Le molnupiravir efficace contre le covid: « les données chiffrées manquent »

Le Vif

Le géant pharmaceutique Merck et un laboratoire Ridgeback Bio ont annoncé des progrès dans la conception d’un médicament administré par voie orale contre le Covid. Leur antiviral aurait des effets positifs dans la réduction de la charge virale.

Fin janvier, Merck a interrompu son travail sur deux potentiels vaccins contre le Covid, mais a continué ses recherches sur deux traitements contre la maladie, dont le molnupiravir, développé avec la société américaine Ridgeback Bio.

« Le molnupiravir a réduit de façon significative la charge virale chez les patients au bout de cinq jours de traitement », a indiqué l’entreprise samedi lors d’une réunion avec des spécialistes des maladies infectieuses. Les résultats de cette étude, « à savoir une diminution plus rapide de la charge virale chez des individus ayant le Covid-19 en phase initiale et ayant reçu du molnupiravir, sont prometteurs », a assuré William Fischer, l’un des directeurs de l’étude et professeur de médecine à l’Université de Caroline du Nord.

« Concernant le molnupiravir, je ne trouve sur internet que les échos d’un communiqué de presse, qui – conformément à sa vocation – reste très vague sur la résolution plus rapide de la charge virale chez les patients traités, explique la docteure Michèle Langendries, directrice médicale au Journal du médecin ».

« Aucun impact sur la mortalité n’a pu être constaté »

La phase 2a du test (les essais comptent trois phases avant la possible commercialisation) du molnupiravir a été conduite sur 202 patients non hospitalisés, ayant le Covid-19 avec des symptômes. Il n’y a eu aucune alerte en termes de sécurité, et « sur les quatre incidents sérieux rapportés, aucun n’a été considéré en lien avec le médicament étudié », a précisé le laboratoire.

Reste que « les données chiffrées et analyse statistique manquent, poursuit Michèle Langendries. Nous devons garder à l’esprit que la preuve d’un intérêt réel devra être livrée, soit par une étude chez des patients symptomatiques, démontrant de préférence un effet sur la mortalité ou, à tout le moins, une réduction du risque d’hospitalisation/de la durée des symptômes. Soit par une étude de transmission, démontrant qu’une personne infectée court moins de risque de contaminer ses proches dès lors qu’elle est traitée par molnupiravir. Il est bon de rappeler que le remdésivir freine lui aussi la réplication du SARS-CoV-2. Mais de par la ténuité de cet effet, aucun impact sur la mortalité n’a pu être constaté »

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