Facebook a annoncé vouloir partager les informations sociales et médicales des patients connectés "pour renforcer la qualité de leur suivi". © maxpixel.net

Facebook s’intéresse de près à nos données santé

Stagiaire Le Vif

Le groupe avait déjà tenté d’approcher des hôpitaux pour récolter les dossiers de patients. Aujourd’hui, Facebook plaide pour un accès facilité aux données sociales de ces derniers, afin  » d’optimiser leur traitement « .

« Les facteurs sociaux et comportementaux sont déterminants pour notre santé ». C’est ce qu’a déclaré Freddy Abnousi mercredi, lors d’un sommet à Minneapolis, rapporte la chaîne américaine CNBC. Le cardiologue, à la tête du département de Facebook consacré à la recherche médicale, propose donc d’élargir l’éventail des informations personnelles de patients accessibles aux médecins. Pour l’instant, aux Etats-Unis, celles-ci se limitent à trois facteurs-clefs ayant une incidence directe sur la mortalité : la génétique, l’exposition à des éléments dangereux comme l’amiante, et l’accès à des soins de qualité.

Freddy Abnousi n’a cependant pas mentionné l’éventualité que Facebook ou Instagram fournissent ces informations, martelant que « la réelle compréhension de ces déterminants sociaux devrait être notre objectif premier ». Philanthrope, Facebook ? Rien de moins sûr. En avril, CNBC révélait que le cardiologue démarchait secrètement les principaux hôpitaux américains, afin que ceux-ci envoient au groupe les données anonymisées de leurs patients.

Il est possible de retrouver le nom d'un patient anonymisé grâce à des coupures de presse. Que dire alors de l'immense base de données appartenant à Facebook ?
Il est possible de retrouver le nom d’un patient anonymisé grâce à des coupures de presse. Que dire alors de l’immense base de données appartenant à Facebook ?© Capture d’écran techscience.org

Comme le notait un article du Washington Post relayé par Gizmodo.com, cette « anonymisation » permet surtout de contourner la loi fédérale sur la nécessité d’obtenir le consentement des patients. Le site français DSIH, spécialisé dans la protection des données hospitalières, expliquait notamment : « Facebook parle de l’utilisation d’un « hash », une empreinte numérique qui permettrait de faire le lien entre le patient et son compte. Des données « anonymisées », mais pas pour le groupe, qui pourra réauthentifier les patients. »

De quoi créer une vaste base de profils médicaux monnayables, pouvant intéresser fortement les assurances ou même « Facebook Health, l’équipe dédiée au marketing pharmaceutique », comme le signale DSIH. Le groupe assure cependant avoir stoppé sa campagne auprès des hôpitaux en mars, après l’éclatement du scandale Cambridge Analytica.

Juliette Chable

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