Thierry Fiorilli

C’est beau comme le superpouvoir de Maxime Dahan (chronique)

Thierry Fiorilli Journaliste

« A la grande déception de ma mère juive, je ne suis pas devenu médecin. Ni psychologue, au plus grand regret de mon père psy. Pour le moment, je ne suis qu’un jeune de 32 ans, sans travail, sans cheveux et avec un cancer. »

C’est le début du livre de Maxime Dahan, Bruxellois qui a fait les quatre cents coups avant qu’en 2018, bing, une leucémie débarque sans préavis et mette le Bronx dans sa vie qui était justement sur le point de se stabiliser, comme on dit. Un livre extraordinaire. Qui raconte cette belle saloperie mais avec un humour à La Vita è bella de Roberto Benigni , parce que ça « pourrait jouer à mon avantage et bien faire monter mes ventes » et que « le rire est un médicament puissant contre tout type de maladie (et il n’est pas vendu en pharmacie) ». Bref, « tout est organisé de manière à ce que le lecteur n’ait pas besoin de trop réfléchir (je sais que ce n’est pas facile de lire dans un lit d’hôpital) ». Pour autant, « je ne peux pas vous garantir qu’après avoir lu mon histoire, votre cancer sera plus facile à vivre, que vous soutiendrez mieux une personne malade. Je ne vous donne pas de recette miracle, juste des outils qui pourront vous servir à mieux gérer la maladie. »

On peut dire que je me mets complu0026#xE8;tement u0026#xE0; nu (sans poils u0026#xE9;videmment, chimio oblige).

En racontant tout « On peut dire que je me mets complètement à nu (sans poils évidemment, chimio oblige). » Qu’il n’était pas très bon à l’école mais, comme il était sympa, ça passait toujours. Qu’à 18 ans, il émigre en Israël, tant il s’ennuyait ici. Qu’il y fait sciences politiques mais surtout la fête, puis s’y engage dans l’armée. Puis décroche un diplôme en communication, crée une start-up, échec, déménage à Londres, y devient product manager, avant les premiers symptômes puis le verdict: leucémie. Et là, « en une fraction de seconde, mon esprit a rebondi: leucémie -> chauve -> cancer -> mort ».

Sauf que, lui, ce sera leucémie -> chauve -> cancer -> guérison : « Je suis toujours vivant (désolé pour le spoiler). » Son livre raconte comment cet impatient contraint au rôle de patient (revenu du coup à Bruxelles, à Bordet, « the place to be for cancer ») a « vécu » son cancer (d’où le Namaste du titre, ce salut au yoga), sa lettre d’adieu à sa rate (qu’on lui retire), son testament (« un peu rapide vu la maigre quantité de mes biens »), l’importance des « supporters » (famille, amis), son jeu Cartes cancer (trop cool truc), la greffe, les to do list dans la chambre d’isolement – dont « Envoyer des lettres (sur du beau papier à lettres), jouer à Oxo et au pendu derrière la vitre (avec mes visiteurs) et écrire des poèmes (à ma future femme) » – , la guérison, la révision des priorités, un Guide imparfait à la fin, soit ses conseils pour avant le diagnostic, le C-Day, face à la mort, aux traitements, aux autres, à soi.

Un bijou. Un humour qui ne fait pas que rire (un super-héros mais un salaud, ce Max). Un cadeau, splendide. La vie, contre vents et marées. Un grimoire aux superpouvoirs. Ruez-vous dessus. Ce sera bon pour ses ventes aussi (tant qu’à faire).

Namaste cancer, le pouvoir de l’optimisme, par Maxime Dahan, éd. Hugo Doc, collection New Life, 2022, 192 p.

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