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La DMLA, un fléau qui frappe de plus en plus tôt

Mailys Chavagne

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), maladie qui entraîne une baisse progressive de la vision centrale, touche un nombre croissant de personnes de plus en plus tôt sous sa forme agressive. En Belgique, une personne sur dix serait aujourd’hui atteinte de cette maladie après 50 ans.

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est une maladie généralement héréditaire (mais pas toujours) qui se caractérise par une perte progressive de la vision centrale provoquée par la dégradation d’une partie de la rétine, la macula. Cette maladie est une des causes principales de malvoyance après 60 ans.

On distingue deux formes de DMLA:

  • la DMLA sèche: c’est la forme de DMLA la plus fréquente, elle concerne 90% des patients. Elle se caractérise par un amincissement de la macula, jusqu’à la perte des photorécepteurs. Son évolution est lente.
  • la DMLA humide: moins répandue, elle ne concerne que 10% des patients. Cette forme se caractérise par l’apparition de vaisseaux anormaux intra ou sous rétiniens ainsi que des écoulements humides au niveau de la rétine, appelés oedème. Elle évolue plus rapidement que la DMLA sèche et entraîne un risque plus important de perte majeure de la vision.

Cette maladie est considérée comme chronique et évolutive: au début, la personne qui en souffre va surtout constater une perte des couleurs, une détérioration des contrastes, une vision qui devient de plus en plus floue. « Même avec des verres correcteurs, que vous portiez des lentilles ou des lunettes, vous allez avoir une baisse soudaine de votre acuité visuelle », explique Rafal Naczyk, porte-parole d’Eqla, une ASBL qui agit au quotidien avec et pour les personnes aveugles et malvoyantes. La DMLA va surtout toucher la vision centrale et la vision fine.

Viennent ensuite les symptômes plus désagréables, comme la déformation des lignes droites et l’apparition d’une tache noir – qu’on appelle scotome – en plein milieu de la vision. « In fine, vous n’allez jamais perdre totalement la vue, vous n’allez jamais devenir aveugle à cause de la DMLA », rassure Rafal Naczyk. « Mais c’est une maladie qui va vraiment agresser votre vision centrale. Vous n’allez donc garder qu’une vision périphérique. »

10% des patients ont à peine plus de 50 ans

En Belgique, près de 200.000 personnes sont atteintes de DMLA. « Traditionnellement, c’est une maladie qui touche plutôt les personnes âgées », précise le porte-parole. « 50% des Belges vont développer une DMLA après 80 ans. Quand on passe à la tranche d’âge inférieure – c’est-à-dire entre 70 et 80 ans -, trois Belges sur 10 qui sont atteints de la maladie, donc 30% de la population. »

Mais depuis quelques années, l’apparition d’une nouvelle tendance inquiète la communauté scientifique: un rajeunissement de la population atteinte de DMLA. Aujourd’hui, 10% des citoyens souffrent de DMLA dès l’âge de 50 ans.

En cause: les modes de vie et de consommation. Outre les prédispositions liées à l’âge, « le tabagisme va également être un facteur déclenchant. Ainsi que le sédentarisme, l’obésité, le diabète, le manque d’accès à la lumière naturelle… De plus en plus d’études pointent l’incidence de la lumière bleue, de la surexposition aux écrans », détaille Rafal Naczyk. Qui précise néanmoins : « Pour le moment, il n’y a pas encore de consensus scientifique quant à la lumière bleue, mais quelques études commencent à pointer ce phénomène ».

Selon lui, il faut prévoir une augmentation de 33 à 40 millions de cas de DMLA dans le monde entre 2021 et 2031, dans les pays industrialisés. « Cela représente une croissance annuelle de 2% », insiste-t-il.

