La plupart des hospitalisations ont lieu vers la 9e ou 10e semaine ; généralement, les plaintes disparaissent vers la 16e semaine. Si les nausées persistent après 20 semaines de grossesse, nous partons du principe qu'un autre élément entre en jeu. © Getty Images/iStockphoto

Nausées extrêmes: quand les femmes enceintes vomissent jusqu’à 60 fois par jour

Carine Stevens Journaliste Bodytalk

Souffrir de nausées toute la journée au point de ne plus pouvoir manger ni boire, voire de perdre du poids: un problème qui touche 1 femme enceinte sur 200.

La plupart des femmes souffrent de nausées et de vomissements au début de leur grossesse. Chez l’une, cela se limite à un réflexe nauséeux (haut-le-coeur) ou à une régurgitation acide de temps à autre ; une autre sera dégoutée par certaines odeurs tandis qu’une troisième devra vomir régulièrement. Mais pour certaines, les symptômes sont plus sévères. Elles se sentent mal toute la journée, ne peuvent rien avaler. « Quand ces nausées prennent des proportions extrêmes, on parle d’hyperémèse gravidique, une pathologie dont souffre 1 femme enceinte sur 200, explique Charlotte Maggen, gynécologue à l’UZ Brussel. Elles ont continuellement la nausée et vomissent parfois jusqu’à 60 fois par jour. Ce qui peut entraîner des symptômes de déshydratation: peau sèche, tension basse et rythme cardiaque rapide. Auxquels s’ajoute une sensation de faiblesse et de fatigue. En cas de signes de déshydratation et de perte de poids importante (plus de 5% du poids de départ), une hospitalisation s’impose. De même, la présence de cétones dans le sang et l’urine est un signal d’alarme: ces substances sont produites par le corps en cas de sous-alimentation et de dégradation des graisses. »

Cause inconnue

La cause précise de ces nausées de grossesse extrêmes n’est pas connue. « Ce que nous savons en revanche, c’est que ces symptômes correspondent à un pic de l’hormone de grossesse HCG dans le corps. Cette production augmente rapidement au début de la grossesse, atteint un pic vers la 9e semaine et diminue ensuite rapidement à partir de 16 à 20 semaines pour se stabiliser à un faible taux en fin de grossesse. Les nausées de grossesse, normales ou extrêmes, suivent la même courbe. La plupart des hospitalisations ont lieu vers la 9e ou 10e semaine ; généralement, les plaintes disparaissent vers la 16e semaine. Si les nausées persistent après 20 semaines de grossesse, nous partons du principe qu’un autre élément entre en jeu. »

L’hyperémèse gravidique est plus fréquente lors de grossesses multiples. En présence d’une grossesse môlaire caractérisée par un développement anormal du placenta sans embryon (normal), le risque est également plus élevé. « Nous observons ce phénomène aussi chez des jeunes filles, des femmes avec un IMC peu élevé et peu de tissu graisseux, ainsi que chez des femmes qui ont déjà eu des problèmes gastro-intestinaux. Il y a une part d’hérédité aussi: si votre maman en a souffert, il y a plus de chances que vous en souffriez également. » Le risque est grand que le problème se répète lors d’une prochaine grossesse, freinant tout envie d’être de nouveau enceinte.

Désillusion

Lorsqu’une femme enceinte est hospitalisée avec des symptômes de déshydratation, elle reçoit du liquide, en plus de médicaments contre les nausées. « Au début, elle ne reçoit que du liquide et des électrolytes. Mieux vaut être à jeun, pour décharger l’estomac, précise la Dr Charlotte Maggen. Ce n’est qu’après deux jours sans vomissements que l’on introduit petit à petit boisson et aliments faciles à digérer. Si les vomissements persistent, des vitamines supplémentaires sont parfois nécessaires. Sans traitement de ces nausées, des complications graves peuvent se manifester chez la mère. Pas chez le bébé, qui prend ce dont il a besoin. Ces complications se situent surtout au niveau du système nerveux central: confusion, dégradation du tissu musculaire, problèmes de locomotion. Heureusement, elles se font rares: les femmes enceintes sont bien suivies et tirent elles-mêmes la sonnette d’alarme, lorsqu’elles se sentent trop malades ou trop faibles pour aller travailler. »

Les patientes hospitalisées sont souvent abattues et ont besoin de repos, insiste Charlotte Maggen. « Physiquement mais certainement aussi psychologiquement. Le bonheur tant espéré d’être enceinte n’est guère possible dans ces conditions. De plus, l’entourage ne réagit pas toujours avec compréhension. La reconnaissance est pour ces femmes tout aussi importante que les soins médicaux. »

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