selon Philip Morris, serait moins nocif que la fumée de cigarette, mais plus « jouissif » que la cigarette électronique. Il est déjà disponible au Japon et dans certains pays européens. Il pourrait être lancé l’année prochaine aux États-Unis.

Deux autres prototypes sont aussi en course. Le premier, le TEEPS, ressemble à une cigarette, mais « où on allumerait une pointe de carbone qui chauffe le tabac ». Le second est STEEM qui fait plus penser à un inhalateur médical. Ce dernier produirait une espèce de sel de nicotine inhalable. Et, bien sûr, ils développent aussi leur propre cigarette électronique. Ces recherches ont déjà coûté près de trois milliards à l’entreprise.

Cependant, si les intentions peuvent paraître louables, « il ne faut jamais croire ce que dit une compagnie de tabac » rappelle Matt Myers, président d’une puissante association antitabac américaine dans The Independent. « Après tout ils ne font que continuer sur leur lancée : ils vendent des produits addictifs. D’ailleurs, le passé l’a prouvé. À chaque fois que Philip Morris a introduit de nouveaux produits, cela a fait grimper le nombre de fumeurs. »

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