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Covid: quel plan B pour les hôpitaux belges ?

Le Vif

Jeudi matin, les hôpitaux belges ont reçu une lettre pour demander de créer de la capacité de lits supplémentaire. L’information du quotidien De Standaard est confirmée par Margot Cloet, administratrice déléguée de la coupole néerlandophone Zorgnet-Icuro.

« Nous misons sur 300 lits supplémentaires pour tout le pays, destinés à des patients qui n’ont pas besoin des respirateurs spécifiques aux soins intensifs mais qui nécessitent tout de même des soins plus importants que dans les services normaux », détaille à Belga la directrice générale de la coupole néerlandophone Zorgnet-Icuro, Margot Cloet, confirmant une information du Standaard. « Il s’agit d’une forme intermédiaire de soins infirmiers, motivée par le taux élevé d’hospitalisations. »

« Au rythme de la progression actuelle des admissions Covid-19, notre capacité d’accueil en soins intensifs sera dépassée d’ici une semaine à 10 jours », alertent les fédérations du pays. « Nous serons alors forcés de faire des choix. Tel patient sera pris en charge de manière optimale plutôt qu’un autre. »

Casser les murs

Pour beaucoup d’hôpitaux, il s’agit d’un changement drastique. « Certains hôpitaux vont devoir casser des murs pour installer des canalisations d’oxygène supplémentaires », déclare Geert Meyfroidt, médecin en soins intensifs à l’UZ Leuven au Standaard. « Reste à voir si c’est faisable pour le personnel. C’est le plus grand problème. Ces sections intermédiaires abriteront des patients qui nécessitent plus de soins que la moyenne ».

« Nous allons continuer à étendre notre système, mais il est vraiment grand temps », déclare Margot Cloet au quotidien De Standaard. Elle souligne que de nombreux hôpitaux appliquent déjà cette forme de thérapie. « Ce qui inquiète particulièrement les directeurs d’hôpitaux, c’est qu’il n’y a plus que 800 lits intensifs pour les patients non-covid. Si nous n’allons pas vers un confinement, ce sera de la négligence coupable de la part des politiques. »

« Ce n’est plus un plan B ou un plan C », déclare Geert Meyfroidt, au quotidien De Standaard. « C’est le plan D ou E. Il n’y a plus de solution facile. Les hôpitaux font tout qu’ils peuvent. Le souci, c’est l’ampleur du problème. Nous n’aurions jamais pu laisser les choses aller si loin. »

La lettre envoyée aux hôpitaux belges rappelle les principes éthiques, établis lors de la première vague, à suivre pour prioriser les soins aux patients hospitalisés, ajoute Margot Cloet. « Ces directives doivent garantir que chaque patient reçoit le traitement dont il a besoin à son niveau. Ceux qui ont un pronostic moins favorable doivent ainsi également recevoir le soutien nécessaire », selon Marc Geboers, directeur des hôpitaux généraux de Zorgnet-Icuro.

Accueillir des patients d’hôpitaux dans des maisons de repos et de soins ou dans des infrastructures temporaires érigées sur des parkings n’est pas tout. Encore faut-il disposer du personnel pour les prendre en charge, rappellent les fédérations.

Or, les hôpitaux enregistrent un taux d’absence de 20% à 30% dans les équipes, voire des pics de 40%, pointent Gibbis, Santhea, Unessa et Zorgnet-Icuro. Sans compter le risque de burn out, qui menace après une première vague déjà éprouvante pour les soignants.

Pour les fédérations, la saturation des hôpitaux « s’annonce inéluctable ». Elles appellent dès lors le gouvernement fédéral à renforcer les mesures de confinement actuelles pour tenter d’enrayer la « spirale infernale » des contaminations, décès et admissions.

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