En 2019, le Zolgensma est devenu le médicament le plus onéreux du monde. © ISOPIX

En 2019, le prix des médicaments s’affole

Mélanie Geelkens
Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Près de deux millions d’euros : jamais un médicament ne s’était vendu aussi cher que le Zolgensma. Tant pis pour les patients et les caisses publiques.

Il n’avait pas tout, tout compris, ce Liégeois de 14 ans. Pia l’avait ému au point d’envoyer 722 sms. 722 sms… à deux euros pièce. Soit 1 444 euros la facture, que sa mère avait découverte en fin de mois. Un accord secret avait finalement été trouvé avec l’opérateur, Orange. Et même sans cette insouciante générosité adolescente, les deux millions d’euros (1,9, précisément) furent récoltés. En trois jours, grâce à une campagne de dons organisée, en septembre, via les réseaux sociaux par les parents de ce bébé, alors âgé de 9 mois.

1,9 million. Le prix du Zolgensma, le traitement médical le plus cher au monde, commercialisé par la firme Novartis pour traiter l’amyotrophie spinale. Une maladie génétique rare qui, en Belgique, touche en moyenne une personne sur 11 000, et qui entraîne progressivement une atrophie des muscles.

1,9 million. le prix d’une vie, selon Novartis ? La firme a tenté de se justifier. Les coûts de la recherche, du développement, de l’innovation… Même si, en fait, tout ça, c’était surtout la start-up qui avait mis au point ce médicament qui l’avait investi, puis ensuite revendu, pour 7,4 milliards d’euros. Le prix de la rentabilisation, donc. Peu de demande, offre indécente.

Car le prix de certains médicaments l’est vraiment devenu, indécent. Talia, 10 ans, qui souffre d’un déficit d’immunité primaire, a, elle, besoin du Strimvelis (conçu par GSK et revendu à Orchard Therapeutics) : 600 000 euros. En octobre, la mutualité chrétienne publiait une étude démontrant que dix médicaments représentaient à eux seuls 42 % des dépenses annuelles (en officine hospitalière). Entre 2014 et 2018, le coût pour l’assurance soins de santé est passé de 4 à 4,5 milliards d’euros. Les traitements contre le cancer, en particulier, deviennent de plus en plus onéreux.

Pas uniquement parce qu’il y a plus de patients à traiter. Parce que les firmes pharmaceutiques pensent parfois qu’elles peuvent s’en donner à coeur joie. Comme avec l’Avastin et le Lucentis, une polémique qui a surtout retenti en Flandre. Le premier (Novartis) soigne d’abord le cancer, mais est utilisé dans les faits pour traiter une pathologie oculaire. Il coûte 40 euros. Le second a été commercialisé par Roche uniquement pour cette même pathologie musculaire. Il coûte 700 euros. Parfois, le patient se demande s’il a tout, tout compris.

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