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Contamination par contact au coronavirus: les Pays-Bas modifient leur communication, la Belgique plus prudente

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

La théorie de la contamination par aérosols est l’hypothèse actuellement prédominante dans l’épidémie de coronavirus. La contamination par contact est beaucoup moins probable. Aux Pays-Bas, le gouvernement a déjà adopté sa communication officielle. En Belgique, Sciensano se montre plus prudent.

Au début de l’épidémie de coronavirus, en mars 2020, des recherches aux Etats-Unis avaient montré que le coronavirus pouvait survivre pendant des jours sur le plastique et le carton, ou encore l’acier. Dans la foulée, l’Organisation mondiale de la santé et les autorités sanitaires locales émettaient des recommandations à la population afin de lui enjoindre de faire attention aux poignées de porte, aux boutons d’ascenseur, aux rampes d’escalier, aux chariots de supermarché, entre autres.

Certains consommateurs, de retour de leurs courses, s’acharnant même à désinfecter chaque brique de lait ou sachet de chips avant de les ranger dans les armoires. En effet, après avoir touché ces surfaces potentiellement contaminées par une charge virale, si on touche par inadvertance ses yeux, son nez, ou sa bouche dans la foulée, le risque de contamination existe.

Dès l’été 2020, il est devenu de plus en plus clair que le mode de contamination par contact avec des surfaces était accessoire, comparé au risque de transmission par les gouttelettes de salive et les aérosols que projettent les porteurs du virus. Aujourd’hui, les scientifiques sont d’avis que la contamination par contact de surface n’est pas prédominante et que le virus se transmet principalement par l’air.

La contamination par contact de « possible à « faible »

En avril 2021, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains ont, pour la première fois, qualifié le risque de transmission par les surfaces de « faible », plutôt que « possible ».

La semaine dernière, le RIVM néerlandais, l’homologue de Sciensano en Belgique, a modifié sa communication sur son site web, rapporte De Morgen. On peut désormais y lire : « La probabilité que le coronavirus se propage par des emballages ou des surfaces (par exemple, une poignée de porte, un chariot ou un clavier) semble faible. »

Le RIVM précise que les recherches, par lesquelles tout a commencé en mars, ont depuis été nuancées. L’été dernier, il est apparu que les scientifiques avaient utilisé de très grandes quantités de virus dans leur expérience, à une température et une humidité constantes. Selon le RIVM, il a été démontré en laboratoire que la transmission par des surfaces contaminées est possible, « mais dans des conditions idéales qui se produisent rarement dans la pratique. L’Institut de santé publique continue à encourager la population à bien se laver les mains avec de l’eau et du savon pour limiter au maximum les risques de transmissions du virus.

La Belgique reste prudente

Si les Pays-Bas ont adapté leur communication à ce sujet, en Belgique, Sciensano préfère rester prudent. Le site officiel belge sur le coronavirus (info-coronavirus.be) indique toujours que « les infections indirectes peuvent être causées par le contact avec des gouttelettes infectées sur des objets et des surfaces (par exemple, des poignées de porte) ». Dans la liste des recommandations, la première « règle de base contre le Covid-19 » est de se laver régulièrement les mains.

Le lavage des mains reste un geste essentiel d'hygiène en temps de pandémie.
Le lavage des mains reste un geste essentiel d’hygiène en temps de pandémie. © Getty

Selon le virologue Steven Van Gucht, porte-parole de Sciensano, cité par De Morgen, la prudence reste de mise : « Il est vrai que nous avons relativement peu de preuves d’infections par le biais d’objets au cours de l’année écoulée », déclare le professeur. « Mais comment prouver que quelqu’un a été infecté par un smartphone ou une poignée de porte ? »

Stevan Van Gucht est d’avis que ce serait envoyé un mauvais signal à la population que de minimiser les contaminations par contact. Il explique : « Il y a eu un changement clair. Les objets contaminés semblent être moins importants dans la propagation. Nous devons maintenant nous concentrer sur la bonne ventilation de nos espaces intérieurs. Mais à mon avis, nous ne devrions pas exclure complètement ces objets. Je peux parfaitement imaginer que si quelqu’un qui excrète beaucoup de virus a saisi une poignée de porte avant vous et que vous la saisissez immédiatement après pour vous toucher le visage, cette contamination est certainement possible. »

Le virologue de l’Institut de santé publique belge enjoint la population belge à continuer à suivre ces bonnes règles d’hygiène, en se lavant régulièrement les mains. Désinfecter son chariot de supermarché avant d’aller faire ses courses reste aussi utile, car il y a toujours le risque de toucher une surface contaminée et d’ensuite porter ses mains à son visage. Ces mesures supplémentaires peuvent non seulement lutter contre le coronavirus mais aussi contre toute autre forme de virus. Pour des surfaces fréquemment touchées, un nettoyage une fois par jour avec un détergent ordinaire comme un savon, et non avec un désinfectant, est suffisant, car cela élimine au moins 90 % des traces de virus qui pourraient subsister.

Un danger pour notre immunité ?

Désinfecter des endroits ou des objets, alors que ce n’est plus nécessaire pour nous protéger contre des pathogènes, pourrait aussi nous priver de « bons » microbes et s’avérer contre-productif. La désinfection intensive de notre environnement pourrait ainsi avoir un effet négatif à long terme sur notre système immunitaire. En janvier, des chercheurs dans une étude publiée dans la revue PNAS s’inquiétaient que les règles mises en place pendant la pandémie puissent à la longue affecter le microbiome humain : un environnement plus aseptisé, moins de contacts avec d’autres personnes et moins de voyages appauvrissent la biodiversité microbienne que nous côtoyons quotidiennement. Cela pourrait avoir des conséquences sur les microbes avec lesquels nous vivons en symbiose et, par ricochet, sur notre propre santé, disent les chercheurs. Une hypothèse à vérifier avec plus de recul.

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