Au point de s’inquiéter pour les plus jeunes générations? « Honnêtement, je ne le crois pas », rassure le porte-parole d’Eqla. « Cela reste quand même, par définition, une maladie liée à l’âge. »

Pas encore de traitement, mais…

Il n’existe à ce jour aucun remède pour soigner la DMLA. Seule la forme humide de la maladie connaît un traitement capable de ralentir sa progression, mais non de la guérir complètement. « Le traitement de la DMLA humide consiste à injecter tous les mois une molécule dans le vitré », soit cette cavité oculaire située en arrière du cristallin qui contient une substance transparente, gélatineuse composée d’acide hyaluronique et de collagène.

« Cette injection est couramment pratiquée », assure le docteur Reza Ladha, chirurgien ophtalmologiste à l’ULB. « On doit donc injecter des médicaments qui sont en fait des anticorps anti VEGF (NDRL: Vascular Endothelial Growth Factor – Facteur de croissance de l’endothélium vasculaire), pour bloquer l’apparition des mauvais vaisseaux caractéristiques de la DMLA humide. » Un traitement facile, mais néanmoins contraignant pour les patients. « Le problème, c’est que ce traitement est chronique. L’anticorps ne reste dans l’œil que durant 4 à 6 semaines. » Les patients doivent donc se rendre au moins une fois par mois chez leur ophtalmologue pour recevoir une injection.

Ce traitement est donc à la fois lourd et coûteux. « Ce geste est fort invasif, des complications peuvent arriver. Et cela a aussi un impact socio-économique important », regrette le spécialiste. Car même si le traitement est remboursé, cela représente un énorme coût pour la société, surtout si la DMLA est décelée chez une personne âgée d’à peine 50 ans. Raison pour laquelle les ophtalmologues tentent aujourd’hui de trouver une alternative plus efficace et moins invasive.

Nouvel espoir: vers une thérapie génique?

Depuis peu, le monde médical dirige ses efforts vers une autre forme de thérapie, la thérapie génique, déjà employée pour d’autres pathologies. L’objectif: pouvoir un jour soigner définitivement les deux formes de DMLA. Le dr Ladha participe lui aussi à cette recherche. « Nous essayons d’optimiser une nouvelle technique chirurgicale qui va servir pour cette thérapie génique en cours de développement », explique le chirurgien ophtalmologiste.

Cette thérapie consiste à introduire dans les cellules de l’organisme un gêne chargé de coder pour éliminer une protéine déficiente ou, au contraire, en créer de nouvelles qui auront des capacités supplémentaires capables de guérir une maladie. « Au niveau de la DMLA, l’idée serait d’aller introduire un gêne d’intérêt, au niveau des cellules touchées, soit pour augmenter leur capacité de défense, soit pour leur donner une capacité de produire le fameux anti VEGF », précise-t-il.

Une thérapie qui aurait donc plusieurs avantages : non seulement, une seule injection suffirait, mais en plus, ce traitement serait capable de guérir les deux formes de DMLA. « On modifie la machinerie cellulaire afin de lui apprendre à produire elle-même le traitement », se réjouit Reza Ladha.

Une procédure qui nécessite néanmoins plus de précision et de doigté, selon lui: « On doit faire une injection ‘sous-rétinienne’ qui est mille fois plus compliquée. Ce n’est donc pas du tout un traitement à la portée d’un ophtalmologue. » D’où cette nécessité d’améliorer la technique chirurgicale. « Il faut s’aider d’une assistance robotisée. L’œil demande une telle précision qu’on ne sait pas utiliser les robots classiques déjà sur le marché. Nous avons donc établi une collaboration scientifique entre l’ULB et Preceyes, une startup créée à l’Université d’Eindhoven qui est à la base du développement d’un système robotisé pour les maladies de la rétine. »

À l’avenir, si les recherches sont concluantes, le Chirurgien à grand espoir de pouvoir développer une chirurgie robot-assistée permettant de réaliser l’injection des médicaments de thérapie génique visant à guérir la DMLA de manière parfaitement standardisée et reproductible pour tous les patients. 

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