Un enfant reçoit un vaccin contre la méningite dans un camp à l'est du Darfour, dans le cadre d'une campagne de vaccination organisée par l'OMS, 2012. © REUTERS

Les 10 plus grandes menaces pour la santé en 2018

Stagiaire

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dresse la liste des dix menaces auxquelles la santé mondiale risque d’être confrontée en 2018.

Maladies, conflits, malnutrition… l’année 2017 a été ponctuée de situations d’urgence aux quatre coins du monde. « Faute de préparation, de prévention et de riposte en temps utile, 2018 pourrait être pire encore », prévient l’Organisation mondiale de la Santé.

Du choléra à la méningite, en passant par les conséquences des conflits et les intoxications alimentaires, l’OMS liste les menaces les plus importantes qui vont peser sur la santé mondiale cette année encore. « Beaucoup de ces crises pourraient être prévenues et sont souvent le résultat de l’activité humaine », précise l’organisme international.

1. Grippe pandémique

« Une autre pandémie grippale est inévitable », avertit l’OMS. « Dans ce monde interconnecté, ce n’est qu’une question de temps ». D’ampleur mondiale, elle aura des conséquences très étendues : « une pandémie sévère pourrait provoquer des millions de décès et anéantir plus de 1% du PIB mondial. »

« Une pandémie se produit quand un virus grippal apparaît et que la plus grande partie de la population n’a aucune immunité contre celui-ci », explique l’OMS. Le virus en question a donc une nouvelle souche, très différente de celles qui ont déjà été observées chez l’homme et qui peuvent se propager très rapidement.

La grippe peut entrainer des complications sérieuses, voire des décès parmi les populations à haut risque : jeunes enfants, personnes âgées, femmes enceintes, personnel de santé et personnes atteintes d’infections chroniques. Pour ces personnes, la vaccination annuelle est préconisée.

2. Les conflits (armés)

Les soins de santé sont particulièrement et durement affectés par les conflits. Yémen, Syrie, Soudan du Sud, Ukraine, République démocratique du Congo… Les établissements de soins et les infrastructures vitales sont de plus en plus pris pour cible par les parties en conflit. « En de nombreux endroits, plus de personnes sont mortes de maladies traitables et évitables ou de pathologies chroniques que sous les balles et les bombes », déplore l’OMS.

En Syrie, par exemple le système de santé a été fortement touché : en 2017, « plus de la moitié des hôpitaux publics et des centres de soins primaires étaient soit fermés, ou ne fonctionnaient que partiellement. Près des deux tiers du personnel de santé ont fui. De nombreux établissements encore ouverts n’ont pas d’eau potable, d’électricité ou de médicament et matériel chirurgical en quantité suffisante ».

L’organisation pointe également les difficultés d’accès que rencontrent les membres du personnel humanitaire pour délivrer de la nourriture, de l’eau et des médicaments pouvant sauver des vies.

Enfin, en situation de guerre, les attaques chimiques et biologiques représentent aussi un risque majeur.

3. Choléra

Chaque année, le choléra tue près de 100 000 personnes, principalement dans des régions très exposées à la pauvreté et aux conflits. En l’absence de traitement, on peut en mourir en quelques heures seulement.

Malgré l’existence d’un vaccin efficace qui permet de protéger des millions de personnes, il y a chaque année entre 1,3 et 4 millions cas de choléra.

Pour l’endiguer, la solution à long terme reste l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement. Ainsi, pour l’OMS, cette maladie représente « un indicateur de l’absence d’équité et de l’insuffisance du développement social ».

4. Diphtérie

L’OMS note un retour alarmant de la diphtérie dans plusieurs pays du monde. Cette infection respiratoire se propage très facilement, par contact direct entre individus ou par l’air.

Un vaccin existe et est amplement utilisé : on estime que 86% des enfants du monde reçoivent les doses recommandées. Mais les récentes flambées démontrent que dans de nombreux pays, les prestations de soins, dont la couverture vaccinale, demeurent largement insuffisantes.

C’est le cas, notamment au Bangladesh, où l’OMS a constaté à l’hiver 2017 une propagation rapide de la diphtérie dans des camps de réfugiés Rohingyas, dans le district de Cox’s Bazar.

Un enfant, réfugié Rohingya, reçoit un vaccin distribué par l'OMS, avec l'aide de bénévoles et d'associations locales, dans un camp de réfugiés près de Cox's Bazar, Bangladesh, 2017.
Un enfant, réfugié Rohingya, reçoit un vaccin distribué par l’OMS, avec l’aide de bénévoles et d’associations locales, dans un camp de réfugiés près de Cox’s Bazar, Bangladesh, 2017.© REUTERS

5. Paludisme

Chaque année, plus de 200 millions de cas de paludisme sont estimés dans le monde, dans plus de 90 pays. Cette maladie transmise par des piqures de moustiques fait plus de 400 000 décès par an, dont 90% en Afrique subsaharienne.

« En République centrafricaine et au Soudan du Sud, le paludisme fait plus de victimes que la guerre », pointe l’OMS. La pulvérisation d’insecticide sur des moustiquaires et à l’intérieur des habitations permet de lutter efficacement contre la transmission, mais ces outils de préventions manquent encore beaucoup en Afrique subsaharienne.

