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Est-il malin de faire des bébés en période de pandémie?

Muriel Lefevre

Nombreux sont ceux qui se demandent s’il est bien judicieux de vouloir faire des enfants avec le Covid qui rôde. Mais aussi s’ils peuvent voir leur petit-enfant qui vient de naître. Le point sur les risques en cas de grossesse, pour le bébé et pour les proches.

Lors d’une opération exceptionnelle, Levif.be répond à vos interrogations sur le Covid. Aujourd’hui nous répondons à une question sur les bébés et le covid :

Nous aimerions avoir un bébé, mais est-ce bien prudent avec le Covid ? Est-ce dangereux pour la mère, le futur bébé ? Il y a-t-il un risque de malformation congénitale comme avec le Zika ?

Pour l’instant, on ne sait pas si les femmes enceintes sont plus exposées au risque d’infection par le Covid. Rien n’indique cependant que ce soit le cas. Néanmoins, de manière générale, les défenses immunitaires des femmes enceintes sont moins bonnes durant leur grossesse et cela les rend plus vulnérables à diverses infections qu’elles soient bactériennes ou virales.

Selon les études disponibles, les femmes enceintes risquent d’avoir également légèrement plus des complications que les femmes non enceintes si elles contractent une infection par le Covid. Mais ce risque accru est similaire à ce que l’on constate pour d’autres infections des voies respiratoires comme la grippe par exemple. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on conseille aux femmes enceintes de se vacciner contre cette maladie saisonnière.

Il y aurait aussi légèrement plus de naissances prématurées chez les femmes qui attrapent le Covid au cours des derniers mois de leur grossesse. Plus surprenant par contre, le nombre total de naissances prématurées ont, elles, diminuées depuis le début de l’épidémie. Cette baisse serait due aux mesures d’hygiène visant à prévenir la propagation de la maladie. En se lavant et en se désinfectant plus souvent les mains, on prévient d’autres infections qui peuvent provoquer des naissances prématurées.

Il n’y a pas non plus, à l’heure actuelle, de preuve d’un risque accru de fausse-couche lorsque la mère est infectée. Au vu des études disponibles, on ne sait toujours pas non plus avec certitude quel est le risque que la femme enceinte transmette le virus à son foetus et si quel impact cela a sur le développement ultérieur de ce dernier. Pour l’instant toujours, rien ne semble indiquer que le virus soit réellement tératogène (soit qu’il provoque des malformations au niveau de l’embryon, donc lors du premier trimestre de la grossesse). Les chercheurs restent cependant prudents et indiquent que des études sont encore nécessaires sur l’impact exact du virus sur le nouveau-né. On notera que ce serait surtout la fièvre élevée et prolongée, liée à l’infection, qui augmenterait le risque de fausse-couche, d’accouchement prématuré, de malformations foetales, de mort foetale in utéro ou de décès néonatal. Un autre risque lié au Covid pourrait être un possible déclenchement prématuré de la naissance parce que la mère présente une forme grave de la maladie nécessitant une prise en charge aux soins intensifs.

Puis-je contaminer un bébé et un bébé peut-il contaminer les autres ?

Là aussi, en l’état, pas de certitudes absolues.

On sait que le virus peut être transmis de la mère à l’enfant pendant la fin de la grossesse ou l’accouchement, comme pendant l’allaitement. On sait aussi que cela arrive très rarement et que les bébés affectés deviennent très rarement très malades après une infection. Comme le précise Le Ligueur dans un dossier très complet consacré au sujet « les enfants semblent peu touchés par le virus et présentent le plus souvent des infections asymptomatiques ou paucisymptomatiques, c’est-à-dire que votre nourrisson peut présenter des symptômes sans que ceux-ci soient mesurables ».

Il est aussi peu probable que le nourrisson transmette la maladie à ses parents, frères et soeurs ou encore grands-parents, si on respecte les règles de sécurité d’usage.

Dans ce même ordre d’idée, l’allaitement reste encouragé, car les bénéfices (des anticorps spécifiques ainsi que des propriétés antivirales, mais aussi anti-inflammatoires) seraient plus importants que les risques. Même constat pour le fait de prendre son bébé dans ses bras ou de faire du peau à peau.

Le Covid nuirait fortement à la qualité du sperme, mais c’est probablement passager

Une étude belge parue cette semaine indique que le Covid pourrait avoir un impact négatif sur le sperme. Cette étude, toujours en cours, est menée par le centre de recherche Femicare en collaboration avec l’hôpital universitaire d’Anvers, le laboratoire anversois AML et l’hôpital Oost-Limburg (ZOL). Une première analyse, réalisée sur 26 hommes, suggère des conséquences potentiellement importantes au niveau génétique, de la quantité de spermatozoïdes et de leur mobilité. Pour une majorité de ces volontaires, la qualité du sperme est sensiblement plus basse que la moyenne. « Nous n’avons pas d’échantillon pré-coronavirus mais les dégâts sont suffisamment clairs que pour parler d’indices naissants », précise Gilbert Donders. La bonne nouvelle c’est que chez les premiers volontaires, un deuxième échantillon, quatre à cinq mois plus tard, a montré que la situation s’était améliorée, mais cette amélioration s’avère lente.

Autre point rassurant, le gynécologue souligne qu’on n’a pas trouvé de trace de Covid dans le sperme. Le virus ne se transmettrait donc pas sexuellement. Ce qui veut dire, qu’en l’état, il ne serait pas dangereux de faire des enfants. Juste que la fécondation pourrait prendre plus de temps.

Qu’en est-il de la procréation médicalement assistée ?

La fécondation in vitro (FIV) est une technique de procréation médicalement assistée (PMA) ou l’ovocyte est fécondé par le spermatozoïde non pas dans le corps de la femme, mais dans une éprouvette au laboratoire. En Belgique, plus de 5.000 bébés naissent tous les ans suite à un tel traitement.

En PMA, on considère dès lors qu’il faut, par sécurité, attendre 40 jours après le début des symptômes avant d’entreprendre un traitement, quel qu’il soit. Des examens complémentaires, tels que des analyses sanguines spécifiques au virus, un frottis de nez et de gorge voire un scanner pulmonaire pourront être demandés à différentes étapes de la prise en charge et au minimum une fois dans les jours qui précèdent la ponction ovocytaire. En fonction des résultats, le traitement pourra être arrêté ou modifié et ce quelle que soit l’étape. En d’autres termes, ce n’est donc pas parce qu’on commence un traitement que l’on est assuré d’aller jusqu’au bout. Seront aussi privilégiés les traitements qui minimisent le nombre de contrôles et d’examens complémentaires.

La chose s’est encore compliquée avec la seconde vague et l’introduction de la phase 2A au sein des hôpitaux. Depuis tous les traitements de fertilités ont, à nouveau, été mis à l’arrêt pour minimum un mois, car jugé non urgent. Avec la légère baisse des derniers jours, certains hôpitaux, comme l’UZ Bruxelles à Jette, reproposent partiellement ce service. Seront par exemple possibles, à partir du 17 novembre, le replacement d’embryons congelés ou les inséminations pour les patientes déjà connues. Les stimulations ovariennes et la réalisation de Fécondation in vitro ne sont par contre pas encore possibles. C’est pour l’instant encore au cas par cas et pour plus d’informations n’hésitez donc pas à reprendre contact avec votre centre de fertilité.

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