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Les bénéfices de la marche à pied remis en cause par la pollution

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

La marche à pied procure de nombreux avantages pour la santé… à condition de bien choisir son environnement, révèle une étude.

Marcher est une des meilleures activités physiques pour le corps et la santé. Selon les nombreuses études menées sur le sujet, la pratique régulière de la marche peut notamment participer à allonger l’espérance de vie et à améliorer sa santé cardiaque. Mais l’effort ne serait pas le seul facteur à prendre en compte pour en retirer le maximum de bénéfices. En effet, selon une étude publiée dans la revue The Lancet, l’endroit de l’activité physique importe. Se promener dans des rues très polluées pourrait annuler une partie des effets positifs attribués à la marche, en particulier chez les seniors.

C’est sur ce public cible que l’étude de terrain a été menée, avec 119 personnes âgées de 60 ans et plus, dont 40 volontaires en bonne santé, 40 personnes atteintes de bronchite chronique stable (plus précisément d’une BPCO ou pneumopathie chronique obstructive stable) et 39 ayant une maladie des coronaires stable. Les chercheurs ont analysé l’incidence sur la santé d’une promenade, deux heures par jour, sur Oxford Street, rue de Londres particulièrement polluée et fortement fréquentée par les bus et les voitures. Ils l’ont comparé à une marche dans Hyde Park, le plus grand parc du centre-ville. Les participants, répartis en deux groupes, ont ensuite échangé leur itinéraire. Après chaque promenade, les chercheurs ont mesuré les concentrations de polluants dans chaque environnement et ont analysé plusieurs marqueurs de santé (capacité pulmonaire, essoufflement, toux, rigidité artérielle…).

Après avoir traversé Hyde Park, les sujets en bonne santé avaient de grandes améliorations de la capacité pulmonaire et du raidissement des artères. Mais après avoir sillonné Oxford Street, si l’amélioration de la capacité pulmonaire était présente mais beaucoup plus modeste, la rigidité artérielle s’était aggravée. Chez les sujets atteints de BPCO ou de maladie coronarienne, l’amélioration de la capacité pulmonaire était négligeable dans les deux endroits, mais les problèmes respiratoires et/ou artériels étaient plus sérieux après avoir promené le long d’Oxford Street. La qualité de l’air semble donc entraver les avantages d’un effort physique comme la marche. « Nos résultats indiquent que dans les rues embouteillées, comme Oxford Street à Londres, les avantages pour la santé de la marche ne l’emportent pas toujours sur le risque de pollution routière », explique Kian Fan Chung, professeur de pneumologie à l’Imperial College de Londres et co-auteur de l’étude.

« Notre étude fournit un message clair pour améliorer la qualité de l’air que nous partageons tous. À Londres, l’introduction de la zone à faibles émissions a eu peu d’incidence sur les niveaux de particules. Des solutions plus radicales, telles que celles récemment annoncées pour éliminer progressivement les taxis noirs alimentés au gazole et les remplacer par des véhicules électriques (…), sont nécessaires », conclut le spécialiste. Les auteurs y voient un motif supplémentaire pour réduire les émissions néfastes des véhicules, en particulier de ceux à moteur diesel, afin que chacun puisse profiter des avantages de l’activité physique.

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