. © Getty

Covid chez les jeunes : jusqu’à un an pour une prise en charge par les services de santé mentale

Les services de psychiatrie pour jeunes, tant les consultations ambulatoires que dans les hôpitaux et les structures intermédiaires, sont submergés de nouvelles demandes, peut-on lire dans une carte blanche envoyée par Sophie Maes, pédopsychiatre à l’Unité pour adolescents du Centre hospitalier le Domaine à Braine-l’Alleud et signée par 83 psychiatres et pédopsychiatres, pour qui « il est urgent de se pencher sur la question de la prévention ».

« Nous constatons depuis plusieurs mois une flambée du nombre de demandes de prises en charge qui nous sont adressées, à tel point que nous n’arrivons plus à les assumer toutes dans les délais qu’elles nécessiteraient », pointent-ils. Pour la majorité des services pédopsychiatriques hospitaliers pour adolescents, le délai avant de pouvoir assurer un accueil se situe entre six mois et un an.

En outre, les psychiatres, les pédopsychiatres, les psychologues, les assistants sociaux et autres intervenants doivent déjà « poser des choix quant aux patients qu’ils peuvent prendre en charge ». Et face à un réseau saturé, « ils n’arrivent que rarement à proposer une réelle solution alternative ».

Cette saturation était déjà sous-jacente, mais a été exacerbée par la pandémie, écrivent ces médecins. « La majorité des personnes qui nécessitent des soins psychiques n’est pas porteuse d’une maladie mentale, au sens médical du terme, mais est constituée de personnes écorchées par la vie ou par le fonctionnement sociétal. Nous pouvons en fait chacun, un jour, nous trouver dans une situation de détresse psychologique si intense que nous devons être aidés par des professionnels. »

Ces professionnels de la santé alerte sur « la faillite actuelle du système de soins en santé mentale, mais aussi de celle de l’aide à la jeunesse, de l’aide sociale, et du monde psychosocial dans son ensemble ». Il est urgent, plaident-ils, « de changer de paradigme, où prévenir vaudrait mieux que guérir et où l’on travaillerait davantage les problématiques à leur racine, afin de diminuer la souffrance psychique, au niveau des individus, des groupes, des couples et des familles, du monde de la petite enfance jusqu’à celui de nos aînés. »

« A eux seuls, les professionnels de l’aide n’arriveront pas à relever ce défi de diminuer significativement, en amont de la sphère des soins, la souffrance des individus et des groupes. L’engagement de chaque citoyen et de chaque politicien est plus que jamais nécessaire pour créer ensemble des conditions d’existence plus favorables », concluent ces 83 psychiatres et pédopsychiatres.

Contenu partenaire