La pilule abortive est utilisée dans le cadre d'une interruption volontaire de grossesse par voie médicamenteuse. © Belga

Efficacité, risques, fonctionnement: tout savoir sur la pilule abortive, dont l’autorisation est menacée aux Etats-Unis

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

En Belgique, 38% des interruptions volontaires de grossesse sont réalisées par voie médicamenteuse, grâce à l’administration d’une pilule abortive. A quelles conditions peut-on y recourir ? Quelle est son efficacité ? Peut-elle entraîner des risques pour la santé ? Le Vif fait le point avec Charlotte Garin, assistante en gynécologie à l’hôpital Erasme.

Elle est au cœur des débats sur le droit à l’avortement aux Etats-Unis. D’abord menacée d’interdiction, puis finalement autorisée sous restrictions accrues, la pilule abortive est utilisée dans plus de la moitié des interruptions volontaires de grossesse (IVG) outre-Atlantique. Mais comment fonctionne-t-elle en pratique ?

La pilule abortive, contrairement à ce que son nom indique, n’est pas une méthode de contraception. Il faut la distinguer de la pilule classique ou de la pilule du lendemain, qui permettent d’éviter de tomber enceinte. La pilule abortive, elle, permet de mettre fin à la grossesse dans le cadre d’une IVG médicamenteuse, par opposition à l’IVG par voie chirurgicale.

Jusqu’à 9 semaines de grossesse

Concrètement, la pilule abortive consiste en deux médicaments distincts. « On donne d’abord du Mifegyne, qui est un anti-progestatif, explique Charlotte Garin, assistante en gynécologie à l’hôpital Erasme. Le lendemain, on administre du Cytotec, qui sont des prostaglandines qui donnent des contractions utérines pour expulser le contenu. »

L’IVG par voie médicamenteuse est possible jusqu’à 8 ou 9 semaines de grossesse. Comme pour toute IVG, la patiente doit avoir consulté un gynécologue et respecter un délai de réflexion de six jours avant de se voir administrer les médicaments. L’avantage, c’est que la patiente peut avoir recours à cette pratique à son domicile ou dans le lieu de son choix. Elle n’est pas obligée de se rendre dans un centre médicalisé.

Au-delà de 10 semaines de grossesse, la patiente sera obligée d’avoir recours à l’IVG par voie chirurgicale, c’est-à-dire par curetage. « Dans ce cas, c’est une opération, sous anesthésie locale ou générale, précise Charlotte Garin. On procède à une aspiration, c’est-à-dire qu’on va dilater le col de l’utérus, dans lequel on va placer un tuyau qui aspirera le contenu utérin. »

Un taux d’efficacité de plus de 90%

L’IVG par voie médicamenteuse a un taux d’efficacité de plus de 90%. « Dans certains cas, il peut y avoir une rétention, mais cela reste très rare », détaille l’assistance en gynécologie, qui précise également que les risques de réaction allergique aux médicaments sont très faibles. Surtout, l’IVG à l’aide de la pilule abortive permet d’éviter une intervention chirurgicale invasive, qui peut potentiellement abîmer la cavité utérine. « C’est toujours plus risqué de recourir à un curetage que de faire une interruption avec des médicaments, car si on abîme la cavité, cela peut entraîner des facteurs de complications pour une grossesse ultérieure ».

Cela étant, l’IVG par voie médicamenteuse peut être douloureuse. « Les médicaments administrés provoquent des contractions utérines, qui font mal. On donne donc toujours aux patientes des antidouleurs en même temps que ces médicaments », insiste Charlotte Garin.

En Belgique, 6.359 avortements par voie médicamenteuse ont été réalisés en 2021, contre 10.320 par voie chirurgicale. Un chiffre en augmentation par rapport à 2020. Au total, le pourcentage d’IVG par voie médicamenteuse s’élève à 38%, contre 62% par voie chirurgicale.

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