Les enfants de moins de cinq ans sont particulièrement exposés au paludisme : 70% des décès causés par cette maladie surviennent dans cette tranche d’âge. « Un enfant en meurt toutes les deux minutes », indique l’OMS.

Si, globalement, les taux de mortalité du paludisme sont en baisse, environ la moitié de la population mondiale reste exposée au risque de cette affection fébrile.

6. Catastrophes naturelles

Inondations, ouragans, tremblements de terre et glissements de terrain… Ces évènements engendrent des destructions des dispositifs de soins et de lourdes conséquences sanitaires. Ils provoquent des situations d’urgence qui ont des impacts dramatiques sur la santé publique.

Parmi les catastrophes naturelles se trouvent aussi des évènements extrêmes, dont la fréquence et l’impact ne seront qu’augmentés avec le réchauffement climatique. « Les sécheresses débouchant sur l’insécurité alimentaire et la malnutrition sont souvent associées à des flambées de maladies, tandis que les vagues de chaleur sont à l’origine d’excès de mortalité, en particulier chez les personnes âgées ».

7. Méningite

D’après l’OMS, les risques sont très élevés qu’une épidémie de méningite à grande échelle se déclare. Une épidémie qui pourrait toucher plus de 34 millions de personnes. « Une nouvelle souche virulente de méningite à méningocoque C circule le long de la ceinture africaine de la méningite – menaçant 26 pays – au moment où sévit une pénurie mondiale aiguë de vaccins contre cette maladie », explique l’OMS.

Pour éviter une telle épidémie majeure avant 2019, dix millions de doses de vaccins supplémentaires sont nécessaires, en plus des 2,5 millions déjà réunies et financées par l’OMS et ses partenaires.

À ce jour, même si des vaccins existent depuis 40 ans, aucun vaccin universel n’a encore été découvert. Une personne sur 10 qui a contracté la méningite C en meure, et les survivants ont des séquelles neurologiques sévères.

Un enfant reçoit un vaccin contre la méningite dans un camp à l'est du Darfour, dans le cadre d'une campagne de vaccination organisée par le gouvernement du Soudan et par l'OMS, 2012.
Un enfant reçoit un vaccin contre la méningite dans un camp à l’est du Darfour, dans le cadre d’une campagne de vaccination organisée par le gouvernement du Soudan et par l’OMS, 2012.© REUTERS

8. Fièvre jaune

Depuis le début des années 2000, on assiste à une résurgence de la fièvre jaune, une maladie virale qui avait décimé les populations durant les siècles passés. Plus de 40 pays sont actuellement considérés comme à haut risque sur le continent africain et en Amérique latine.

On dispose aujourd’hui d’un vaccin « extrêmement efficace, sûr et peu coûteux » qui protège à vie de ce virus transmis par les moustiques. Des campagnes de vaccination de masse ont été menées par l’OMS.

9. Malnutrition

En 2016, l’OMS estimait à 815 millions le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde. Un chiffre en hausse par rapport à 2015. « Cette remontée récente, qui fait suite à une baisse prolongée, pourrait signaler une inversion de la tendance », signale l’OMS.

Les conflits font partie des causes premières des famines et des crises alimentaires récemment réapparues. En effet, d’après les estimations de l’association, plus de la moitié des personnes sous-alimentées dans le monde vivent dans des régions touchées par un conflit. « Cette année, au Yémen, 7 millions de personnes courent un risque de malnutrition et 17 millions restent exposés à l’insécurité alimentaire. Au Soudan du Sud, près de la moitié de la population est confrontée à une insécurité alimentaire sévère ».

Les jeunes enfants sont fortement touchés par les pénuries alimentaires : « à l’échelle mondiale, 45% des décès d’enfants de moins de 5 ans sont liés à la dénutrition ». Pour 2018, rien qu’au Soudan du Sud, l’OMS « s’attend à ce que la malnutrition touche 1,1 million d’enfants de moins de cinq ans ».

Une mère nourrit son enfant avec une pâte à base de cacahuètes pour traiter la malnutrition sévère dans un hôpital soutenu par UNICEF, Juba, capitale du Soudan du Sud, 2017.
Une mère nourrit son enfant avec une pâte à base de cacahuètes pour traiter la malnutrition sévère dans un hôpital soutenu par UNICEF, Juba, capitale du Soudan du Sud, 2017.© REUTERS

10. Intoxications alimentaires

Les aliments impropres à la consommation regorgent de bactéries, virus, parasites ou substances chimiques nocives. Ils peuvent provoquer plus de 200 maladies : des affections diarrhéiques, les plus courantes, jusqu’au cancer.

On estime que 600 millions de personnes dans le monde (près d’une personne sur 10) tombent malades chaque année après avoir consommé des aliments contaminés. Et 420 000 en meurent.

Ici encore, ce sont les enfants de moins de cinq ans les plus touchés (40%). 125 000 d’entre eux meurent chaque année de l’ingestion d’un aliment contaminé.

Des cas d’intoxication alimentaire sont signalés partout dans le monde : « l’Afrique du Sud se bat actuellement contre la plus grande flambée de listériose jamais enregistrée. En 2017, une flambée de salmonellose a conduit au rappel de lait pour bébé contaminé d’une marque française dans plus de 80 pays et territoires dans le monde ».

Oriane Renette.

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