Yves Coppieters - Epidémiologiste (ULB). © belga

Yves Coppieters: « Il n’y aucun intérêt à déclarer la fin de la pandémie de Covid maintenant »

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Peut-on définitivement tourner la page du Covid ? Pour l’épidémiologiste Yves Coppieters (ULB), la «situation pandémique est toujours une réalité.»

Quels sont les critères objectifs pour définir la persistance d’une pandémie ? « Officiellement, elle se traduit lorsqu’on observe des phénomènes épidémiques sur au moins trois continents, au même moment. Avec une augmentation exponentielle des cas, accompagnée de vagues successives », rappelle l’épidémiologiste Yves Coppieters (ULB), pour qui la situation pandémique liée au Covid est toujours une réalité actuelle. « C’est la dynamique de la multiplication du virus qui définit la pandémie. Si, dans plusieurs endroits du monde, on a un taux de reproduction supérieur à 1, des vagues ou des rebonds successifs, on est en situation pandémique. »

Pour l’épidémiologiste, ces conditions sont encore présentes pour le Covid. « L’épidémie est toujours forte en Chine. Si le relâchement des mesures n’a pas entraîné la catastrophe redoutée, on manque tout de même d’informations. Et à certains endroits du monde, d’autres pics épidémiques ressurgissent également. »

Pour Yves Coppieters, il faudrait que le virus circule de façon basse et constante, sans rebondir fortement, pour pouvoir décréter une situation endémique. « On n’est pas encore dans cette situation endémique pour le Covid. Si l’on regarde la courbe des hospitalisations -la plus pertinente-, on voit très bien les rebonds. Qui ne sont pas graves, mais qui montrent qu’il y a encore un potentiel épidémique en continu. »

L’histoire le montre, une pandémie est toujours suivie -plus ou moins vite- d’un retour à la normale. « Mais sous certaines conditions : soit avec des vaccins, soit avec des traitements, soit en étant capable d’isoler les malades en continu pour casser les chaînes de transmission », précise Yves Coppieters. « On n’a jamais connu des pandémies d’une durée de 5 ou 6 ans, car on trouve des solutions soit thérapeutiques, soit préventives, qui cassent la dynamique de l’épidémie. »

Décréter la fin de la pandémie Covid? « Quel intérêt? »

Quant à une possible annonce de l’OMS pour décréter la fin de la pandémie, Yves Coppieters n’y voit pas tellement l’intérêt. « Que voudrait dire la fin de la pandémie ? Faire comprendre que l’épidémie est finie, c’est impossible puisque le virus ne va pas disparaître. On dénombre actuellement plus de 1.000 variants de la souche Omicron. Le virus se multiplie sans mutations dramatiques, mais toujours en quantité. »

L’épidémiologiste fait le parallèle avec le virus du SIDA. « On n’a par exemple jamais dit que c’était la fin de l’épidémie du VIH. Il en sera de même avec le Covid. Le virus qui va continuer à circuler, avec des pics épidémiques, des mutations sévères ou non, qui entraineront des rebonds. C’est vers ce scénario qu’on avance. Dire que tout va disparaitre, personne n’a cette hypothèse en tête. Trouver un traitement qui va détruire le virus semble également illusoire. »

« L’OMS pourra avoir un message disant la situation est sous contrôle à l’échelle mondiale. Mais ce n’est pas encore la réalité actuellement », conclut-il.

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